[L]a solution d’un problème intellectuel, c’est un peu comme quand un chien tenant un bâton dans sa gueule essaie de passer par une étroite ouverture ; il tourne la tête de droite et de gauche jusqu’à ce qu’enfin le bâton glisse au travers ; nous agissons exactement de même, avec la seule différence que nous n’allons pas tout à fait au hasard, mais que nous savons plus ou moins, par habitude, comment nous y prendre. Et s’il est naturel qu’une tête pleine ait plus d’habileté et d’expérience à se mouvoir ainsi qu’une tête vide, le glissement au travers de la porte ne lui en paraît pas moins surprenant ; on y est tout d’un coup, et l’on peut percevoir très distinctement en soi une légère stupeur en constatant que les pensées, loin d’attendre leur auteur, se sont bel et bien faites toutes seules. Ce sentiment de stupeur légère, beaucoup de gens, de nos jours, l’ont baptisé « intuition », après l’avoir appelé « inspiration », et croient y voir quelque chose de supra-personnel, alors que c’est simplement quelque chose d’impersonnel, à savoir l’affinité et l’homogénéité des choses mêmes qui se rencontrent dans un cerveau.
Meilleur est ce cerveau, moins visibles sont ses actes. C’est pourquoi l’acte de penser, tant qu’il se prolonge, est un état proprement lamentable, une sorte de colique de toutes les circonvolutions du cerveau ; mais lorsqu’il est achevé, il a déjà perdu la forme du penser, sous laquelle il est vécu, pour prendre celle de la chose pensée ; et cette forme est, hélas, impersonnelle, car la pensée est alors tournée vers l’extérieur et destinée à la communication. Il est pour ainsi dire impossible, lorsqu’un homme pense, d’attraper le moment où il passe du personnel à l’impersonnel, et c’est évidemment pourquoi les penseurs donnent aux écrivains de tels soucis que ceux-ci préfèrent éviter ce genre de personnages.
In anderer Hinsicht wieder vollzieht sich die Lösung einer geistigen Aufgabe nicht viel anders, wie wenn ein Hund, der einen Stock im Maul trägt, durch eine schmale Tür will ; er dreht dann den Kopf solange links und rechts, bis der Stock hindurchrutscht, und ganz ähnlich tun wir’s, bloß mit dem Unterschied, daß wir nicht ganz wahllos darauf los versuchen, sondern schon durch Erfahrung ungefähr wissen, wie man es zu machen hat. Und wenn ein kluger Kopf natürlich auch weit mehr Geschick und Erfahrung in den Drehungen hat als ein dummer, so kommt das Durchrutschen doch auch für ihn überraschend, es ist mit einemmal da, und man kann ganz deutlich ein leicht verdutztes Gefühl darüber in sich wahrnehmen, daß sich die Gedanken selbst gemacht haben, statt auf ihren Urheber zu warten. Dieses verdutzte Gefühl nennen viele Leute heutigentags Intuition, nachdem man es früher auch Inspiration genannt hat, und glauben etwas Überpersönliches darin sehen zu müssen ; es ist aber nur etwas Unpersönliches, nämlich die Affinität und Zusammengehörigkeit der Sachen selbst, die in einem Kopf zusammentreffen.
Je besser der Kopf, desto weniger ist dabei von ihm wahrzunehmen. Darum ist das Denken, solange es nicht fertig ist, eigentlich ein ganz jämmerlicher Zustand, ähnlich einer Kolik sämtlicher Gehirnwindungen, und wenn es fertig ist, hat es schon nicht mehr die Form des Gedankens, in der man es erlebt, sondern bereits die des Gedachten, und das ist leider eine unpersönliche, denn der Gedanke ist dann nach außen gewandt und für die Mitteilung an die Welt hergerichtet. Man kann sozusagen, wenn ein Mensch denkt, nicht den Moment zwischen dem Persönlichen und dem Unpersönlichen erwischen, und darum ist offenbar das Denken eine solche Verlegenheit für die Schriftsteller, daß sie es gern vermeiden.