19 01 16

Hocquard, ma haie

Pour échap­per à la moro­si­té ambiante, on va pui­ser, dans le voca­bu­laire, des mots-refuges pour dorer la pilule. À ce compte-là, pour­quoi ne pas dire onde pour eau, vais­seau pour bateau, cour­roux pour colère, nues pour nuages, flots pour mer, ondée pour averse, fra­grance pour odeur, des­trier pour che­val, orée pour bord, appas pour charme, des­sein pour pro­jet, etc. Bref, tout ce maquillage idéa­liste qui rend la cam­pagne si jolie aux yeux des bour­geois en mal de poé­sie. Toute cette hypo­cri­sie contre laquelle s’étaient déjà bat­tus les Baudelaire et Flaubert d’autrefois. Aujourd’hui, le recours à ces valeurs fan­tas­ma­tiques appa­raît clai­re­ment comme des impasses du lan­gage et une régres­sion de la pen­sée. Ce serait, en lit­té­ra­ture, l’équivalent de Philippe de Villiers en poli­tique.

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« Les Dernières Nouvelles de la Cabane, bul­le­tin du 11 avril 1998 » ma haie
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p. 440–441