La parole magico-religieuse n’est pas soumise à la temporalité ». « À aucun moment, la parole du poète ne cherche l’accord des auditeurs, l’assentiment du groupe social ; celle du roi de justice pas davantage : elle se déploie avec la majesté d’une parole oraculaire ; elle ne vise pas à établir dans le temps un de ces enchaînements de mots qui tirent leur force de l’approbation ou de la contestation des autres hommes. Dans la mesure où la parole magico-religieuse transcende le temps des hommes, elle transcende aussi les hommes : elle n’est pas la manifestation d’une volonté ou d’une pensée individuelle, elle n’est pas l’expression d’un agent, d’un moi. La parole magico-religieuse déborde l’homme de toutes parts : elle est l’attribut, le privilège d’une fonction sociale.
23 11 16