19 01 16

Noël, Le sens et la sensure

Notre époque se pré­tend celle des moyens de com­mu­ni­ca­tion, c’est un abus de lan­gage. Les moyens de com­mu­ni­ca­tion sont théo­ri­que­ment fon­dés sur l’ab­sence de cen­sure. La liber­té d’in­for­ma­tion est leur cri­tère. En réa­li­té, l’in­fla­tion des nou­velles ruine toue la mise en pers­pec­tive de l’in­for­ma­tion : tout y devient égal, et bien­tôt éga­le­ment indif­fé­rent Ainsi se pro­duit un glis­se­ment bien plus habile que l’an­cienne cen­sure, car on ne le repère pas sur le moment même. Pour dési­gner ce tour de passe-passe, j’ai fabri­qué le mot SENSURE avec un S à la place du C ini­tial. Cette Sensure exprime la pri­va­tion de sens, mani­pu­la­tion sub­tile qui dégrade imper­cep­ti­ble­ment la com­mu­ni­ca­tion.

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« Littérature et com­mu­ni­ca­tion » Le sens et la sen­sure [1985]
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 : L’outrage aux mots
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p. 172