update 1.12.2020 : Lecteur audio
Legovil 3 est dans le monde
Le numéro 3 de Legovil est dans le monde.
Legovil est une revue d’explication. Elle est faite en trois jours par une quinzaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à Lyon du 7 au 10 février 2019 par Valentina Barriga, Alice de Boissezon, Pierre Borel, Frédéric Déotte, Audrey Dewet, Thomas Ducasse, Alexandre Dumont, Timothey V. K. Dyèvre, Christophe Dymanche, Leila El Yaakabi, Brigitte Goffart, Élisabeth Préfet, Hugo Hyart, Antoine Hummel, Léa Lanoë, Xavier Metz, Olivier Nourisson, Philipp Rabe, Amalia Vargas, ainsi que Grégoire Sourice en détachement, et Julien Schneider et Juan Diego Otero sans le savoir. 48 pages. 60 exemplaires. 13€ frais de port inclus.
commande : legobistable[at]gmail.com
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La louche






Complet : Lecteur audio
La personne perd en général
Les raisons personnelles : faire des phrases
Le 6 janvier 2017, j’ai écrit à une dizaine d’ami·es pour leur proposer de venir grossir un pad d’écriture collective en écrivant, à partir de l’énoncé « La personne perd en général », d’autres énoncés, en générant des phrases qui seraient toutes d’emblée considérées comme « valables » ou « justes ». Je cherchais à créer, dans les termes exaltés de cette invitation, « un espace béni où aucune faute n’est possible, un lieu sans histoire où l’erreur n’existe pas ».
Depuis, certain·e·s de ces ami·es sont venu·e·s poser des trucs sur ce pad ; avec d’autres, j’ai eu des conversations à propos de l’énoncé ; d’autres encore ont manifesté un intérêt distant mais bienveillant. Ces attentions m’ont aidé à faire des phrases, à continuer à croire faire des phrases possible, et à tenir une certaine dépense langagière pour nécessaire et enjaillante – alors que mes « raisons personnelles » me portaient à l’époque à croire que parler ne règle rien.
Très vite, le générateur de phrases s’est constitué en attelage : Joachim Clémence m’a rejoint dans mon souci, a fait de mon souci notre souci, et après quelques mois de génération commune, quelques mois à tenter de faire des phrases à deux, nous avons mis en ligne un site, qui existe à cet état stable mais pas arrêté [note du 10 03 2020 : le serveur coûtait trop cher, donc le site n’existe plus].
Faire des phrases, comme programme, ne s’est réduit pour nous ni à un exercice parodique (opposer une grimace aux savoirs logiques), ni à une dérision de toute « forme » (« phraser » venant remplacer « composer »). Faire des phrases, en l’occurrence, tentait de faire aller l’attelage le plus loin possible dans la semoule d’une légalité immanente : l’horizon de cette progression commune a pu être que tout se tienne, comme dans l’idéalité théologique du corpus, juridique du code, philosophique du système ; en revanche, jamais cet attelage ne fut tenu par le genre de loyauté ou de mutualisme qui mène au tous se tiennent.
L’attelage fut tenu par le joug d’un engagement dont je ne trouve pas pour l’instant de formule moins évangélique : que tes soucis soient les miens. Faire des phrases tentait finalement de conjuguer, dans une forme de rationalité sinon guindée, au moins opiniâtre, les soucis les plus divers — poétiques et politiques, notamment — et les raisons personnelles, aussi irrecevables qu’inévitables. L’attelage aura essayé, à partir des générations premières et bordéliques — à partir, en fait, de la pelote à problèmes qu’entraînent un énoncé à ce point généraliste et la contrainte de ne contredire aucun des énoncés qu’il aura générés — de continuer à faire des phrases en commun, c’est-à-dire à se faire du souci commun. En un sens, chérir notre souci aura été joué en partie contre chacun chérir le sien. En un sens, notre seule mission était de continuer, vaille que vaille plus que coûte que coûte – à (s’)en faire. Et ça donne quoi, des phrases vaillantes qui valent bien ce qu’elles valent en un sens et dans tous les autres.Continuer
Legovil 2 est dans le monde
Le numéro 2 de Legovil est dans le monde.
Legovil est une revue d’explication. Elle est faite en trois jours par une quinzaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à Marseille les 18 et 19 août 2018, par Pierre Borel, Marion Breton, Jeanne Carminati, Steven Chevallier, Joachim Clemence, Frédéric Déotte Beghdali, Andrea Garces, Antoine Hummel, Léa Lanoë, Diane Malatesta, Olivier Nourisson, Grégoire Sourice, Lotti Thiessen et Erica Zingano.
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Un mec et ses objets
Legovil 1 est dans le monde
Le numéro 1 de Legovil est dans le monde.
Legovil est une revue d’explication. Elle est faite en trois jours par une quinzaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à La Chapelle Fifteen (Paris) par Erica Zingano, Marie Lehir, Benjamin Levi, Gwladys Le Cuff, Olivier Nourisson, Frédéric Déotte, Aline Carpentier, Filipp Rabe, Timothey V. K. Dyèvre, Ivan Basso, Jann Middelbos, Cédric Schönwald.
La maquette a été faite en deux jours à Calais, sur un mode qui radicalise la méthode du couper/foutre en coupant couper. Legovil 1 a été simplement foutue (d’où l’absence de marges intérieures et l’arial 11pt généralisé). C’est une sorte de fanzine sur papier glacé.
Pour commander : numéro épuisé. PDF dispo : Legovil, n°1 (93,5 Mo)
testanonpertinente.net/Legovil
Le mois d’avril
Se faire des tableaux
Nous appellerons fantômes, après le saint docteur, toutes les images que l’imagination nous présente, soit qu’elle les ait reçues de l’extérieur, soit qu’elle les ait fabriquées à l’aide des matériaux qui lui sont venus du dehors. Nous diviserons ces fantômes en deux classes. La première comprendra les images intérieures que nous nous formons en notre fantaisie des mots et des signes qui, manifestés à l’extérieur, formeraient une parole extérieure : et ces images intérieures, nous les appellerons fantômes-signes. Nous mettrons dans une seconde classe tous les autres fantômes, c’est-à-dire les images intérieures qui représentent en notre fantaisie la chose elle-même, non un signe ou un mot qui exprime la chose : et ces autres images intérieures, nous les nommerons fantômes-tableaux.
J.M.A. Vacant, Études comparées sur la philosophie de Saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Scot, Delhomme & Briguet, Paris Lyon, 1891, pp. 168–169
Il est assis, il regarde les pavés, il médite ; tout est tranquille, on n’entend aucun bruit, les cartes géographiques et les tableaux synoptiques des peuples du globe se tiennent suspendus à leurs clous, les trois chaises sont encore aux places où on les a laissées ; là-haut, dans leurs chambres, les élèves travaillent.
G. Flaubert, L’Éducation sentimentale
Napoléon reprochait à ses généraux une imagination épique, qui « empêche toute action, toute décision, tout courage » ; une imagination qui « se fait des tableaux ». C’est aussi dans cette imagination malade de l’Histoire que réside, pour Barbey d’Aurevilly, « l’infirmité » de Frédéric Moreau, le personnage de L’Éducation sentimentale.
Cette infirmité crée le procédé de Flaubert, dont la pensée ne fonctionne jamais non plus que sous la forme de tableaux. Comme il n’a d’idées absolument sur rien, et qu’il n’est capable que de décrire, son procédé est infiniment simple. Il cloue et soude des tableaux à d’autres tableaux.
Se faire des tableaux, quand on est plus paumé que général, c’est aussi, par assuétude ou par lassitude, oublier de tailler un conçu avant d’étaler son perçu. Léonard de Vinci, qui pensait que des peintres étaient de leur pratique trop les généraux et pas assez les ingénieurs, a écrit en substance :
C’est vrai que si tu te poses devant un mur plein de taches et que tu t’y absorbes un moment en imaginant, des fonds et des formes plus ou moins nets y apparaissent, qui par leur vague rappellent tout ce qu’il y a autour (voire des mondes plus lointains dans l’espace et le temps), et par leur net des paysages connus, moins parfaits que typiques, des reliefs nus, chauves d’antennes, des terrains de jeu enfuis du cadastre. En y allant un peu plus fort tu vois aussi, sur ces pans bariolés, d’anciennes scènes de combat avec leurs répresseurs et les chiens qui s’affairent au fond semblant les imiter (comme Diogène, désœuvré, singeait les armées coloniales) ; bref un bordel de faune humaine-nonhumaine naît de ces taches, un bordel engageant par la force des choses. Il en est de ces murs comme du son des cloches, dont chaque tintement détache, dans le basso du mi-silence urbain, des noms familiers et chéris ; ils indiquent un plan de découpe, c’est sûr, mais ils ne fournissent pas les frondes.
Sur le mur de Vinci, Breton dit que chacun fait comparaître et parader les fantômes les plus probables de son devenir. Les fantômes n’existent pas.
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Les bungalows
par le Comité de Planification du Sagouinat
Qu’est-ce qu’un bungalow ?
Un bungalow est une unité d’habitation de vacance. On ne réside en bungalow ni comme on prend un appartement, ni comme on descend à l’hôtel. On n’entre pas plus dans un bungalow comme on entre en ménage. Un bungalow est une unité d’habitation de vacance (Freizeitwohneinheit).
Comment sont conçus vos bungalows ?
Dans les règles de l’art du bâtissement de bungalows, avec les siècles de derrière, l’alliage du savoir et du faire colons et gestionnaires à la pointe, l’esprit de pool et le sens du budget — sans oublier : votre concours à nous regarder faire en nous proposant des cafés.
Où se procurer vos bungalows ?
Nous les construisons, par toute tempête et tout soleil, en Dordogne ou chez vous — partoùt se trouve du bois, du matériel de véranda, la plus petite Fraction d’Insolation Possible. Nos bungalows sont conçus pour être annuellappréciables (selon le principe de la Ganzjahrnutzbarkeit). Vous devrez néanmoins nous présenter un projet de vie secondaire et votre disposition à villégiaturer. Nous ne construisons en dur que pour la vie molle. Il est important que vous ne fassiez rien, ou peu, à la mesure du tout dont nous nous occupons.
Comment reconnaître un bungalow ?
Cf. infra.
Un bungalow, il y faut quatre choses qui sont des contraintes-sources et des objectifs-certifications :
1. un nom normé ;
2. une réponse à « où est la porte ? » ;
3. une fenêtre ;
4. un papier quadrillé fin ou millimétré.Continuer