Les poètes savent (vaguement) que ce ne sont pas les poètes qui désormais habillent les poètes. Le costume des poètes est dans les lunettes de l’habitant non-lecteur, consommateur de moutarde et de spots en prime time. En plus, ce poète en costume n’est même pas un poète. Donc, c’est une image de rien.
Lu
Eine veränderte, man dürfte sagen, eine veredelte Richtung des Dichtergeistes, vermöge deren er aus einer Außenwelt, in welcher es nur, so lang er sich selbst und andre täuschen konnte, Wahrheit für ihn zu geben schien, zu seinem eigentlichen Wirkungskreise zurückkehrt, um in diesem, um in der inneren Welt des Gemütes den ganzen Umfang jener schöpferischen Machtfülle zu offenbaren.
abgeschlossener Umfang des Ganzen erkennen ließ, und die, noch weniger an ein bestimmtes Erinnerungszeichen geknüpft, sich unter dem weiterbildenden Einflusse, nicht etwa nur einer sammelnden Gelehrsamkeit, sondern des nämlichen Dichtergeistes, der sie geschaffen hatte, fortpflanzte. Tatsachen oder Beobachtungen, die ein poetisches Gewand anfänglich nur leicht umhüllte, entstellten und verbargen die Oberladungen der ausschmückenden Folgezeit.
Hält jene auf dem Wege zur Wahrheit mit allen übrigen Anlagen und Fähigkeiten des Geistes gleichen Schritt, so fliegt hingegen der Dichtergeist, ein ewiger Zeuge, aber ein täuschender Beruhiger des unvertilgbaren Triebes nach Erkenntnis, den jene langsamer aber dauerhafter zu befriedigen bestimmt sind, ihnen allen um so weiter voraus, mit je größeren Schwierigkeiten sie noch zu kämpfen haben, und je mühseliger sie sich Bahn brechen.
Il faut dans ces conditions, bien garder présent à l’esprit que le logos apophantikos dont parle Aristote s’établit dans un double système d’oppositions :
- Il s’oppose explicitement [Peri hermeneia, 4, 17a2] à la prière, à l’ordre, au commandement, bref à toutes ces formulations qui ne peuvent pas être ramenées à des propositions vraies ou fausses. Le logos apophantikos est donc un type d’énonciation qui s’oppose à d’autres énonciations. Le logos apophantikos est alors un énoncé déclaratif.
- Il s’oppose implicitement, ou en tout cas à un autre niveau, à des énoncés qui ont aussi la forme déclarative, mais qui sont mis en jeu et qui fonctionnent au niveau de leur réalité d’événement ; en tant que choses produites ; en tant que choses historiquement produites (hic et nunc) et par des sujets déterminés.
À ce niveau-là, l’apophantique n’est plus une catégorie d’énoncés. C’est une opération, c’est un geste sans cesse renouvelé par lequel le rapport d’un énoncé à la réalité, à l’être, à la vérité est dénoué au niveau de l’événement énonciatif et reporté à ce qui est dit dans l’énoncé et au rapport entre ce qui est dit et les choses elles-mêmes.
L’apophantique, c’est ce qui établit entre l’énoncé et l’être un rapport au seul niveau (toujours idéal) de sa signification. Et c’est par rapport qui a son lieu dans la signification que l’énoncé peut être vrai ou faux.
L’apophantique apparaît alors comme une opération de déplacement de l’être vers l’idéalité de la signification. Et elle s’oppose non plus à d’autres types d’énoncés (non déclaratifs) mais à une opération inverse qui consiste à maintenir le rapport de l’énoncé à l’être au seul niveau de l’événement discursif. Appelons cette opération inverse de l’apophantique l’opération sophistique, éristique.
Le sophisme a beau faire jouer des oppositions familières être/non-être, contradictoire/non contradictoire, vrai/faux, il faut bien se rendre compte de la manière dont se fait ce jeu :
- vrai/faux fonctionne comme équivalent : accordé/pas accordé,
- être/non-être fonctionne comme équivalent : dit/pas dit,
- non contradictoire/contradictoire comme rejeté/non rejeté.
Toutes oppositions, on le voit, qui jouent au niveau de l’existence du discours comme événements dans un jeu.
Ne pas se contredire dans le jeu sophistique, c’est dire la même chose. La même chose identiquement, substantiellement. Se contredire, c’est simplement dire autre chose, ne pas dire la même chose. On voit bien que dans une philosophie du signifié et de la différence, on peut très bien dire une chose, puis une autre, sans se contredire ; en revanche dans la sophistique, où le seul être c’est ce qui a été dit, il n’y a que deux possibilités : ou bien dire la même chose, ou bien ne pas dire la même chose (tenir ou ne pas tenir, ce qui est bien contradictoire).
L’effet apparent de vérité qui vient jouer dans le sophisme est en réalité un lien quasi juridique entre un événement discursif et un sujet parlant. De là, le fait qu’on trouve chez les Sophistes les deux thèses : Tout est vrai (dès que tu dis quelque chose, c’est de l’être). Rien n’est vrai (tu as beau employer des mots, ils ne disent jamais l’être).
Tenir pour vrai, dans le sophisme, c’est s’engager à tenir. De là le fait important que le sophisme emporte avec lui une ontologie bizarre, partielle limitative, discontinue et boiteuse.
En effet, la seule chose que manipule le Sophiste, le seul être auquel il s’adresse, c’est celui de la chose dite ; c’est celui de l’énoncé dans sa réalité matérielle. Matérialité paradoxale puisqu’elle implique soit les sons, soit les lettres, et, partant, une rareté comme celle des choses ; son déroulement linéaire et sériel et [néanmoins] son maintien.
Or, si les mots ont leur réalité matérielle spécifique, au milieu de toutes les autres choses, il est clair qu’ils ne peuvent pas communiquer avec ces choses : il ne peuvent pas les signifier, ou les refléter ou les exprimer, il n’y a pas de ressemblance entre les mots et les choses dont ils sont censés parler. Tout au plus peuvent-il être poussés, provoqués par ces choses.
Mais puisqu’ils ne signifient pas les choses, on ne peut donc pas avoir accès aux choses à partir du discours. Le discours est séparé de ce dont il parle par le seul fait qu’il est lui-même une chose, comme ce dont il parle. L’identité du statut de chose implique la rupture du rapport signifiant.
Il y a adhérence du sujet parlant à l’énoncé et non point adhésion à des règles ou visée de sens. […] Peu importe que [le sujet] ait dit vrai ou faux. Il n’a pas tenu. […]
Le sophisme ne se démontre pas, il se remporte ou se perd.