Lorsque plusieurs gamins prirent des instruments percussifs, ils avaient pour référents communs des rythmes « stylisés » à telle ou telle sauce. La cacophonie n’était pas pensée comme cacophonie, et encore moins comme style : nous prenions appui sur des référents stylistiques qui avaient fermentés pour chacun d’entre nous depuis des années à la proximité de multiples sons. Si l’un chantait une chanson pop, les autres la connaissaient et l’avaient aussi comme référent stylistique. La cacophonie nous apparût ainsi dans le rapport que chacun, seul ou en groupes réduits entretenait avec un ensemble de référents stylistiques. Nous assistions, dans ces cacophonies naillacoises, à une inversion de cette logique du style pensé qui va vers la production sonore puis qui vient se loger dans l’oreille en étant identifié comme style musical (cette cacophonie pensée comme style, c’est Dubuffet, les bruitistes ou les plus sympathiques des dumistes… Et là, en terme de réception, cet ensemble de sons que l’on entend pour lui-même, on le perçoit aussi comme « style musical », on le comprend et l’accepte aussi parce qu’il est un « style »). Nous nous sommes dit qu’il y avait là une réversibilité de la logique du style musical.
16 01 16