18 01 16

Je pense qu’un modèle his­to­rique et social sou­cieux de faire vivre les hommes plus vieux grâce à l’aide de la méde­cine, mais indif­fé­rent au fait qu’ils vivent plus mal à cause de ses valeurs, est régres­sif. Ce sont les modèles les plus tena­ce­ment conser­va­teurs qui se drapent inlas­sa­ble­ment dans le man­teau de gloire pro­gres­siste. Qu’ils le fassent armés de la science est le signe d’une forme super­sti­tieuse de rap­port à la quid­di­té : les radi­ca­li­sa­tions nor­ma­tives, com­pu­ta­tives, du lan­gage visent à le consi­dé­rer comme com­mu­ni­ca­tion, comme les radi­ca­li­sa­tions com­por­te­men­ta­listes de la psy­cho­lo­gie visent à consi­dé­rer l’homme comme une machine poi­lue. Le terme même de com­mu­ni­ca­tion pour par­ler de lan­gage humain brouille l’esprit de telle manière que le poème pas­se­rait pour une com­mu­ni­ca­tion ratée. Mais c’est la com­mu­ni­ca­tion qui est du lan­gage raté. La com­mu­ni­ca­tion est une petite affaire de dau­phins ou de four­mis qui, effec­ti­ve­ment, se pense dans un dis­po­si­tif « fonc­tion­nel ». Le lan­gage humain est bien autre chose qu’un dis­po­si­tif fonc­tion­nel. C’est une condi­tion d’apparition à la vie.

« Conversation à tra­vers Docilités (entre­tien) »
2010
lien communication langage progrès régression