19 01 16

Roubaud, Le grand incendie de Londres

Le bilan sévère du pro­jet ne fait que faci­li­ter la recon­nais­sance de la solu­tion, qui m’a­veugle, comme étant l’u­nique pos­sible, et me force à en accep­ter les consé­quences pra­tiques, puis­qu’il n’y a rien d’autre à faire, puisque je ne peux pas conti­nuer comme avant, attendre que tout se mette en place de soi-même. Si je reviens, men­ta­le­ment, en arrière, si je me dis, dra­ma­ti­que­ment : « Je n’ai rien fait ! », c’est que je viens de décou­vrir ce qu’il faut faire pour faire, et ain­si je suis sûr de n’a­voir pas d’autres choix, à moins de renon­cer. Et renon­cer, c’est me retrou­ver au moment ini­tial, d’a­vant le Projet et le rêve, devant un juge­ment de nul­li­té de ma vie, de toute vie. J’anime, en somme, devant mes propres yeux, le spectre de la mélan­co­lie. Ce qui est tout autre chose, je le sais d’ex­pé­rience, qu’é­prou­ver la mélan­co­lie elle-même.

, ,
chap. 2  : « La chaîne »
, , ,
p. 53