Le bilan sévère du projet ne fait que faciliter la reconnaissance de la solution, qui m’aveugle, comme étant l’unique possible, et me force à en accepter les conséquences pratiques, puisqu’il n’y a rien d’autre à faire, puisque je ne peux pas continuer comme avant, attendre que tout se mette en place de soi-même. Si je reviens, mentalement, en arrière, si je me dis, dramatiquement : « Je n’ai rien fait ! », c’est que je viens de découvrir ce qu’il faut faire pour faire, et ainsi je suis sûr de n’avoir pas d’autres choix, à moins de renoncer. Et renoncer, c’est me retrouver au moment initial, d’avant le Projet et le rêve, devant un jugement de nullité de ma vie, de toute vie. J’anime, en somme, devant mes propres yeux, le spectre de la mélancolie. Ce qui est tout autre chose, je le sais d’expérience, qu’éprouver la mélancolie elle-même.
19 01 16