De nos jours, on fait comme si le nationalisme n’était qu’une invention des fabricants d’armes, mais cela ne devrait pas nous empêcher de risquer une fois une explication plus large : et la Cacanie fournirait à une telle tentation une contribution importante. Les habitants de cette double monarchie, impériale-et-royale et impériale-royale, se trouvaient devant une tâche difficile : ils devaient se considérer comme des patriotes impérialement et royalement austro-hongrois, mais en même temps comme des patriotes royalement hongrois ou impérialement-royalement autrichiens. Devant de telles difficultés, on comprendra que leur devise fût : « Toutes forces unies ! » Autrement dit : Viribus unitis. Mais, pour cela, les Autrichiens avaient besoin de forces beaucoup plus grandes que les Hongrois. Car les Hongrois, une fois pour toutes, n’étaient que hongrois, et ce n’est qu’accessoirement qu’ils passaient aussi, aux yeux de ceux qui ne comprenaient pas leur langue, pour des Austro-Hongrois ; les Autrichiens, en revanche, n’étaient, à l’origine, rien du tout, et leurs autorités voulaient qu’ils se sentissent également austro-hongrois ou autrichiens-hongrois (il n’y avait même pas de mot exact pour dire la chose). D’ailleurs, il n’y avait pas d’Autriche du tout. Les deux parties, Autriche et Hongrie, s’accordaient entre elles comme une veste rouge-blanc-vert et un pantalon jaune et noir ; la veste était une pièce en soi, mais le pantalon n’était que le reste d’un costume jaune et noir qui n’existait plus depuis 1876. Depuis lors, le pantalon Autriche se nommait, dans le langage officiel, « les royaumes et pays représentés à l’Assemblée », ce qui bien entendu n’était plus qu’une formule creuse, un ensemble de noms : car ces royaumes aussi, par exemple ceux, tout shakespeariens, de Lodomérie et d’Illyrie, il y avait longtemps qu’ils n’existaient plus ; même au temps où l’habit jaune et noir était encore complet, ils avaient déjà cessé d’exister. C’est pourquoi, si l’on demandait à un Autrichien ce qu’il était, il ne pouvait évidemment pas répondre : Je suis un membre des « royaumes et pays représentés à l’Assemblée », et qui n’existent pas ; il préférait dire, ne fût-ce que pour cette raison : Je suis polonais, tchèque, italien, frioulien, ladin, slovène, croate, serbe, slovaque, ruthène ou valaque : le prétendu nationalisme, c’était ça. Qu’on se figure un chat-huant qui ne sait pas s’il est un chat ou un hibou, un être qui n’a aucune idée de soi-même, et l’on comprendra que ses propres ailes, en certaines circonstances, puissent lui inspirer une angoisse sans remède. C’était là les relations des Cacaniens entre eux : ils se considéraient les uns les autres avec la peur panique de fragments qui, toutes forces unies, s’empêchent réciproquement d’être quelque chose. Depuis que le monde est monde, il n’est pas un seul être qui soit mort faute de nom ; on n’en a pas moins le droit d’ajouter que c’est ce qui arriva à la double monarchie autrichienne et hongroise et austro-hongroise : elle périt d’être inexprimable.
Man tut heute so, als ob der Nationalismus lediglich eine Erfindung der Armeelieferanten wäre, aber man sollte es auch einmal mit einer erweiterten Erklärung versuchen, und zu einer solchen lieferte Kakanien einen wichtigen Beitrag. Die Bewohner dieser kaiserlich und königlichen kaiserlich königlichen Doppelmonarchie fanden sich vor eine schwere Aufgabe gestellt ; sie hatten sich als kaiserlich und königlich österreichisch-ungarische Patrioten zu fühlen, zugleich aber auch als königlich ungarische oder kaiserlich königlich österreichische. Ihr begreiflicher Wahlspruch angesichts solcher Schwierigkeiten war »Mit vereinten Kräften!« Das hieß viribus unitis. Die Österreicher brauchten aber dazu weit größere Kräfte als die Ungarn. Denn die Ungarn waren zuerst und zuletzt nur Ungarn, und bloß nebenbei galten sie bei anderen Leuten, die ihre Sprache nicht verstanden, auch für Österreich-Ungarn ; die Österreicher dagegen waren zuerst und ursprünglich nichts und sollten sich nach Ansicht ihrer Oberen gleich als Österreich-Ungarn oder Österreicher-Ungarn fühlen, – es gab nicht einmal ein richtiges Wort dafür. Es gab auch Österreich nicht. Die beiden Teile Ungarn und Österreich paßten zu einander wie eine rot-weiß-grüne Jacke zu einer schwarz-gelben Hose ; die Jacke war ein Stück für sich, die Hose aber war der Rest eines nicht mehr bestehenden schwarz-gelben Anzugs, der im Jahre achtzehnhundertsiebenundsechzig zertrennt worden war. Die Hose Österreich hieß seither in der amtlichen Sprache »Die im Reichsrate vertretenen Königreiche und Länder«, was natürlich gar nichts bedeutete und ein Name aus Namen war, denn auch diese Königreiche, zum Beispiel die ganz Shakespeareschen Königreiche Lodomerien und Illyrien gab es längst nicht mehr und hatte es schon damals nicht mehr gegeben, als noch ein ganzer schwarz-gelber Anzug vorhanden war. Fragte man darum einen Österreicher, was er sei, so konnte er natürlich nicht antworten : Ich bin einer aus den im Reichsrate vertretenen Königreichen und Ländern, die es nicht gibt, – und er zog es schon aus diesem Grunde vor, zu sagen : Ich bin ein Pole, Tscheche, Italiener, Friauler, Ladiner, Slowene, Kroate, Serbe, Slowake, Ruthene oder Wallache, und das war der sogenannte Nationalismus. Man stelle sich ein Eichhörnchen vor, das nicht weiß, ob es ein Eichhorn oder eine Eichkatze ist, ein Wesen, das keinen Begriff von sich hat, so wird man verstehn, daß es unter Umständen vor seinem eigenen Schwanz eine heillose Angst bekommen kann ; in solchem Verhältnis zu einander befanden sich aber die Kakanier und betrachteten sich mit dem panischen Schreck von Gliedern, die einander mit vereinten Kräften hindern, etwas zu sein. Seit Bestehen der Erde ist noch kein Wesen an einem Sprachfehler gestorben, aber man muß wohl hinzufügen, der österreichischen und ungarischen österreichisch-ungarischen Doppelmonarchie widerfuhr es trotzdem, daß sie an ihrer Unaussprechlichkeit zugrunde gegangen ist.