J’ai connu autrefois à Tanger un personnage sympathique et fantasque qui pratiquait le métier peu commun de renfloueur d’épaves. Lorsqu’un bateau avait fait naufrage, il était le premier à proposer ses services aux armateurs et aux compagnies d’assurance. Son travail était lucratif mais délicat. Il exigeait surtout de la célérité car si l’on tarde à repêcher une épave, elle fait sa souille. Autrement dit, elle s’enfonce dans la vase ou le sable du fond et y adhère à la manière d’une ventouse. Il n’est dès lors plus possible de l’en arracher. Un jour, sans doute, ce personnage estima-t-il qu’il était en train de faire sa souille dans les épaves, car il s’embarqua sur un paquebot en partance pour la France où il ne débarqua jamais. Il s’était volatilisé au cours de la traversée et fut porté disparu.
19 01 16