There is no super­io­ri­ty in making things or in re-making things. It’s like eve­ry­thing else, old men who go fishing, hair exten­sions, nail art, indi­vi­dual false eye­lashes glued on with semi-per­ma­nent glue, sewing clothes and re-sewing clothes, sket­ching, sket­ching ani­mals, sket­ching human faces, sket­ching flo­wers, gro­wing flo­wers, flo­wers, flo­wers that might even be mari­golds and petu­nias, per­fume that smells like par­ty girls, per­fume that smells like dowa­gers, per­fume that does not smell like flo­wers or more like flo­wers mixed with the urine of jungle ani­mals and some tobac­co smoke, per­fume that does not smell like men, one faux-Chanel ear­ring, sun­glasses resem­bling those of RAF lea­der Ulrike Meinhof, hair pin­ned up on one side, purses that are not real, pockets on dresses and skirts, dresses and skirts, blouses without but­tons, limi­ting each type of pos­ses­sion to one old suit­case full of that type of pos­ses­sion, track suits with rhi­nes­tones, zip up one­sie track suits, plump women, fat chil­dren, fat dogs, slen­der men, pho­tos of Angelica Houston, the cra­cked dir­ty swim­ming pools of low-rent apart­ment com­plexes, bleach-hai­red boys smo­king dope against the chain-link fence, the wor­kers wal­king to their strip mall jobs, the strip malls, the dumps­ters behind the strip malls, the karaoke nights in the bars in the strip malls, phy­sique trai­ning, hyper­tro­phy, very hea­vy weights, Juicy Stacey, Toy Selectah, eve­ry apart­ment com­plex having its own ducks, waking each spring mor­ning to those ducks, the sta­te­less state of contract labor, the invi­sible iv also the invi­sible cathe­ter, eve­ryone hug­ging the duct tape repli­ca like star­ving lit­tle rhe­sus mon­keys, eve­ry­thing in the eve­ry­thing like “there is no world but the world!”

,
« No world but the world » Garments against women
, , ,
p. 20

Other things that cause dis­com­fort : people picking through the trash for their food. There are those who want “only the best” and those who believe only-the-best is immo­ral. I would talk about these two impulses, one for com­fort, the other for jus­tice, and how one appears ani­mal, the other not that ani­mal at all, for what dog says of her lit­ter, “It is not only my own that should have my milk, but I will suckle the world”? I would like to meet that dog. I am the dog who can never be hap­py because I am ima­gi­ning the unhap­pi­ness of other dogs.

,
« The inno­cent ques­tion » Garments against women
, , ,
p. 13

Some people believe to know the fin is to know a shark, but this is an incor­rect belief. The fin is not a fin of a shark at all though it is a repro­duc­tion shark fin strap­ped on a boy’s back, and the boy with the repro­duc­tion fin does very much want to be a shark, wishes it a great deal, dreams some nights of being a shark in a great fleet of sharks in some unex­plo­red sea where sharks are in fleets and somew­hat even more power­ful that the sharks of the day­time world have shark banks full of money and min­nows. One could be, also, a per­son with a fabu­lous mal­for­ma­tion of a shark fin on her back, who says often “please excuse the fin” but others look at it and say, “look at that grand shark with that awe­some fin” when she is, under­neath the fin, a per­son who is fond of pee­ling car­rots for soup and a per­son who could other­wise just not help the fin that for­tune dealt her. Some could be real sharks, the fin an ade­quate repre­sen­ta­tion of shark­ly rea­li­ty : that’s just the deal.

,
« The inno­cent ques­tion » Garments against women
, , ,
p. 7

Nous avons dan­sé ensemble toutes les figures que l’on peut ima­gi­ner : pas­sion, ten­dresse, folie, tra­hi­son, colère, gro­tesque, ennui, amour, men­songes, joie, nais­sances, coup de ton­nerre, clair de lunes, meubles, articles ména­gers, jalou­sies grands lits, lits étroits, adul­tères, dépas­se­ments des limites, bonne foi – et encore -, larmes, éro­tisme, rien qu’é­ro­tisme, catas­trophes, triomphes, contra­rié­tés, injures, bagarres, angoisse, angoisse, désir, ovules, sperme, mens­trues, départs, slips – et encore –, mieux vaut en finir avant que ça ne déraille – impuis­sance, lubri­ci­té, hor­reur, approche de la Mort, la Mort, nuits noires, nuits d’in­som­nie, nuits blanches, musique, petits déjeu­ners, des seins, des lèvres, des images, tourne-toi vers la camé­ra et regarde ma main, je la tiens à droite de la bro­chure, peau, chien, les rituels, le canard brai­sé, le bif­teck de baleine, les huître abî­mées, tri­che­ries, cachot­te­ries, viols, beaux habits, bijoux, attou­che­ments, bai­sers, épaules, hanches, lumière étran­gère, rues, villes, rivales, séduc­teurs, des che­veux dans le peigne, les longues lettres, les expli­ca­tions, tous les rires, le vieillis­se­ment, les ennuis de san­té, les lunettes, les mains, les mains, les mains – voi­ci que je ter­mine ma lita­nie –, les ombres, la dou­ceur, je t’aide, la côte à l’ho­ri­zon, la mer – et main­te­nant, le silence.

, ,
trad.  Lucie Albertini
, , ,
p. 303

Le plus dur, c’est l’heure du loup, entre trois et cinq heures. Quand viennent les démons : les regrets, l’en­nui, la peur, le malaise, la fureur. Ça ne sert à rien d’es­sayer de les endi­guer, ça devient encore pire. Quand mes yeux sont fati­gués de lire, j’ai la musique. Je ferme les yeux et je donne libre cours aux démons : venez, je vous connais, je sais com­ment vous fonc­tion­nez, allez‑y jus­qu’à ce que vous en ayez assez, je ne résiste pas. Les démons deviennent alors de plus en plus rageurs et au bout d’un moment, le fond cède, ils se montrent ridi­cules, ils dis­pa­raissent et je m’en­dors pour une heure ou deux.

, ,
trad.  Lucie Albertini
, , ,
p. 262

En géné­ral, les gens vont et viennent comme autant de sym­pho­nies d’o­deurs : poudre, par­fum, savon au gou­dron, urine, sexe, sueur, pom­made, crasse, relents de cui­sine. Certains sentent l’être humain en géné­ral.

Nous nous ennuyons dans la ville, il n’y a plus de temple du soleil. Entre les jambes des pas­santes les dadaïstes auraient vou­lu trou­ver une clef à molette, et les sur­réa­listes une coupe de cris­tal, c’est per­du. Nous savons lire sur les visages toutes les pro­messes, der­nier état de la mor­pho­lo­gie. La poé­sie des affiches a duré vingt ans. Nous nous ennuyons dans la ville, il faut se fati­guer sale­ment pour décou­vrir encore des mys­tères sur les pan­cartes de la voie publique, der­nier état de l’humour et de la poé­sie :

Bain-Douches des Patriarches
Machines à tran­cher les viandes
Zoo Notre-Dame
Pharmacie des Sports
Alimentation des Martyrs
Béton trans­lu­cide
Scierie Main‑d’or
Centre de récu­pé­ra­tion fonc­tion­nelle
Ambulance Sainte-Anne
Cinquième ave­nue café
Rue des Volontaires Prolongée
Pension de famille dans le jar­din
Hôtel des Étrangers
Rue Sauvage

Et la pis­cine de la rue des Fillettes. Et le com­mis­sa­riat de police de la rue du Rendez-vous. La cli­nique médi­co-chi­rur­gi­cale et le bureau de pla­ce­ment gra­tuit du quai des Orfèvres. Les fleurs arti­fi­cielles de la rue du Soleil. L’hôtel des Caves du Château, le bar de l’Océan et le café du Va et Vient. L’hôtel de l’Époque.

Et l’étrange sta­tue du Docteur Philippe Pinel, bien­fai­teur des alié­nés, dans les der­niers soirs de l’été. Explorer Paris.

Et toi oubliée, tes sou­ve­nirs rava­gés par toutes les conster­na­tions de la map­pe­monde, échouée au Caves Rouges de Pali-Kao, sans musique et sans géo­gra­phie, ne par­tant plus pour l’hacienda où les racines pensent à l’enfant et où le vin s’achève en fables de calen­drier. Maintenant c’est joué. L’hacienda, tu ne la ver­ras pas. Elle n’existe pas.

Il faut construire l’hacienda.

,
« Formulaire pour un urba­nisme nou­veau » Écrits retrou­vés
, , ,
p. 7–8

En effet, Dieu n’aurait pas créé un seul ange, que dis-je ? un seul homme dont il aurait pré­vu la cor­rup­tion, s’il n’avait su en même temps com­ment il ferait tour­ner ce mal à l’avantage des justes et relè­ve­rait la beau­té de l’univers par l’opposition des contraires, comme on embel­lit un poëme par les anti­thèses.

Ainsi donc, plus une forme est pure, plus elle a de lumière et plus elle est belle et donc par­ti­cipe de la « Beauté iné­nar­rable » de ce qui est essen­tiel­le­ment lumière. En revanche, plus une forme est « ombrée par la matière », plus elle est « dif­forme » ou « laide », ou si l’on pré­fère, moins elle est forme. L’intellect agent qui dépouille dans les corps la forme de la matière ramène donc la lumière à la Lumière. Il accom­plit ain­si la des­ti­née de la Lumière en accom­plis­sant sa nature même d’in­tel­lect.

,
« Ulrich de Strasbourg » La mys­tique rhé­nane
, , ,
p. 143