Si vous examinez le reste de la même manière, vous verrez que les royaumes et les provinces sont mélancoliques, que les cités et les familles, toutes créatures, végétales, sensibles ou raisonnables, que toutes les espèces, sectes, ères, conditions sont désaccordées […]
Citations
Et, comme le grand capitaine Zisca voulait qu’après sa mort on fît un tambour de sa peau, parce qu’il pensait qu’à son seul bruit ses ennemis s’enfuiraient, je ne doute point que les lignes qui suivent, lorsqu’elles seront lues en lecture publique ou privée plus tard, éloigneront la mélancolie (même lorsque je ne serai plus là) autant que le tambour de Zisca pouvait faire fuir ses ennemis. Que je puisse cependant adresser ici un conseil à mon lecteur, présent ou futur, qui serait lui-même atteint de mélancolie : qu’il ne lise pas les symptômes ou les pronostics du traité qui suit, de peur qu’en s’appliquant à lui-même ce qu’il lit, il n’aggrave son cas en prenant pour sa propre personne ce qui est dit en général (ce que font d’ailleurs presque tous les mélancoliques), et qu’ainsi il ne se cause du tourment ou de la peine, se faisant plus de mal que de bien.
Si nous nous querellions, qu’y gagnerions-nous ? Des ennuis et des torts pour nous-mêmes, des quolibets venant des autres. Si l’on me montre mon erreur, je céderai aux arguments, je l’amenderai. Si quis bonis moribus – [si j’ai dit quoi que ce soit de contraire aux bonnes mœurs, ou à la vérité qu’expriment les textes sacrés ou profanes, disons que ce n’est pas de moi. En attendant, je demande une critique bienveillante de toutes les fautes par omission, par défauts de transitions, pléonasmes, tautologies (encore que Sénèque m’y autorise : numquam nimis dicitur – [on ne répète jamais assez ce qu’on a peu l’occasion de dire), non-concordance des temps, fautes d’accords, coquilles, etc. Mes traductions tiennent parfois plus de la paraphrase que du rendu exact du sens, non ad verbum – [non mot pour mot ; mais en auteur qui use de sa liberté, je ne veux retenir que ce qui va servir mon propos. Les citations sont le plus souvent dans le texte, ce qui hache le style, ou à l’occasion dans la marge. Les auteurs grecs, Platon, Plutarque, Athénée, etc., je les ai cités en traduction, parce que l’original n’était pas accessible. J’ai mêlé sacra prophanis –[le sacré avec le profane, mais sans rien profaner, je l’espère, et j’ai cité les noms des auteurs per accidens – [comme ils se présentaient, sans faire cas de la chronologie, des modernes parfois avant des anciens, comme ils me venaient en mémoire.
De même qu’une rivière coule, parfois précipitée et rapide, puis lente et lourde ; ici directe, là per ambages – [par des détours, flot profond qui s’amenuise, d’abord boueux, devenant clair, large devenant étroit ; ainsi coule mon style, d’abord sérieux puis léger, d’abord comique puis satirique ; ici plus élaboré, là plus négligé, selon le sujet que j’aborde ou l’humeur du moment.
Et quant aux autres fautes qu’on m’opposerait, barbarismes, parler dorique, style improvisé, tautologies, imitation servile, rhapsodies de haillons pris dans divers rebuts, restes d’auteurs, marottes, sottises, dévidés à l’avenant, sans art, invention ni jugement, sans esprit ni savoir, texte plein d’aspérité, brut, grossier, extravagant, absurde, insolent, sans discrétion ni composition, mal digéré, vain, vulgaire, sans intérêt, sec et ennuyeux, j’avoue tout cela (c’est en partie voulu). Lecteur, tu ne peux pas avoir de moi une plus piètre idée que moi-même. Rien ici ne vaut la peine d’être lu, j’y consens, je te prie de ne pas perdre ton temps à te pencher sur un si vain sujet. Je serais moi-même tout aussi réticent à lire un tel écrivain, toi ou un autre, ce n’est pas operae pretium – [cela n’en vaut pas la peine. Je ne dirai que ceci : j’ai des précédents, argument qu’Isocrate appelle perfugium – [refuge des pécheurs, qui sont tout aussi absurdes, vains, illettrés, sans intérêt, etc. Nonnulli – d’autres en ont commis autant et plus, et peut-être toi-même, novimus – [nous savons aussi que des gens t’ont vu à l’œuvre, nous avons tous nos défauts, scimus – [je le sais, et j’en revendique le privilège, tu me critiques, j’en ai critiqué d’aucuns, toi-même peut-être bientôt, caedimus – [nous frappons et, à notre tour, etc. C’est lex talionis –[la loi du talion, le juste retour des choses. Donc critique, censure, raille et invective :
Nasutus –[tu peux nous mépriser autant que tu veux, n’être que mépris,
Tu ne pourras attaquer mes pauvres productions plus que je ne le fais.
Ne serais-tu que sarcasmes et invectives, un vrai Momus,
Tu ne saurais dire pis de nous que nous-même.
Si quiconque trouve à redire à la matière ou à la manière dont je traite mon sujet, et m’en demande raison, j’en alléguerai plus d’une. J’écris sur la mélancolie pour éviter la mélancolie. Il n’y a pas plus grande cause de mélancolie que l’oisiveté, pas de meilleur remède que l’activité, selon Rhazès : et bien que stultus labor – [ce soit un sot labeur que de s’occuper à des sottises, cependant le divin Sénèque vous dira qu’il vaut mieux aliud agere – [faire n’importe quoi plutôt que rien, œuvrer sans profit plutôt que de ne rien faire. Je me suis donc activé à cette tâche d’écrire par divertissement, otiosaque diligentia –[avec une diligence tranquille pour éviter la torpeur de l’inaction, comme Vectius dans Macrobe, atque otium utile –[et j’emploierai ainsi mon temps utilement,
Simul et jucunda –
[Dire tout à la fois ce qui dans la vie est agréable et appropriéPlaire au lecteur et l’instruire tout à la fois .
J’écris à cette fin, comme ceux, dit Lucien, qui déclament devant des arbres et haranguent des colonnes par manque d’auditeurs : selon l’aveu bien trouvé de Paul d’Égine, non pour formuler une pensée ignorée ou omise mais pour m’exercer, parti que certains devraient prendre, car je le crois bon pour soigner les corps et encore mieux les âmes ; il se pourrait encore que j’écrive pour me montrer, comme d’autres pour être célèbres : Scire tuum –[savoir quelque chose n’est rien si un autre homme ne sait que tu le sais. Je pourrais penser avec Thucydide que savoir une chose et ne pas la partager, ou ne la point savoir, c’est tout un. Quand j’entrepris ce travail et que, quod ait –[guidé par mon génie, j’ai entrepris ce labeur, mon but était vel ut lenirem – [de soulager mon esprit par l’écriture, car j’avais gravidum cor – [le cœur lourd et la tête infectée, une sorte de tumeur dans la tête dont j’étais très désireux de me décharger, et je ne pouvais pas imaginer meilleure façon de le faire. De plus, il m’aurait été difficile de m’en abstenir, car ubi dolor – [le doigt va chercher le point de la douleur, celui à qui la peau démange, il faut qu’il se gratte. Je n’étais pas peu affligé par cette maladie, la Mélancolie, ma maîtresse, mon Égérie ou malus Genius – [mon mauvais génie, et donc, tel celui qui est piqué par un scorpion, je voulais chasser clavum clavo –[un clou par un autre, me réconforter d’un chagrin par un autre, soigner l’oisiveté par l’oisiveté, ut ex vipera – [comme de la vipère on extrait la thériaque, trouver un antidote dans la cause première de mes maux. Ou agir comme celui dont parle Félix Platter qui, parce qu’il croyait avoir dans le ventre des grenouilles d’Aristophane, allait criant Brecec’ékex, coax, coax, oop, oop, oop, et pour cette raison étudia sept ans la médecine, en voyageant dans presque toute l’Europe pour apaiser son mal : pour me faire du bien j’ai consulté tous les écrits de médecine de nos bibliothèques, ou ceux que mes amis personnels pouvaient me fournir, et pris la peine d’écrire ce livre. Et pourquoi pas ? Cardan professe qu’il écrivit son livre sur la Consolation après la mort de son fils pour trouver un réconfort, et Cicéron écrivit sur le même sujet, dans le même but, après le décès de sa fille, si du moins le livre est de lui et non de quelque imposteur usurpant son nom, ce que Lipse croit probable. Pour moi, je pourrais affirmer avec Marius dans Salluste : ce que d’autres connaissent par ouï-dire ou par leurs lectures, je l’ai senti et pratiqué personnellement ; leur savoir vient des livres, le mien de ma mélancolie. Experto crede Roberto – [Il parle en maître, le Robert.
Je ne suis pas resté oisif, et, bien que théologien, turbine raptus ingenii – [entraîné par le tournoiement de mon esprit, comme dirait Scaliger, j’ai eu grand désir (incapable d’atteindre la moindre compétence en rien) d’avoir des clartés de tout, aliquis in omnibus – [une sommité dans toutes les sciences en général, une nullité dans l’une ou l’autre en particulier, ce que Platon recommande et, à sa suite, Juste Lipse approuve et préconise en ces termes : de graver dans tout esprit curieux qu’il ne faut s’asservir à aucune science particulière ni ne s’attarder sur aucun sujet, comme tant le font, mais être de tous les voyages (disciple aux talents sans nombre), ayant une rame dans chaque barque, goûtant à tous les mets et vidant toutes les coupes, ce que firent, nous dit Montaigne, à la perfection Aristote et son savant compatriote Adrien Turnèbe. Cette humeur vagabonde, je l’ai toujours eue (avec un succès moindre), et tel l’épagneul qui dans sa course abandonne sa proie pour aboyer après chaque oiseau qui passe, j’ai suivi toutes les pistes sauf celle qui m’était assignée, et j’ai tout lieu de déplorer, comme le fit Gessner dans sa modestie, Qui ubique est [d’avoir été partout sans être nulle part, d’avoir lu beaucoup de livres pour peu de bénéfice, faute d’une bonne méthode, d’avoir puisé au hasard dans divers auteurs de nos bibliothèques, sans grand profit par manque d’art, d’ordre, de mémoire, de jugement. Je n’ai jamais voyagé que dans les cartes ou mappemondes où mes pensées se sont librement déployées sans limites, ayant pris un plaisir tout particulier à l’étude de la cosmographie. Saturne alors à son zénith présida à ma conception, etc., avec Mars en principe déterminant de mon caractère, en conjonction égale avec mon ascendant ; chacun de ces astres étant sous un aspect favorable, etc., je ne suis ni pauvre ni riche, nihil est, nihil deest – [là où il n’est rien, rien ne manque. Je possède peu, je n’ai besoin de rien : tout mon trésor réside dans la tour de Minerve. Comme je ne pus jamais obtenir plus grand avancement que celui-là, je n’en suis redevable à aucun, j’ai de quoi vivre, laus Deo – [Dieu soit loué, grâce à la munificence de mes nobles Mécènes, bien que je me livre à l’étude à l’intérieur de mon collège comme Démocrite en son jardin, y menant une vie monastique ; ipse mihi theatrum – [je suis à moi-même mon propre théâtre , protégé des tumultes et des troubles du monde, et tanquam – [et comme posté sur une tour de guet (ainsi qu’il est dit), dans un lieu qui vous domine tous, tel Stoicus sapiens – [le sage stoïque, j’enveloppe pour ainsi dire d’un seul regard toutes les générations humaines, passées et présentes. J’entends et je vois les événements du monde, comme d’autres courent et voyagent, sont pris dans les tempêtes et les déconvenues de la cour et des champs, je suis loin des chicanes et des procès, aulae vanitatem –[j’ai coutume de rire à part moi des vanités de la cour et des ambitions politiques, je me ris de tout, sans crainte que mon procès tourne mal, que mes bateaux coulent, que le grain et le bétail fassent défaut, que le commerce périclite. Je n’ai à ma charge ni femme ni enfants, bons ou mauvais. Simple spectateur de la fortune et des aventures des autres hommes, je les vois se produire devant moi ainsi que sur la scène d’un théâtre et y jouer les rôles les plus divers, comme pour moi seul. J’entends chaque jour des nouvelles fraîches, ces rumeurs quotidiennes de guerre, pestes, incendies, inondations, vols, meurtres, massacres, météores, comètes, spectres, prodiges, apparitions, prises de villes, sièges de cités en France, Allemagne, Turquie, Perse, Pologne, etc. ; chaque jour ce sont rassemblements de troupes, préparatifs de guerre, toutes les tempêtes qu’apporte notre temps, la conduite des batailles et le nombre des morts, les combats singuliers, naufrages, attaques de pirates, batailles navales, paix conclues, ligues, stratagèmes, et la reprise des combats. Chaque jour nous apporte des bruits confus de promesses, souhaits, actions, édits, pétitions, procès, plaidoyers, lois, proclamations, plaintes, doléances. De nouveaux livres chaque jour aussi, pamphlets, gazettes, histoires, catalogues innombrables, volumes de toutes sortes, nouveaux paradoxes, nouvelles opinions, schismes, hérésies, controverses philosophiques et religieuses. Ce sont un jour l’annonce de mariages, masques, carnavals, fêtes, jubilés, ambassades, joutes et tournois, trophées, entrées triomphales, réjouissances, divertissements, représentations ; puis on semble passer à une nouvelle scène, et ce sont des trahisons, tromperies, voleries, vilenies énormes de tous ordres, funérailles, enterrements, mort des princes, nouvelles découvertes, expéditions ; sujets les uns comiques, les autres tragiques. Aujourd’hui de nouveaux titres et offices sont conférés , demain de grands hommes seront déposés tandis que d’autres seront honorés ; quand l’un est libéré, l’autre est emprisonné ; l’un achète, l’autre périclite ; celui-ci prospère, son voisin fait faillite ; c’est d’abord l’abondance, mais ensuite la pénurie et la famine ; tel bataille, tel se démène, tel autre va son train, se débat, rit, pleure, etc. Telles sont les nouvelles, publiques et privées, qui me parviennent tous les jours ; c’est un monde plein de panache et de misère, réjouissances, superbe, tracas et soucis, innocence et tromperie ; fourberie, vilenie, candeur et intégrité qui se mêlent et qui s’offrent à nous ; je le côtoie mais privus privatus – [en simple particulier, comme j’ai toujours vécu, je continue, statu quo prius – [sans changer mon état, dans la vie solitaire et les déconvenues domestiques qui sont mon lot ; excepté que parfois, ne quid mentiar–[à dire vrai, comme Diogène allait à la ville et Démocrite au port pour voir la mode, j’ai de temps en temps, pour me divertir, quitté ma chambre pour aller voir le monde et n’ai pu m’empêcher de faire quelque petite observation, non tam sagax – [non tant comme juge sagace que comme simple chroniqueur, non point comme eux pour se moquer et en rire, mais en proie à des passions contraires :
Bilem saepe –
[Maintes fois vos désordres ont excité ma bile ou suscité mon rire.Ami lecteur, je présume que tu seras très curieux de savoir quel est cet acteur dont l’outrecuidance, sous le masque grotesque ou sérieux, le fait parader sur la scène du monde tout en s’arrogeant le nom d’un autre – d’où il vient, pour quels motifs, et pour dire quoi. Néanmoins, pour citer Sénèque, primum si noluero – [D’abord, je ne répondrai que si je le souhaite ; qui peut me contraindre ? je suis né libre, et puis choisir de parler ou non : qui me contraindra ? Si l’on me presse, je répliquerai aussi vivement que l’Égyptien de Plutarque au curieux qui cherchait à savoir ce qu’il avait dans son panier : Quum vides –[Pourquoi chercherais-tu ce qui se cache sous l’enveloppe ? Le panier a été couvert pour que nul ne sache ce qu’il contient. Ne cherche pas à voir ce qu’on te dissimule ; si le contenu te plaît, et que tu en as l’usage, suppose que l’auteur en est l’Homme dans la Lune, ou qui tu voudras ; je n’aimerais pas être découvert. Toutefois, pour répondre en partie à ta curiosité, malgré que j’en aie, je te rendrai raison de ce nom, de ce titre, et de mon objet. Et d’abord de ce nom de Démocrite ; de crainte que l’on ne s’y méprenne et que l’on ne s’attende de ce fait à lire une pasquinade, une satire, quelque parodie de traité (comme je l’aurais fait moi-même), quelque opinion prodigieuse, ou tout autre paradoxe sur le mouvement de la Terre ou sur les mondes infinis, in infinito vacuo – dans un vide infini, issus de la collision fortuite de particules solaires, autant d’opinions défendues par Démocrite et professées par Epicure et Leucippe leur maître, avant d’être récemment reprises par Copernic, Bruno et quelques autres. Car c’est une coutume bien établie, comme le remarque Aulu-Gelle, chez les auteurs ultérieurs et chez les imposteurs, de publier toutes sortes de fictions insensées et impudentes sous le nom du noble philosophe que fut Démocrite pour se faire valoir et gagner ainsi la considération de leurs lecteurs, à la façon de ces faussaires, Novo qui marmori ascribunt – [qui signent du nom de Praxitèle une statue qu’ils viennent eux-mêmes de sculpter. Je n’agis pas ainsi.
Non hic Centauros –
Ne cherche point ici Centaures, Harpies ni Gorgones,
Mon discours est de l’homme et de l’humanité.
Tu es, lecteur, l’objet de mon discours.
Is there perhaps a specific gender pain that provokes such fantasies of a sexual practice that would transcend gender difference altogether, in which the marks of masculinity and femininity would no longer be legible ? Would this not be a sexual practice paradigmatically fetishistic, trying not to know what it knows, but knowing it all the same ?
The critical potential of “drag” centrally concerns a critique of a prevailing truth-regime of “sex,” one that I take to be pervasively heterosexist : the distinction between the “inside” truth of femininity, considered as psychic disposition or ego-core, and the “outside” truth, considered as appearance or presentation, produces a contradictory formation of gender in which no fixed “truth” can be established. Gender is neither a purely psychic truth, conceived as “internal” and “hidden,” nor is it reducible to a surface appearance ; on the contrary, its undecidability is to be traced as the play between psyche and appearance (where the latter domain includes what appears in words). Further, this will be a “play” regulated by heterosexist constraints though not, for that reason, fully reducible to them.
In no sense can it be concluded that the part of gender that is performed is therefore the “truth” of gender ; performance as bounded “act” is distinguished from performativity insofar as the latter consists in a reiteration of norms which precede, constrain, and exceed the performer and in that sense cannot be taken as the fabrication of the performer’s “will” or “choice”; further, what is “performed” works to conceal, if not to disavow, what remains opaque, unconscious, unperformable. The reduction of performativity to performance would be a mistake.
The rejection of an expressive model of drag which holds that some interior truth is exteriorized in performance needs, however, to be referred to a psychoanalytic consideration on the relationship between how gender appears and what gender signifies. Psychoanalysis insists that the opacity of the unconscious sets limits to the exteriorization of the psyche. It also argues, rightly I think, that what is exteriorized or performed can only be understood through reference to what is barred from the signifier and from the domain of corporeal legibility.
How precisely do repudiated identifications, identifications that do not “show,” circumscribe and materialize the identifications that do ? Here it seems useful to rethink the notion of gender-as-drag in terms of the analysis of gender melancholia. Given the iconographic figure of the melancholic drag queen, one might consider whether and how these terms work together. Here, one might ask also after the disavowal that occasions performance and that performance might be said to enact, where performance engages “acting out” in the psychoanalytic sense. If melancholia in Freud’s sense is the effect of an ungrieved loss (a sustaining of the lost object/Other as a psychic figure with the consequence of heightened identification with that Other, self-beratement, and the acting out of unresolved anger and love), it may be that performance, understood as “acting out,” is significantly related to the problem of unacknowledged loss. Where there is an ungrieved loss in drag performance (and I am sure that such a generalization cannot be universalized), perhaps it is a loss that is refused and incorporated in the performed identification, one that reiterates a gendered idealization and its radical uninhabitability. This is neither a territorialization of the feminine by the masculine nor an “envy” of the masculine by the feminine, nor a sign of the essential plasticity of gender. What it does suggest is that gender performance allegorizes a loss it cannot grieve, allegorizes the incorporative fantasy of melancholia whereby an object is phantasmatically taken in or on as a way of refusing to let it go.
The analysis above is a risky one because it suggests that for a “man” performing femininity or for a “woman” performing masculinity (the latter is always, in effect, to perform a little less, given that femininity is often cast as the spectacular gender) there is an attachment to and a loss and refusal of the figure of femininity by the man, or the figure of masculinity by the woman. Thus, it is important to underscore that drag is an effort to negotiate cross-gendered identification, but that cross-gendered identification is not the exemplary paradigm for thinking about homosexuality, although it may be one. In this sense, drag allegorizes some set of melancholic incorporative fantasies that stabilize gender. Not only are a vast number of drag performers straight, but it would be a mistake to think that homosexuality is best explained through the performativity that is drag. What does seem useful in this analysis, however, is that drag exposes or allegorizes the mundane psychic and performative practices by which heterosexualized genders form themselves through the renunciation of the possibility of homosexuality, a foreclosure that produces a field of heterosexual objects at the same time that it produces a domain of those whom it would be impossible to love. Drag thus allegorizes heterosexual melancholy, the melancholy by which a masculine gender is formed from the refusal to grieve the masculine as a possibility of love ; a feminine gender is formed (taken on, assumed) through the incorporative fantasy by which the feminine is excluded as a possible object of love, an exclusion never grieved, but “preserved” through the heightening of feminine identification itself. In this sense, the “truest” lesbian melancholic is the strictly straight woman, and the “truest” gay male melancholic is the strictly straight man.
What drag exposes, however, is the “normal” constitution of gender presentation in which the gender performed is in many ways constituted by a set of disavowed attachments or identifications that constitute a different domain of the “unperformable.” Indeed, it may well be that what constitutes the sexually unperformable is performed instead as gender identification. To the extent that homosexual attachments remain unacknowledged within normative heterosexuality, they are not merely constituted as desires that emerge and subsequently become prohibited. Rather, these are desires that are proscribed from the start. And when they do emerge on the far side of the censor, they may well carry that mark of impossibility with them, performing, as it were, as the impossible within the possible. As such, they will not be attachments that can be openly grieved. This is, then, less the refusal to grieve (a formulation that accents the choice involved) than a preemption of grief performed by the absence of cultural conventions for avowing the loss of homosexual love. And it is this absence that produces a culture of heterosexual melancholy, one that can be read in the hyperbolic identifications by which mundane heterosexual masculinity and femininity confirm themselves. The straight man becomes (mimes, cites, appropriates, assumes the status of) the man he “never” loved and “never” grieved ; the straight woman becomes the woman she “never” loved and “never” grieved. It is in this sense, then, that what is most apparently performed as gender is the sign and symptom of a pervasive disavowal.