Explication

Le numé­ro 3 de Legovil est dans le monde.

Legovil est une revue d’ex­pli­ca­tion. Elle est faite en trois jours par une quin­zaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à Lyon du 7 au 10 février 2019 par Valentina Barriga, Alice de Boissezon, Pierre Borel, Frédéric Déotte, Audrey Dewet, Thomas Ducasse, Alexandre Dumont, Timothey V. K. Dyèvre, Christophe Dymanche, Leila El Yaakabi, Brigitte Goffart, Élisabeth Préfet, Hugo Hyart, Antoine Hummel, Léa Lanoë, Xavier Metz, Olivier Nourisson, Philipp Rabe, Amalia Vargas, ain­si que Grégoire Sourice en déta­che­ment, et Julien Schneider et Juan Diego Otero sans le savoir. 48 pages. 60 exem­plaires. 13€ frais de port inclus.

com­mande : legobistable[at]gmail.com
testanonpertinente.net/Legovil

Explication

Les raisons personnelles : faire des phrases

Le 6 jan­vier 2017, j’ai écrit à une dizaine d’ami·es pour leur pro­po­ser de venir gros­sir un pad d’écriture col­lec­tive en écri­vant, à par­tir de l’énoncé « La per­sonne perd en géné­ral », d’autres énon­cés, en géné­rant des phrases qui seraient toutes d’emblée consi­dé­rées comme « valables » ou « justes ». Je cher­chais à créer, dans les termes exal­tés de cette invi­ta­tion, « un espace béni où aucune faute n’est pos­sible, un lieu sans his­toire où l’erreur n’existe pas ».

Depuis, certain·e·s de ces ami·es sont venu·e·s poser des trucs sur ce pad ; avec d’autres, j’ai eu des conver­sa­tions à pro­pos de l’é­non­cé ; d’autres encore ont mani­fes­té un inté­rêt dis­tant mais bien­veillant. Ces atten­tions m’ont aidé à faire des phrases, à conti­nuer à croire faire des phrases pos­sible, et à tenir une cer­taine dépense lan­ga­gière pour néces­saire et enjaillante – alors que mes « rai­sons per­son­nelles » me por­taient à l’é­poque à croire que par­ler ne règle rien.

Très vite, le géné­ra­teur de phrases s’est consti­tué en atte­lage : Joachim Clémence m’a rejoint dans mon sou­ci, a fait de mon sou­ci notre sou­ci, et après quelques mois de géné­ra­tion com­mune, quelques mois à ten­ter de faire des phrases à deux, nous avons mis en ligne un site, qui existe à cet état stable mais pas arrê­té [note du 10 03 2020 : le ser­veur coû­tait trop cher, donc le site n’existe plus].

Faire des phrases, comme pro­gramme, ne s’est réduit pour nous ni à un exer­cice paro­dique (oppo­ser une gri­mace aux savoirs logiques), ni à une déri­sion de toute « forme » (« phra­ser » venant rem­pla­cer « com­po­ser »). Faire des phrases, en l’oc­cur­rence, ten­tait de faire aller l’attelage le plus loin pos­sible dans la semoule d’une léga­li­té imma­nente : l’horizon de cette pro­gres­sion com­mune a pu être que tout se tienne, comme dans l’idéalité théo­lo­gique du cor­pus, juri­dique du code, phi­lo­so­phique du sys­tème ; en revanche, jamais cet atte­lage ne fut tenu par le genre de loyau­té ou de mutua­lisme qui mène au tous se tiennent.

L’attelage fut tenu par le joug d’un enga­ge­ment dont je ne trouve pas pour l’ins­tant de for­mule moins évan­gé­lique : que tes sou­cis soient les miens. Faire des phrases ten­tait fina­le­ment de conju­guer, dans une forme de ratio­na­li­té sinon guin­dée, au moins opi­niâtre, les sou­cis les plus divers — poé­tiques et poli­tiques, notam­ment — et les rai­sons per­son­nelles, aus­si irre­ce­vables qu’inévitables. L’attelage aura essayé, à par­tir des géné­ra­tions pre­mières et bor­dé­liques — à par­tir, en fait, de la pelote à pro­blèmes qu’en­traînent un énon­cé à ce point géné­ra­liste et la contrainte de ne contre­dire aucun des énon­cés qu’il aura géné­rés — de conti­nuer à faire des phrases en com­mun, c’est-à-dire à se faire du sou­ci com­mun. En un sens, ché­rir notre sou­ci aura été joué en par­tie contre cha­cun ché­rir le sien. En un sens, notre seule mis­sion était de conti­nuer, vaille que vaille plus que coûte que coûte – à (s’)en faire. Et ça donne quoi, des phrases vaillantes qui valent bien ce qu’elles valent en un sens et dans tous les autres.Continuer

Explication

Le numé­ro 2 de Legovil est dans le monde.

Legovil est une revue d’ex­pli­ca­tion. Elle est faite en trois jours par une quin­zaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à Marseille les 18 et 19 août 2018, par Pierre Borel, Marion Breton, Jeanne Carminati, Steven Chevallier, Joachim Clemence, Frédéric Déotte Beghdali, Andrea Garces, Antoine Hummel, Léa Lanoë, Diane Malatesta, Olivier Nourisson, Grégoire Sourice, Lotti Thiessen et Erica Zingano.

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testanonpertinente.net/Legovil

Explication

Legovil 1 est dans le monde

Le numé­ro 1 de Legovil est dans le monde.

Legovil est une revue d’ex­pli­ca­tion. Elle est faite en trois jours par une quin­zaine de gens qui changent. Celle-ci a été faite à La Chapelle Fifteen (Paris) par Erica Zingano, Marie Lehir, Benjamin Levi, Gwladys Le Cuff, Olivier Nourisson, Frédéric Déotte, Aline Carpentier, Filipp Rabe, Timothey V. K. Dyèvre, Ivan Basso, Jann Middelbos, Cédric Schönwald.
La maquette a été faite en deux jours à Calais, sur un mode qui radi­ca­lise la méthode du couper/foutre en cou­pant cou­per. Legovil 1 a été sim­ple­ment fou­tue (d’où l’ab­sence de marges inté­rieures et l’a­rial 11pt géné­ra­li­sé). C’est une sorte de fan­zine sur papier gla­cé.

Pour com­man­der : numé­ro épui­sé. PDF dis­po : Legovil, n°1 (93,5 Mo)
testanonpertinente.net/Legovil

Texte

Nous appel­le­rons fan­tômes, après le saint doc­teur, toutes les images que l’i­ma­gi­na­tion nous pré­sente, soit qu’elle les ait reçues de l’ex­té­rieur, soit qu’elle les ait fabri­quées à l’aide des maté­riaux qui lui sont venus du dehors. Nous divi­se­rons ces fan­tômes en deux classes. La pre­mière com­pren­dra les images inté­rieures que nous nous for­mons en notre fan­tai­sie des mots et des signes qui, mani­fes­tés à l’ex­té­rieur, for­me­raient une parole exté­rieure : et ces images inté­rieures, nous les appel­le­rons fan­tômes-signes. Nous met­trons dans une seconde classe tous les autres fan­tômes, c’est-à-dire les images inté­rieures qui repré­sentent en notre fan­tai­sie la chose elle-même, non un signe ou un mot qui exprime la chose : et ces autres images inté­rieures, nous les nom­me­rons fan­tômes-tableaux.

J.M.A. Vacant, Études com­pa­rées sur la phi­lo­so­phie de Saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Scot, Delhomme & Briguet, Paris Lyon, 1891, pp. 168–169

Il est assis, il regarde les pavés, il médite ; tout est tran­quille, on n’entend aucun bruit, les cartes géo­gra­phiques et les tableaux synop­tiques des peuples du globe se tiennent sus­pen­dus à leurs clous, les trois chaises sont encore aux places où on les a lais­sées ; là-haut, dans leurs chambres, les élèves tra­vaillent.

G. Flaubert, L’Éducation sen­ti­men­tale

Napoléon repro­chait à ses géné­raux une ima­gi­na­tion épique, qui « empêche toute action, toute déci­sion, tout cou­rage » ; une ima­gi­na­tion qui « se fait des tableaux ». C’est aus­si dans cette ima­gi­na­tion malade de l’Histoire que réside, pour Barbey d’Aurevilly, « l’infirmité » de Frédéric Moreau, le per­son­nage de L’Éducation sen­ti­men­tale.

Cette infir­mi­té crée le pro­cé­dé de Flaubert, dont la pen­sée ne fonc­tionne jamais non plus que sous la forme de tableaux. Comme il n’a d’idées abso­lu­ment sur rien, et qu’il n’est capable que de décrire, son pro­cé­dé est infi­ni­ment simple. Il cloue et soude des tableaux à d’autres tableaux.

Se faire des tableaux, quand on est plus pau­mé que géné­ral, c’est aus­si, par assué­tude ou par las­si­tude, oublier de tailler un conçu avant d’étaler son per­çu. Léonard de Vinci, qui pen­sait que des peintres étaient de leur pra­tique trop les géné­raux et pas assez les ingé­nieurs, a écrit en sub­stance :

C’est vrai que si tu te poses devant un mur plein de taches et que tu t’y absorbes un moment en ima­gi­nant, des fonds et des formes plus ou moins nets y appa­raissent, qui par leur vague rap­pellent tout ce qu’il y a autour (voire des mondes plus loin­tains dans l’espace et le temps), et par leur net des pay­sages connus, moins par­faits que typiques, des reliefs nus, chauves d’antennes, des ter­rains de jeu enfuis du cadastre. En y allant un peu plus fort tu vois aus­si, sur ces pans bario­lés, d’anciennes scènes de com­bat avec leurs répres­seurs et les chiens qui s’affairent au fond sem­blant les imi­ter (comme Dio­gène, dés­œu­vré, sin­geait les armées colo­niales) ; bref un bor­del de faune humaine-non­­hu­­maine naît de ces taches, un bor­del enga­geant par la force des choses. Il en est de ces murs comme du son des cloches, dont chaque tin­te­ment détache, dans le bas­so du mi-silence urbain, des noms fami­liers et ché­ris ; ils indiquent un plan de découpe, c’est sûr, mais ils ne four­nissent pas les frondes.

Sur le mur de Vinci, Breton dit que cha­cun fait com­pa­raître et para­der les fan­tômes les plus pro­bables de son deve­nir. Les fan­tômes n’existent pas.
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par le Comité de Planification du Sagouinat

Qu’est-ce qu’un bungalow ?

Un bun­ga­low est une uni­té d’habitation de vacance. On ne réside en bun­ga­low ni comme on prend un appar­te­ment, ni comme on des­cend à l’hôtel. On n’entre pas plus dans un bun­ga­low comme on entre en ménage. Un bun­ga­low est une uni­té d’habitation de vacance (Freizeitwohneinheit).

Comment sont conçus vos bungalows ?

Dans les règles de l’art du bâtis­se­ment de bun­ga­lows, avec les siècles de der­rière, l’alliage du savoir et du faire colons et ges­tion­naires à la pointe, l’esprit de pool et le sens du bud­get — sans oublier : votre concours à nous regar­der faire en nous pro­po­sant des cafés.

Où se procurer vos bungalows ?

Nous les construi­sons, par toute tem­pête et tout soleil, en Dordogne ou chez vous — par­toùt se trouve du bois, du maté­riel de véran­da, la plus petite Fraction d’Insolation Possible. Nos bun­ga­lows sont conçus pour être annuel­lap­pré­ciables (selon le prin­cipe de la Ganzjahrnutzbarkeit). Vous devrez néan­moins nous pré­sen­ter un pro­jet de vie secon­daire et votre dis­po­si­tion à vil­lé­gia­tu­rer. Nous ne construi­sons en dur que pour la vie molle. Il est impor­tant que vous ne fas­siez rien, ou peu, à la mesure du tout dont nous nous occu­pons.

Comment reconnaître un bungalow ?

Cf. infra.

Un bun­ga­low, il y faut quatre choses qui sont des contraintes-sources et des objec­tifs-cer­ti­fi­ca­tions :
1. un nom nor­mé ;
2. une réponse à « où est la porte ? » ;
3. une fenêtre ;
4. un papier qua­drillé fin ou mil­li­mé­tré.Continuer