19 01 16

Hocquard, ma haie

J’ai connu autre­fois à Tanger un per­son­nage sym­pa­thique et fan­tasque qui pra­ti­quait le métier peu com­mun de ren­floueur d’é­paves. Lorsqu’un bateau avait fait nau­frage, il était le pre­mier à pro­po­ser ses ser­vices aux arma­teurs et aux com­pa­gnies d’as­su­rance. Son tra­vail était lucra­tif mais déli­cat. Il exi­geait sur­tout de la célé­ri­té car si l’on tarde à repê­cher une épave, elle fait sa souille. Autrement dit, elle s’en­fonce dans la vase ou le sable du fond et y adhère à la manière d’une ven­touse. Il n’est dès lors plus pos­sible de l’en arra­cher. Un jour, sans doute, ce per­son­nage esti­ma-t-il qu’il était en train de faire sa souille dans les épaves, car il s’embarqua sur un paque­bot en par­tance pour la France où il ne débar­qua jamais. Il s’é­tait vola­ti­li­sé au cours de la tra­ver­sée et fut por­té dis­pa­ru.

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« La biblio­thèque de Trieste » ma haie
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p. 20