La Petite Année de la Marchandise se donne pour neuvième souci la dramatisation des affects, sur le modèle de Vita Nuova (1295, il y a 720 ans, ce qui fait 7+2 = 9).
Vita Nuova (2015) est une version délayée de l’authopathographie dantesque. Elle s’inspire des sentiments, des vertus et des vices disposés par Dante en canon, dans leur déclinaison superlative. En puissance. En canon. L’affect en majesté.
Du canon des affects en puissance, vertueux ou vicieux mais majestueusement, Vita Nuova (2015) retient la joie et la peine, symètres au gradient, sans paliers d’intensité et ainsi sans décompression.
L’intensification adjective, en allemand Steigerung, qui ouvre aux joies et aux peines des comparatifs et superlatifs, est l’objet d’une blague en allemand qui propose une intensification fantaisiste pour l’adjectif “imposant” : im Po Sand [prononcé comme “imposant”, donc], im Hintern Steine, im Arsch Geröll ! (“dans le popotin du sable, dans le derrière de la caillasse, dans le cul de l’éboulis.”)
La Steigerung est, dans Vita Nuova (1295), inexistante en tant que progression : l’affectation précoce et définitive des superlatifs à Amour, Bice, Mort, en fait des figures épiques comme chacune patronnée par son antonomase (“nobilissimo colore / colore bianchissimo”, “la secretissima camera de lo cuore”, “giovanissima / gentilissima / cortesissima” etc.)
Vita Nuova (2015) est un travail honnête où on ne se ment pas (hier wird sich nichts vorgemacht), ne se laisse pas se mentir, demeure honnête avec soi-même, selfsame mais pris dans un monde fusible sans problèmes d’I/O :
Ici, dans ce monde doublé de bourre porté à même le grand petit moyen corps échangeur par défaut, malgré sa face et ses abats, son connecteur intermittent de moins en moins animal, et tout le bordel de cycles subis (hormones, cheveux), commence, cycles choisis / cycles subis, moyennant ses moyens, NOUVELLE VIE.