In my city one wished me death,
Nevermind,
The stars last more than one night –
The hidden so disposes imagination,
And so the body to take on a nature
Opposed it seems to itself, of which no idea
Can be given the mind, but that a man
Out of need of his nature should try not to exist
Or appear changed
Is as impossible
As for any thing to be made out of nothing,
This everyone with a little reflection
May see :
Anyone can kill himself, compelled by some other
Who twists his right hand
Which holds perhaps a sword
So it is led against his own heart,
Or like Seneca by the command of a tyrant,
Be forced to open his veins,
To avoid more evil by taking on less –
Many things sleepwalkers do
They would not dare if awake –
All of which shows
That the body can do many things
By the laws of its nature
At which the mind is amazed ;
No one knows how
The mind moves the body
(Cerebral charges ? were discovered
Some time ago thru poetry
Not surprised in the least
By new science)
Or by what means,
Nor how many degrees of motion
It can give the body,
Nor with what speed it can move it.
Whence if men say this or that action
Arises from the mind
That has power over the body
They confess specious words
That do not regard it with wonder ;
When the body sleeps
The mind’s unconscious (Spinoza very early on that)
Has not the power
It has when awake.
The mind is not always apt
For thinking its subject,
Only as the body is apt
For the image of this or that
To excite it
Does the mind see the object.
I looked
When we dream that we speak
We think we speak
From free decision of the mind ;
Yet we do not speak, or if we do,
This decision thought to be free
Is imagination – or memory ;
Is nothing but the accord
An idea involves.
A suspension of judgment
Apprehends, is not free.
In dreams also we dream that we dream,
I grant no one is deceived
In so far as he perceives.
The imaginations of the mind
in themselves
Involve no error,
But I deny that a man
affirms nothing
In so far as he perceives –
SPINOZA.
Dans ma ville on souhaitait ma mort,
N’y pensons plus,
Les étoiles durent plus qu’une nuit –
Ce qui est caché dispose l’imagination,
Et le corps l’emporte sur une nature
Qui semble se contrarier, ce qui passe l’entendement,
Mais qu’un homme veuille échapper aux besoins de sa nature
Pour tenter de ne pas exister ou changer d’apparence,
C’est aussi impossible
Que de faire surgir quelque chose de rien.
Avec un peu de réflexion, n’importe qui
Peut voir :
Chacun peut se tuer soi-même sous la contrainte d’un autre
Qui lui tord la main droite
Munie d’un sabre peut-être,
Il le fera à contrecœur,
Ou comme Sénèque sur l’ordre d’un tyran,
Forcé de s’ouvrir les veines
Pour parer au mal par un moindre mal –
Il y a bien des choses que font les somnambules
Et qu’ils n’oseraient faire éveillés.
Tout cela montre
Que le corps peut faire beaucoup de choses
Selon les lois de la nature
Et l’esprit en est sidéré ;
Nul ne sait comment
L’esprit fait bouger le corps
(Électricité cérébrale ? On l’a découvert
Il y a quelque temps par la poésie
Nullement surprise par la science nouvelle)
Ni de quelle manière
Je peux transmettre au corps
Une quantité d’impulsions
Ni à quelle vitesse ça peut le faire bouger.
Dès lors, si les hommes disent que telle ou telle action
Procède de l’esprit
Qu’il exerce un pouvoir sur le corps
Ils admettent des arguments fallacieux
Étrangers à cette merveille ;
Quand le corps est endormi
L’inconscent de l’esprit (voir Spinoza très tôt sur la question)
N’a pas le pouvoir
Qui est le sien à l’état de veille.
L’esprit n’est pas toujours à même
De penser un objet,
Dès qu’il s’en forme une image
Ou que l’image excite
L’esprit voit l’objet.
Voyez
Quand nous rêvons que nous parlons
Nous croyons parler
Comme si notre esprit décidait librement ;
Cependant nous ne parlons pas, ou si nous le faisons,
Cette décision qui se croyait libre
Est le produit de l’imagination – ou de la mémoire ;
Ce n’est rien d’autre qu’une concordance
Que toute idée implique.
Le jugement suspendu
Appréhende quelque chose, sans être libre.
Dans les rêves aussi nous rêvons que nous rêvons,
Je vous accorde que nul ne se leurre
Pour autant qu’il perçoive.
L’imagination en elle-même
N’implique pas l’erreur,
Mais je nie qu’un homme
n’affirme rien
Quand il perçoit.
SPINOZA
,
,
trad.
François Dominique trad.
Serge Gavronsky
,
,
,
p. 187–189
,
(traduction parue chez Virgile, 2003, p. 86–88à