21 08 16

Le soleil entrait de toutes parts dans la chambre, car il n’était que trois heures de l’après-midi, et ses larges rayons étaient bleus, parce qu’ils tra­ver­saient de grands rideaux de soie de cette cou­leur. Il y avait quatre fenêtres très hautes et quatre rayons très longs ; cha­cun de ces rayons for­mait comme une échelle de Jacob dans laquelle tour­billon­naient des grains de pous­sière dorée, qui res­sem­blaient à des myriades d’esprits célestes mon­tant et des­cen­dant avec une rapi­di­té incal­cu­lable, sans que le moindre cou­rant d’air se fît sen­tir dans l’appartement le mieux tapis­sé et le mieux rem­bour­ré qui fût jamais. La plus haute pointe de l’échelle de chaque rayon bleu était appuyée sur les franges du rideau, et la large base tom­bait sur la che­mi­née. La che­mi­née était rem­plie d’un grand feu, ce grand feu était appuyé sur de gros che­nets de cuivre doré, repré­sen­tant Pygmalion et Ganimède ; et Ganimède, Pygmalion, les gros che­nets et le grand feu brillaient et étin­ce­laient de flammes toutes rouges dans l’atmosphère céleste des beaux rayons bleus.

Stello ou Les diables bleus [1832]
concaténation