
TapTapSee est une application pour aveugles qui décrit les photos prises par un téléphone dans le but d’en identifier les objets. Instrument d’enquête forensique, TapTapSee, peut-être parce que ses énoncés semblent mal traduits de l’anglais, a une prédilection pour l’article défini par lequel les objets sont pris sous le joug du régime de la preuve. Et pour cause : un feu de joie est volontiers appréhendé dans les termes du traitement médiatique de la catastrophe (l’homme et la femme sur le lieu d’incendie) – et quand ça n’est pas le cas, la traduction littérale de l’anglais est proprement catastrophique (les personnes ayant feu pendant la nuit).
La suspicion s’étend aux sujets de ces photos ; TapTapSee les appelle « personne » (personne détenant instrument à cordes ; pointage sur autre personne à proximité lave-linge), terme d’aspect plus neutre que l’individu des rapports policiers, mais terme historique de la procédure judiciaire constituant l’unité du comptable (du recensable et du responsable à la fois) et justifiant – moins sur le modèle hypostatique que sur celui d’un sujet superhub, plate-forme d’attributions diverses – le discret administratif et pénal à l’âge du libre-arbitre1.
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- Sur la « personnification du sujet », la théorie lockéenne de la personne et ce que l’auteur appelle « attributivisme* », cf. Alain De Libera, Archéologie Du Sujet, vol. II, particulièrement le chapitre 5 : « Identité judiciaire et subjectivation ». ↩













