133. La déduction mémorielle est à la fois naturelle, universelle (« prouvée » par Cherechevski) et condition de la logique, de la syntaxe, de la métrique (du rythme dans la langue). Telle est la thèse que je proposerai, en toute irresponsabilité.
Lu
99. méditation : retourner les techniques et stratégies de méditation contre la doctrine de l’inspiration
31. Peut-on appliquer la théorie de l’anamnèse au souvenir ? l’opinion (vraie) du souvenir, c’est ce dont on se souvient. Mais il y a un autre souvenir, un souvenir-savoir qui serait l’ingegno de Vico ?
Au regard de l’unanimité totalitaire qui, à la criée, est prête à faire passer l’idée que le sens de l’individu est dans l’élimination immédiate de sa différence, il est même permis de penser que quelque chose des possibilités libératrices de la société a reflué pour un temps dans la sphère de l’individuel.
Il ne suffit pas de dire que, dans la société individualiste, l’universel se réalise à travers l’interaction des individus (die Einzelnen), il faut bien voir ainsi que c’est la société qui fait essentiellement la substance de l’individu (das Individuum).
Il y a quelque chose de sentimental et d’anachronique dans la réflexion subjective, quand bien même elle retourne sa propre critique contre elle-même : quelque chose qui est de l’ordre d’une lamentation sur la marche du monde, et cette lamentation n’a pas lieu d’être récusée au nom de la bonté du monde mais parce que le sujet risque ainsi de se figer dans l’état où il se trouve (Sosein) et d’en venir à confirmer lui-même cette loi du monde.
Je ne l’ai jamais vu que la nuit. Une fois dans une sorte de b… ; souvent au théâtre. On m’a dit qu’il vivait de médiocres opérations hebdomadaires à la Bourse. Il prenait ses repas dans un petit restaurant de la rue Vivienne. Là, il mangeait comme on se purge, avec le même entrain. Parfois, il s’accordait ailleurs un repas fin et lent.
M. Teste avait peut-être quarante ans. Sa parole était extraordinairement rapide, et sa voix sourde. Tout s’effaçait en lui, les yeux, les mains. Il avait pourtant les épaules militaires, et le pas d’une régularité qui étonnait. Quand il parlait, il ne levait jamais un bras ni un doigt : il avait tué la marionnette. Il ne souriait pas, ne disait ni bonjour ni bonsoir ; il semblait ne pas entendre le « Comment allez-vous ? »
[…]À force d’y penser, j’ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l’esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche : plus sûrement, des années encore, et beaucoup d’autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire des instincts. Trouver n’est rien. Le difficile est de s’ajouter ce qu’on trouve.
If you were going to get a pet
what kind of animal would you get.
A soft-bodied dog, a hen
Feathers and fur to begin it again.
At the end of the day, when it gets dark,
I saw an animal in the park.
Bring it home to give to you
I have seen animals break in two.
You were hoping for something soft
and loyal and clean and wondrously careful.
A form of otherwise vicious habit
Can have long ears and be called a rabbit.
Dead, died, will die, want,
Morning, midnight, I asked you
If you were going to get a pet
What kind of animal would you get.
Entre le pouvoir et la connaissance, il n’y a pas seulement un rapport de sujétion, il y a aussi un rapport de vérité. Nombreuses sont les connaissances qui, hors de proportions avec le rapport des forces, restent sans aucune valeur, pour exactes qu’elles puissent être formellement. Quand un médecin expatrié d’Allemagne vient nous dire : « Pour moi, Adolf Hitler est un cas pathologique », il est possible qu’en fin de compte les résultats de l’examen clinique lui donnent raison ; mais il y a une telle disproportion entre cette phrase et le désastre objectif qui s’étend sur le monde au nom dudit paranoïaque que ce diagnostic en devient dérisoire et que ce n’est pour celui qui le formule qu’une façon de plastronner.
Ce qui manque aux paysages américains, [… c’est] le fait que sur eux la main de l’homme n’a pas laissé de traces. Ce n’est pas seulement qu’il n’y a guère de champs labourés et que les bois n’y sont souvent que des taillis non défrichés ; ce sont surtout les routes qui donnent cette impression. Elles coupent le paysage sans jamais aucune transition. Plus on les a tracées larges et plates – moins leur chaussée luisante semble à sa place dans cet environnement d’une végétation trop sauvage et plus elle semble lui faire violence. Ces routes n’ont pas d’expression. On n’y voie nulle trace de pas ni de roues, entre elles et la végétation il manque la transition d’un chemin de terre meuble qui les longe et il n’y a pas non plus de sentiers partant latéralement vers le fond de la vallée : il leur manque ainsi cette douceur apaisante et ce poli qu’ont les choses où la main et les outils qui la prolongent directement ont fait leur œuvre. De ces paysages, on serait tenté de dire que personne ne leur a passé la main dans les cheveux. Ils sont inconsolés et désolants.