Il ne s’était strictement rien passé en Cacanie, et l’on eût pensé naguère que ce rien, c’était la discrétion même de la vieille culture cacanienne ; mais maintenant, ce rien était aussi inquiétant que le fait de ne pas pouvoir dormir ou de ne pas réussir à comprendre. C’est pourquoi les intellectuels, une fois qu’ils se furent convaincus que les choses se passeraient autrement dans une culture « nationale », n’eurent pas de peine à en convaincre les minorités cacaniennes. C’était une sorte de succédané de religion, d’ersatz pour « le bon Empereur de Vienne » ou, tout simplement, l’explication de ce fait incompréhensible que la semaine comporte sept jours et non huit. Il y a beaucoup de choses incompréhensibles, mais il suffit de chanter son hymne national pour ne plus les sentir.
Es war durchaus nichts in Kakanien geschehen, und früher hätte man gedacht, das sei eben die alte, unauffällige kakanische Kultur, aber dieses Nichts war jetzt so beunruhigend wie Nichtschlafenkönnen oder Nichtverstehenkönnen. Und darum hatten es die Intellektuellen leicht, nachdem sie sich eingeredet hatten, das werde in einer nationalen Kultur anders sein, auch die kakanischen Völker davon zu überzeugen. Das war nun eine Art Religionsersatz oder ein Ersatz für den guten Kaiser in Wien oder einfach eine Erklärung der unverständlichen Tatsache, daß die Woche sieben Tage hat. Denn es gibt viele unerklärliche Dinge, aber wenn man seine Nationalhymne singt, so fühlt man sie nicht.