16 01 16

Deleuze, Dialogue

Cette géni­ta­li­té dont parle Freud, où on passe des pul­sions par­tielles dans un par­cours répu­té nor­mal, de l’é­tat per­vers poly­morphe de l’en­fant jus­qu’à la géni­ta­li­té … En fait, c’est Freud lui-même qui nous a don­né le maté­riel pour pen­ser cela non pas comme un par­cours nor­mal, mais comme une espèce de conflit, de lutte, pour obte­nir un corps géni­tal éro­tique. En fait, ce corps éro­tique géni­tal, c’est celui qui est exi­gé par la repro­duc­tion, c’est à dire par l’ins­tance capi­ta­liste pour notre socié­té. Freud nous donne encore les moyens de pen­ser ce qu’est la jouis­sance, en tant qu’elle échappe à cela, et il nous donne à le pen­ser sous le nom de pul­sion de mort. Ce qui veut dire que, dans la jouis­sance, il y a tou­jours une com­po­sante de régime par laquelle il y a jus­te­ment une sorte d’« excès de jouis­sance », comme dit Nietzsche. Il y a, en somme, dépense d’éner­gie d’une forme qui était celle du ger­men, dans une forme per­due, disons cha­leur, si vous vou­lez, sperme dans l’a­nus, sperme sur la terre ; forme dégra­dée, irre­ver­sible. Déchets, pol­lu­tion. Avec la per­ver­sion, on a l’é­vi­dence de l’autre chose de la jouis­sance, qui, jus­te­ment, n’est pas éro­tique au sens de la cir­cu­la­tion de l’éner­gie dans des formes qui sont, en défi­ni­tive, répu­tées tou­jours com­mu­tables, mais au contraire, par rap­port à ce cir­cuit là, les moments où ça sort, où c’est la consu­ma­tion, et où, donc, ça ne revient pas. Ce n’est plus du reve­nu.