18 01 16

Wismann, Penser entre les langues

Pour résu­mer, je vois donc trois étapes. La pre­mière, c’est soit Pindare, soit Archiloque. La deuxième : Pindare et Archiloque – Heine, donc. Et la troi­sième : un au-delà de Pindare et d’Archiloque, quelque chose qui évoque la pos­si­bi­li­té de l’une et l’autre poé­sie à tra­vers leur absence, qui est struc­tu­rée par l’ef­fort poé­tique. Comme si le poème conju­rait une chose per­due, une chose absente qui ne peut, sans être pro­fa­née, sans être més­usée, être évo­quée que de cette manière néga­tive et ne pour­ra plus jamais être posi­ti­ve­ment reven­di­quée. Celan ne peut pra­ti­quer l’é­loge comme le fait Rilke, c’est impos­sible dans cette langue alle­mande. Et je pense qu’une des véri­tés ultimes de la poé­sie est constam­ment tra­hie par les poé­sies nos­tal­giques s’ins­pi­rant de Heidegger, et donc du désir de faire par­ler les maîtres… Du Pindare « recuit », en somme. Et c’est là que je trouve, mal­gré leur don indu­bi­table, Char et Bonnefoy tout à fait irri­tants.