Chaque fois que la philosophie croit pouvoir abolir, par des emprunts à la poésie, la pensée objectivante et son histoire, ce que la terminologie habituelle nomme l’antithèse du sujet et de l’objet, espérant même que l’être lui-même pourrait parler dans une poésie préfabriquée à partir de Parménide et de Jungnickel, elle se rapproche de ce bavardage culturel éculé. Avec une malice paysanne déguisée en langage de l’origine, elle se refuse à respecter les exigences de la pensée conceptuelle auxquelles elle a pourtant souscrit, dès lors qu’elle utilisait des concepts dans l’affirmation et le justement ; en même temps, son élément esthétique reste de seconde main, c sont de pâles réminiscences culturelles de Hölderlin… […] La violence que l’image et le concept se font subir réciproquement donne naissance à ce jargon de l’authenticité, où les mots frémissent d’émotion, sans pour autant dire ce qui les émeut.
02 04 16
Adorno, Notes sur la littérature
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trad.
Sibylle Muller
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p. 9