Moosbrugger était toujours dans sa cellule, attendant les psychiatres pour un nouvel examen de son état mental. Cela donnait une masse compacte de journées. Chaque journée isolée en ressortait, bien sûr, quand elle était là, mais dès le soir elle retombait dans la masse. […] Les événements lointains et les événements tout frais n’étaient plus artificiellement séparés, mais, lorsqu’ils étaient identiques, la différence de date cessait de s’attacher à eux comme le fil rouge que l’on est obligé de passer autour du cou d’un nouveau-né que l’on ne distingue pas de son jumeau.
Lu
Il ne s’était strictement rien passé en Cacanie, et l’on eût pensé naguère que ce rien, c’était la discrétion même de la vieille culture cacanienne ; mais maintenant, ce rien était aussi inquiétant que le fait de ne pas pouvoir dormir ou de ne pas réussir à comprendre. C’est pourquoi les intellectuels, une fois qu’ils se furent convaincus que les choses se passeraient autrement dans une culture « nationale », n’eurent pas de peine à en convaincre les minorités cacaniennes. C’était une sorte de succédané de religion, d’ersatz pour « le bon Empereur de Vienne » ou, tout simplement, l’explication de ce fait incompréhensible que la semaine comporte sept jours et non huit. Il y a beaucoup de choses incompréhensibles, mais il suffit de chanter son hymne national pour ne plus les sentir.
Es war durchaus nichts in Kakanien geschehen, und früher hätte man gedacht, das sei eben die alte, unauffällige kakanische Kultur, aber dieses Nichts war jetzt so beunruhigend wie Nichtschlafenkönnen oder Nichtverstehenkönnen. Und darum hatten es die Intellektuellen leicht, nachdem sie sich eingeredet hatten, das werde in einer nationalen Kultur anders sein, auch die kakanischen Völker davon zu überzeugen. Das war nun eine Art Religionsersatz oder ein Ersatz für den guten Kaiser in Wien oder einfach eine Erklärung der unverständlichen Tatsache, daß die Woche sieben Tage hat. Denn es gibt viele unerklärliche Dinge, aber wenn man seine Nationalhymne singt, so fühlt man sie nicht.
Ces objets ressemblent à des débiteurs qui nous rendraient la valeur que nous leur prêtons assortie d’intérêts fantastiques ; et à la vérité, il n’existe pas d’objets qui ne soient ainsi débiteurs. Cette qualité propre aux vêtements ne l’est pas moins aux convictions, aux préjugés, théories, espérances, croyances et pensées ; l’absence de pensées elle-même la possède dans la mesure où elle réussit à tirer d’elle seule la conviction de son bien-fondé. Toutes ces choses, en nous prêtant le pouvoir dont nous leur faisons crédit, servent à situer le monde dans une lumière qui émane de nous ; et ce n’est pas à une autre fin, somme toute, que chaque homme adopte son système particulier. Avec un art divers et considérable, nous fabriquons un aveuglement qui nous permet de vivre à côté des choses les plus monstrueuses sans en être ébranlés, parce que nous reconnaissons dans ces grimaces pétrifiées de l’univers ici une chaise, là une table, ici un cri ou un bras tendu, là une vitesse ou un poulet rôti. Entre l’abîme du ciel au-dessus de nos têtes et un autre abîme céleste, facile à camoufler, sous nos pieds, nous parvenons à nous sentir aussi tranquilles sur terre que dans une chambre fermée. Nous savons que la vie va se perdre aussi bien dans les étendues inhumaines de l’espace que dans les inhumaines petitesses de l’atome, mais entre deux, nous ne craignons pas d’appeler « objets » une simple couche d’illusions, alors qu’il ne s’agit en fait que d’une préférence accordée aux impressions qui nous viennent d’une certaine distance moyenne. Une telle attitude est très au-dessous du niveau de notre intelligence ; cela seul suffit à prouver que notre sentiment y a une grande part. En effet, les dispositions intellectuelles les plus importantes que prenne l’homme servent toutes à maintenir une humeur à peu près constante, et tous les sentiments, toutes les passions du monde ne sont rien à côté de l’effort énorme, mais parfaitement inconscient, qu’il fait pour préserver sa parfaite sérénité intérieure ! C’est là une chose, apparemment, dont il ne vaut presque pas la peine de parler, tant elle fonctionne irréprochablement. Quand on y regarde de plus près, on voit que c’est un état de conscience extrêmement artificiel qui donne à l’homme une démarche sûre entre les orbites des astres et lui permet, au milieu de l’obscurité presque infinie du monde, de glisser dignement sa main entre le deuxième et le troisième bouton de son veston. Pour y parvenir, il faut non seulement que chaque homme, l’idiot comme le sage, ait ses trucs personnels, mais encore que ces systèmes individuels de trucs s’insèrent artistement dans les dispositions d’équilibres, morales et intellectuelles, de la société et de la communauté, qui servent, en plus grand, au même usage. Cet engrènement est analogue à celui de la grande Nature où tous les champs magnétiques de l’univers agissent sur celui de la terre sans qu’on s’en aperçoive, parce que l’histoire terrestre en est précisément le produit ; et le soulagement intellectuel que cela entraîne est si grand que les plus sages des hommes, exactement comme les petites filles qui ne savent rien, demeurant sans aucune inquiétude, se croient intelligents et bons.
Solche Gegenstände gleichen Schuldnern, die den Wert, den wir ihnen leihen, mit phantastischen Zinsen zurückzahlen, und eigentlich gibt es nichts als Schuldnerdinge. Denn jene Eigenschaft der Kleidungsstücke besitzen auch Überzeugungen, Vorurteile, Theorien, Hoffnungen, der Glaube an irgendetwas, Gedanken, ja selbst die Gedankenlosigkeit besitzt sie, sofern sie nur kraft ihrer selbst von ihrer Richtigkeit durchdrungen ist. Sie alle dienen, indem sie uns das Vermögen leihen, das wir ihnen borgen, dem Zweck, die Welt in ein Licht zu stellen, dessen Schein von uns ausgeht, und im Grunde ist nichts anderes als dies die Aufgabe, für die jeder sein besonderes System hat. Mit großer und mannigfaltiger Kunst erzeugen wir eine Verblendung, mit deren Hilfe wir es zuwege bringen, neben den ungeheuerlichsten Dingen zu leben und dabei völlig ruhig zu bleiben, weil wir diese ausgefrorenen Grimassen des Weltalls als einen Tisch oder einen Stuhl, ein Schreien oder einen ausgestreckten Arm, eine Geschwindigkeit oder ein gebratenes Huhn erkennen. Wir sind imstande, zwischen einem offenen Himmelsabgrund über unserem Kopf und einem leicht zugedeckten Himmelsabgrund unter den Füßen, uns auf der Erde so ungestört zu fühlen wie in einem geschlossenen Zimmer. Wir wissen, daß sich das Leben ebenso in die unmenschlichen Weiten des Raums wie in die unmenschlichen Engen der Atomwelt verliert, aber dazwischen behandeln wir eine Schicht von Gebilden als die Dinge der Welt, ohne uns im geringsten davon anfechten zu lassen, daß das bloß die Bevorzugung der Eindrücke bedeutet, die wir aus einer gewissen mittleren Entfernung empfangen. Ein solches Verhalten liegt beträchtlich unter der Höhe unseres Verstandes, aber gerade das beweist, daß unser Gefühl stark daran teil hat. Und in der Tat, die wichtigsten geistigen Vorkehrungen der Menschheit dienen der Erhaltung eines beständigen Gemütszustands, und alle Gefühle, alle Leidenschaften der Welt sind ein Nichts gegenüber der ungeheuren, aber völlig unbewußten Anstrengung, welche die Menschheit macht, um sich ihre gehobene Gemütsruhe zu bewahren ! Es lohnt sich scheinbar kaum, davon zu reden, so klaglos wirkt es. Aber wenn man näher hinsieht, ist es doch ein äußerst künstlicher Bewußtseinszustand, der dem Menschen den aufrechten Gang zwischen kreisenden Gestirnen verleiht und ihm erlaubt, inmitten der fast unendlichen Unbekanntheit der Welt würdevoll die Hand zwischen den zweiten und dritten Rockknopf zu stecken. Und um das zuwege zu bringen, gebraucht nicht nur jeder Mensch seine Kunstgriffe, der Idiot ebensogut wie der Weise, sondern diese persönlichen Systeme von Kunstgriffen sind auch noch kunstvoll eingebaut in die moralischen und intellektuellen Gleichgewichtsvorkehrungen der Gesellschaft und Gesamtheit, die im Größeren dem gleichen Zweck dienen. Dieses Ineinandergreifen ist ähnlich dem der großen Natur, wo alle Kraftfelder des Kosmos in das der Erde hineinwirken, ohne daß man es merkt, weil das irdische Geschehen eben das Ergebnis ist ; und die dadurch bewirkte geistige Entlastung ist so groß, daß sich die Weisesten genau so wie die kleinen Mädchen, die nichts wissen, in ungestörtem Zustande sehr klug und gut vorkommen.
Ce naufrage périodique de sa personne civilisée dans les vicissitudes de la matière opaque avait cessé maintenant de la menacer.
Dieser periodische Untergang ihrer Kultur in den Umschwüngen einer dumpfen Stoffwelt hatte sich aber jetzt verloren […].
Le cœur se montrait aussi découragé après la faute qu’il s’était révélé persuasif avant, la maîtresse de ce cœur oscillait perpétuellement entre une effervescence quasi maniaque et des dépressions noires comme l’encre, états d’âme qui pouvaient rarement s’équilibrer. Néanmoins, c’était toujours un système, c’est-à-dire mieux qu’un simple jeu d’instincts abandonnés à eux-mêmes (un peu comme autrefois on ne voulait voir dans la vie qu’un compte automatique de plaisir et de déplaisir, avec un certain bénéfice de plaisir en fin de bilan) ; le système comportait d’importantes dispositions mentales destinées à truquer les comptes.
Tout homme dispose d’une méthode de ce genre pour interpréter le bilan de ses impressions en sa faveur, afin que s’en dégage, si l’on peut ainsi parler, le minimum vital de plaisir quotidien considéré généralement comme tel. Le plaisir de vivre peut même consister en déplaisir ; ces différences de matériau n’ont aucune importance. On sait bien qu’il est des mélancoliques heureux comme il est des marches funèbres flottant aussi légèrement dans leur élément qu’une danse dans le sien. Sans doute peut-on même affirmer, inversement, que nombre d’hommes joyeux ne sont pas du tout plus heureux que les tristes, parce que le bonheur est un effort comme le malheur ; ces deux états correspondent à peu près aux deux principes du plus lourd et du plus léger que l’air. Mais une autre objection vient tout naturellement à l’esprit : les riches n’auraient-ils pas raison, de qui l’immémoriale sagesse veut que les pauvres n’aient rien à leur envier, puisque l’idée que l’argent des riches les rendrait plus heureux n’est qu’une illusion ? Cet argent leur imposerait simplement l’obligation de choisir un nouveau système de vie dont les comptes de plaisir ne boucleraient jamais, au mieux, qu’avec le même petit bénéfice de bonheur dont ils jouissaient déjà. Théoriquement, cela signifie qu’une famille de sans-logis, si la plus froide des nuits d’hiver ne l’a pas glacée, se trouvera aussi heureuse aux premiers rayons du soleil, que l’homme riche obligé de quitter son lit chaud ; et pratiquement, cela revient à dire que tout homme porte avec patience, comme un âne, la charge qu’on lui a mise sur le dos ; car un âne est heureux qui est plus fort que sa charge, ne fût-ce que de très peu. C’est là, en réalité, la définition la plus solide qu’on puisse donner du bonheur personnel, du moins aussi longtemps que l’on considère l’âne isolément. Mais en vérité, le bonheur personnel (l’équilibre, le contentement ou quelque nom que l’on voudra donner à ce qui est automatiquement notre premier but) n’est pas plus autonome qu’une pierre dans un mur ou une goutte d’eau dans un liquide à travers lesquelles passent toutes les forces et toutes les tensions de l’ensemble. Ce qu’un homme fait, ce qu’un homme éprouve pour lui-même est insignifiant par rapport à ce qu’il doit supposer que d’autres font ou éprouvent comme il faut pour lui. Aucun homme ne vit seulement son propre équilibre ; chacun s’appuie sur celui des couches qui l’entourent, et c’est ainsi qu’intervient dans la petite fabrique de plaisir de la personne un système de crédit moral extrêmement compliqué sur lequel il nous faudra revenir, parce qu’il n’appartient pas moins au bilan psychique de la communauté qu’à celui de l’individu.
Denn so beredsam das Herz vor einem Fehltritt sein konnte, so mutlos war es nachher, und seine Besitzerin wurde immerwährend zwischen manisch moussierenden und tintenschwarz ausfließenden Seelenzuständen hin und her bewegt, die sich nur selten ausglichen. Immerhin war es ein System ; das heißt, es war kein sich selbst überlassenes Spiel der Triebe – etwa so, wie man einmal vor Zeiten das Leben als eine automatische Bilanz von Lust und Unlust, mit einem gewissen Schlußsaldo an Lust hat verstehen wollen –, sondern es enthielt beträchtliche geistige Vorkehrungen, um diese Bilanz zu fälschen.
Jeder Mensch hat eine solche Methode, die Bilanz seiner Eindrücke zu seinen Gunsten umzudeuten, so daß gewissermaßen das tägliche Existenzminimum an Lust daraus hervorgeht, das in gewöhnlichen Zeiten genügt. Seine Lebenslust kann dabei auch aus Unlust bestehn, solche Materialunterschiede spielen keine Rolle, denn bekanntlich gibt es ebenso glückliche Melancholiker wie es Trauermärsche gibt, die um nichts schwerer in ihrem Element schweben wie ein Tanz in dem seinen. Wahrscheinlich läßt sich sogar auch umgekehrt behaupten, daß viele fröhliche Menschen nicht um das geringste glücklicher sind als traurige, denn Glück strengt genau so an wie Unglück ; das ist ungefähr so wie Fliegen nach dem Prinzip Leichter – oder Schwerer als die Luft. Aber ein anderer Einwand liegt nahe ; denn hätte dann nicht die alte Weisheit der Wohlhabenden recht, daß kein Armer sie zu beneiden brauche, da es ja lediglich eine Einbildung sei, daß ihn ihr Geld glücklicher machen würde ? Es würde ihn bloß vor die Aufgabe stellen, statt seines Lebenssystems ein anderes auszubilden, dessen Lusthaushalt bestenfalls doch nur mit dem kleinen Glücksüberschuß abschließen könnte, den er ohnedies hat. Theoretisch bedeutet das, daß die Familie ohne Obdach, wenn sie in einer eisigen Winternacht nicht erfroren ist, bei den ersten Strahlen der Morgensonne ebenso glücklich ist wie der reiche Mann, der aus dem warmen Bett heraus muß ; und praktisch kommt es darauf hinaus, daß jeder Mensch geduldig wie ein Esel das trägt, was ihm aufgepackt ist, denn ein Esel, der um eine Kleinigkeit stärker ist als seine Last, ist glücklich. Und in der Tat, das ist die verläßlichste Definition von persönlichem Glück, zu der man gelangen kann, solange man nur einen Esel allein betrachtet. In Wahrheit ist aber das persönliche Glück (oder Gleichgewicht, Zufriedenheit oder wie immer man das automatische innerste Ziel der Person nennen mag) nur soweit in sich selbst abgeschlossen, wie es ein Stein in einer Mauer oder ein Tropfen in einem Fluß ist, durch den die Kräfte und Spannungen des Ganzen gehn. Was ein Mensch selbst tut und empfindet, ist geringfügig, im Vergleich mit allem, wovon er voraussetzen muß, daß es andere für ihn in ordentlicher Weise tun und empfinden. Kein Mensch lebt nur sein eigenes Gleichgewicht, sondern jeder stützt sich auf das der Schichten, die ihn umfassen, und so spielt in die kleine Lustfabrik der Person ein höchst verwickelter moralischer Kredit hinein, von dem noch zu sprechen sein wird, weil er nicht weniger zur seelischen Bilanz der Gesamtheit wie zu der des Einzelnen gehört.
Le geste avec lequel le général avait tapé sur la table eût été légèrement ridicule si un poing était quelque chose de purement athlétique et ne comportait pas également une signification intellectuelle, comme une sorte de complément indispensable de l’esprit.
Die Gebärde, mit der der General auf seinen Tisch geklatscht hatte, wäre ein wenig lächerlich gewesen, wenn eine Faust bloß etwas Athletisches und nicht auch etwas Geistiges, eine Art unentbehrlicher Ergänzung des Geistes bedeuten würde.
Il est difficile de dire quelles furent alors ses pensées, mais si on avait pu les sortir de sa tête et les polir avec soin, elles auraient eu sans doute à peu près l’allure suivante : pour commencer par le côté église, ces quelques mots : tant qu’on croyait à la religion, on pouvait précipiter un bon chrétien ou un pieux juif de n’importe quel étage de l’espérance ou du bien-être, il retomberait toujours, pour ainsi dire, sur les pieds de son âme. Toutes les religions avaient prévu en effet, dans l’explication de la vie qu’elles offraient aux hommes, un reste irrationnel, incalculable, qu’elles nommaient l’impénétrabilité des desseins de Dieu ; si le mortel n’aboutissait pas à un calcul exact, il n’avait qu’à se rappeler ce reste, et son esprit pouvait se frotter les mains avec satisfaction. Cette façon de retomber sur ses pieds et de se frotter les mains s’appelle une « conception du monde » ; c’est une chose que l’homme contemporain ne connaît plus.
Si nombreux que soient les mots prononcés à chaque instant dans une grande ville pour exprimer les vœux personnels de ses habitants, il en est un qui n’y paraît jamais, c’est le mot « rédimer ». On peut admettre que tous les autres, les mots les plus passionnés, l’expression des relations les plus compliquées et de celles même qui sont tenues pour d’incontestables exceptions, se trouvent criés ou murmurés au même moment à un grand nombre d’exemplaires, ainsi : « Vous êtes le plus grand escroc que j’aie jamais rencontré », ou « Il n’y a pas de femme dont la beauté soit aussi bouleversante que la vôtre » ; de sorte que ces événements extrêmement personnels pourraient être représentés, dans leur répartition sur la ville entière, par de belles courbes statistiques. Mais jamais un homme vivant n’ira dire à un autre : « Tu peux me rédimer ! » ou « Sois mon rédempteur ! » On peut l’attacher à un arbre et le laisser crever de faim ; on peut le déposer dans une île déserte en compagnie de la femme qu’il a vainement poursuivie pendant des mois ; on peut lui faire signer des chèques sans provision et trouver quelqu’un qui le tire d’affaire : tous les mots du monde viendront se bousculer dans sa bouche, mais il est certain qu’il ne dira jamais, tant qu’il sera vraiment ému, « rédimer », « rédempteur » ou « rédemption », bien qu’absolument rien ne s’y oppose du point de vue linguistique.
Et pourtant, les peuples réunis sous la couronne cacanienne se qualifiaient de « nations non rédimées » !
So viele Worte in einer großen Stadt in jedem Augenblick gesprochen werden, um die persönlichen Wünsche ihrer Bewohner auszudrücken, eines ist niemals darunter : das Wort »erlösen«. Man darf annehmen, daß alle anderen, die leidenschaftlichsten Worte und die Ausdrücke verwickeltster, ja sogar deutlich als Ausnahme gekennzeichneter Beziehungen, in vielen Duplikaten gleichzeitig geschrien und geflüstert werden, zum Beispiel »Sie sind der größte Gauner, der mir je untergekommen ist« oder »So ergreifend schön wie Sie ist keine zweite Frau«; so daß sich diese höchstpersönlichen Erlebnisse geradezu durch schöne statistische Kurven in ihrer Massenverteilung über die ganze Stadt darstellen ließen. Niemals aber sagt ein lebendiger Mensch zu einem anderen »Du kannst mich erlösen!« oder »Sei mein Erlöser!« Man kann ihn an einen Baum binden und hungern lassen ; man kann ihn nach monatelangem vergeblichem Werben zusammen mit seiner Geliebten auf einer unbewohnten Insel aussetzen ; man kann ihn Wechsel fälschen und einen Retter finden lassen : alle Worte der Welt werden sich in seinem Mund überstürzen, aber bestimmt wird er nicht, solange er wahrhaft bewegt ist, erlösen, Erlöser oder Erlösung sagen, obgleich sprachlich gar nichts dagegen einzuwenden wäre.
Trotzdem nannten sich die unter Kakaniens Krone vereinigten Völker unerlöste Nationen !
« Ce qu’on est » change aussi vite, semble-t-il, que « ce qu’on porte » ; dans un cas comme dans l’autre, personne, même pas sans doute les commerçants intéressés à la mode, ne connaît le véritable secret de cet « on ».
»Man ist« wechselt, wie es scheint, ebenso schnell wie »Man trägt« und hat mit ihm gemeinsam, daß niemand, wahrscheinlich nicht einmal die an der Mode beteiligten Geschäftsleute, das eigentliche Geheimnis dieses »Man« kennt.
À cette époque, parmi les gens à la page, on était généralement pour « l’esprit actif » ; on avait reconnu que le devoir de « l’homme-cerveau » était de prendre le pas sur « l’homme-ventre ». De plus, il y avait quelque chose que l’on appelait l’expressionnisme ; on ne pouvait pas expliquer avec précision ce que c’était, mais, le mot lui-même le disait, c’était une manière de faire sortir quelque chose au-dehors ; peut-être des visions constructives, si celles-ci, comparées avec la tradition artistique, n’avaient pas été aussi bien destructives, de sorte qu’on pouvait les appeler tout simplement « structives », cela n’engageait à rien : « une conception du monde structive », la formule ne sonne pas mal.
Im allgemeinen war man damals unter vorgeschrittenen Leuten für aktiven Geist ; man hatte die Pflicht der Hirnmenschen erkannt, die Führung der Bauchmenschen an sich zu reißen. Außerdem gab es etwas, was man Expressionismus nannte ; man konnte nicht genau angeben, was das sei, aber es war, wie das Wort sagte, eine Hinauspressung ; vielleicht von konstruktiven Visionen, jedoch waren diese, mit der künstlerischen Überlieferung verglichen, auch destruktiv, darum kann man sie auch einfach struktiv nennen, es verpflichtet zu nichts, und eine struktive Weltauffassung, das klingt ganz respektabel.