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Mais après avoir ain­si expo­sé la moti­va­tion mani­feste de cette figure du « double », nous sommes for­cés de nous avouer que rien de tout ce que nous avons dit ne nous explique le degré extra­or­di­naire d’in­quié­tante étran­ge­té qui lui est propre. Notre connais­sance des pro­ces­sus psy­chiques patho­lo­giques nous per­met même d’a­jou­ter que rien de ce que nous avons trou­vé ne sau­rait expli­quer l’ef­fort de défense qui pro­jette le double hors du mot comme quelque chose d’é­tran­ger. Ainsi le carac­tère d’in­quié­tante étran­ge­té inhé­rent au double ne peut pro­ve­nir que de ce fait : le double est une for­ma­tion appar­te­nant aux temps psy­chiques pri­mi­tifs, temps dépas­sés où il devait sans doute alors avoir un sens plus bien­veillant. Le double s’est trans­for­mé en image d’é­pou­vante à la façon dont les dieux, après la chute de la reli­gion à laquelle ils appar­te­naient, sont deve­nus des démons. (Heine, Die Götter in Exil, Les dieux en exil.)

« L’inquiétante étran­ge­té »
[« Das Unheimliche », 1919]
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