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Fonctionnaire de la sou­ve­rai­ne­té ou louan­geur de la noblesse guer­rière, le poète est tou­jours un « Maître de Vérité ». Sa « Vérité » est une « Vérité » asser­to­rique : nul ne la conteste, nul ne la démontre. « Vérité » fon­da­men­ta­le­ment dif­fé­rente de notre concep­tion tra­di­tion­nelle, l’Alètheia n’est pas l’accord de la pro­po­si­tion à son objet [véri­té apo­phan­tique], pas davan­tage l’accord d’un juge­ment avec les autres juge­ments [véri­té judi­ca­toire] ; elle ne s’oppose pas au « men­songe » ; il n’y a pas le « vrai » en face du « faux ». La seule oppo­si­tion signi­fi­ca­tive est celle d’Alètheia et de Lèthè. À ce niveau de pen­sée, si le poète est véri­ta­ble­ment ins­pi­ré, si son verbe se fonde sur un don de voyance, sa parole tend à s’identifier avec la « Vérité ».