07 09 24

Musil, L’homme sans qualités

Quelle drôle d’histoire que l’Histoire ! On pou­vait affir­mer avec cer­ti­tude de tel ou tel évé­ne­ment qu’il avait trou­vé, ou trou­ve­rait cer­tai­ne­ment sa place en elle ; mais que cet évé­ne­ment eût véri­ta­ble­ment eu lieu, cela n’était pas sûr. Car, pour qu’un évé­ne­ment ait lieu, il faut bien aus­si qu’il ait lieu dans une année pré­cise et non pas dans une autre ou pas du tout ; et il faut encore que ce soit bien lui qui ait lieu, et non pas un évé­ne­ment ana­logue ou tout à fait iden­tique.

Welche son­der­bare Angelegenheit ist doch Geschichte ! Es ließ sich mit Sicherheit von dem und jenem Geschehnis behaup­ten, daß es sei­nen Platz in ihr inz­wi­schen schon gefun­den hatte oder bes­timmt noch fin­den werde ; aber ob dieses Geschehnis übe­rhaupt statt­ge­fun­den hatte, das war nicht sicher. Denn zum Stattfinden gehört doch auch, daß etwas in einem bes­timm­ten Jahr und nicht in einem ande­ren oder gar nicht statt­fin­det ; und es gehört dazu, daß es selbst statt­fin­det und nicht am Ende bloß etwas Ähnliches oder sei­nes­glei­chen.

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t. 1
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chap. 83  : « Toujours la même his­toire, ou : Pourquoi n’invente-t-on pas l’Histoire ? »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 452