19 01 16

Noël, L’outrage aux mots

L’ordre moral est moins obtus qu’on ne serait ten­té de le croire. L’ordre moral, c’est l’ordre de l’es­prit. Il peut fort bien se ser­vir de ce qui, appa­rem­ment, le conteste l’é­ro­tisme, par exemple. L’érotisme n’est pas un retour au corps, il n’est qu’une inten­si­fi­ca­tion nar­cis­sique de son image. Et cette image cen­sure, dans le corps, tout ce qui est orga­nique, tout ce qui est phy­sique. On n’a jamais autant mon­tré de corps, et ceux-ci n’ont jamais été aus­si peu des corps. Ce sont des objets, tou­jours neufs, tou­jours beaux, qui pau­pé­risent éga­le­ment le désir en le sty­li­sant. Quand l’ordre moral montre son cul ou ses poils, pas de pro­blème, c’est encore l’i­déa­li­té qu’il nous montre.

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« L’outrage aux mots » L’outrage aux mots [« L’outrage aux mots », in Le châ­teau de Cène, Pauvert, 1975]
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