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Il y a deux sortes d’a­va­rice. L’une est l’a­va­rice archaïque, pas­sion qui ne s’ac­corde rien, ni à soi ni aux autres, dont Molière a immor­ta­li­sé la figure et que Freud a iden­ti­fiée comme carac­tère anal. […] Mais l’a­vare de main­te­nant, c’est celui pour qui rien n’est assez cher quand c’est pour lui et tout est trop cher dès qu’il s’a­git des autres. […] Ce qui le carac­té­rise le plus sûre­ment, c’est sa hâte à « ren­voyer l’as­cen­seur » pour cha­cune des atten­tions dont ils ont béné­fi­cié car il ne faut sur­tout pas lais­ser inter­roöpre la chaîne des échanges où on rentre dans ses frais.

Minima Moralia : réflexions sur la vie muti­lée [Minima Moralia : Reflexionen aus dem bes­chä­dig­ten Leben, 1951]
Eliane Kaufholz & Jean-René Ladmiral
Payot 2003
avarice convenance convention politesse société