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Adorno, Notes sur la littérature

L’essai est à la fois plus ouvert et plus fer­mé qu’il ne plaît à la pen­sée tra­di­tion­nelle. Il est plus ouvert dans la mesure où sa dis­po­si­tion propre nie le sys­tème et où il répond d’au­tant mieux à ses propres exi­gences qu’il s’y tient plus rigou­reu­se­ment ; les rési­dus sys­té­ma­tiques de cer­tains essais, comme par exemple l’in­fil­tra­tion d’é­tudes lit­té­raires par des phi­lo­so­phèmes lar­ge­ment répan­dus, accep­tés tels quels, ne valent guère mieux que des tri­via­li­tés psy­cho­lo­giques. Mais l’es­sai est plus fer­mé, parce qu’il tra­vaille de façon empha­tique à la forme de la pré­sen­ta­tion. La conscience de la non-iden­ti­té de la pré­sen­ta­tion et de la chose la contraint à un effort sans limites.

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« L’essai comme forme » Notes sur la lit­té­ra­ture [1954–1958]
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trad.  Sibylle Muller
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p. 22