16 03 15

PAM 1052 – VITA NUOVA

La Petite Année de la Marchandise se donne pour neu­vième sou­ci la dra­ma­ti­sa­tion des affects, sur le modèle de Vita Nuova (1295, il y a 720 ans, ce qui fait 7+2 = 9).

Vita Nuova (2015) est une ver­sion délayée de l’authopathographie dan­tesque. Elle s’inspire des sen­ti­ments, des ver­tus et des vices dis­po­sés par Dante en canon, dans leur décli­nai­son super­la­tive. En puis­sance. En canon. L’affect en majes­té.

Du canon des affects en puis­sance, ver­tueux ou vicieux mais majes­tueu­se­ment, Vita Nuova (2015) retient la joie et la peine, symètres au gra­dient, sans paliers d’intensité et ain­si sans décom­pres­sion.

L’intensification adjec­tive, en alle­mand Steigerung, qui ouvre aux joies et aux peines des com­pa­ra­tifs et super­la­tifs, est l’objet d’une blague en alle­mand qui pro­pose une inten­si­fi­ca­tion fan­tai­siste pour l’adjectif “impo­sant” : im Po Sand [pro­non­cé comme “impo­sant”, donc], im Hintern Steine, im Arsch Geröll ! (“dans le popo­tin du sable, dans le der­rière de la caillasse, dans le cul de l’éboulis.”)

La Steigerung est, dans Vita Nuova (1295), inexis­tante en tant que pro­gres­sion : l’affectation pré­coce et défi­ni­tive des super­la­tifs à Amour, Bice, Mort, en fait des figures épiques comme cha­cune patron­née par son anto­no­mase (“nobi­lis­si­mo colore / colore bian­chis­si­mo”, “la secre­tis­si­ma came­ra de lo cuore”, “gio­va­nis­si­ma / gen­ti­lis­si­ma / cor­te­sis­si­ma” etc.)

Vita Nuova (2015) est un tra­vail hon­nête où on ne se ment pas (hier wird sich nichts vor­ge­macht), ne se laisse pas se men­tir, demeure hon­nête avec soi-même, self­same mais pris dans un monde fusible sans pro­blèmes d’I/O :

Ici, dans ce monde dou­blé de bourre por­té à même le grand petit moyen corps échan­geur par défaut, mal­gré sa face et ses abats, son connec­teur inter­mit­tent de moins en moins ani­mal, et tout le bor­del de cycles subis (hor­mones, che­veux), com­mence, cycles choi­sis / cycles subis, moyen­nant ses moyens, NOUVELLE VIE.