My typi­cal steak mari­nade that I crea­ted est le titre de l’im­pro­vi­sa­tion don­née à Marseille le 11 octobre der­nier, à ActOral. C’est un truc tra­vaillé lors d’heures péram­bu­la­toires-réjouis­santes inti­tu­lées Going to the beach for culture, dont nous publie­rons bien­tôt ou un jour ou peut-être pas les minutes.

La phrase My typi­cal steak mari­nade that I crea­ted est un men­tisme né lors de ces péram­bu­la­tions. Il est issu d’un com­men­taire spam­meur qui vante une recette de mari­nade pour steak sup­po­sé­ment unique :

I had bought some prime rib steaks and wan­ted a good recipe, some­thing other than my typi­cal steak mari­nade that I crea­ted.1

L’espèce de redon­dance égo­trip­pée de my steak mari­nade that I crea­ted, et son asso­cia­tion avec l’ad­jec­tif typi­cal, un adjec­tif éva­lua­tif nor­ma­le­ment réser­vé à un juge exté­rieur, le fait que la typi­ci­té soit décré­tée de l’in­té­rieur, uni­la­té­ra­le­ment, for­mel­le­ment pro­cla­mée, comme sur un dépliant tou­ris­tique, ce décret de vibrante sin­gu­la­ri­té fit pour nous de l’expression steak mari­nade le mème conden­sa­teur de la bana­li­té et de la typi­ci­té, le schème com­mun actua­li­sé de la sin­gu­la­ri­té contem­po­raine (publi­ci­taire, sou­cieuse de son effet).

  1. J’avais ache­té des entre­côtes de bœuf et cher­chais une bonne recette, autre chose que ma mari­nade pour steak typique que j’ai créée.

DÉPRIM
Département d’Étude&Évaluation des Procédures de Raréfaction des Insuccès du Matin

Objet : compte-ren­du de la mati­née du lun­di 6 octobre 

Compte-ren­du
Un indice libi­di­nal éle­vé et une acti­vi­té géni­tale stable s’al­lient à une consis­tance des selles de caté­go­rie 5 pour faire de la mati­née du 6 octobre une réus­site en terme de lun­di, mal­gré une odeur d’u­rines fort âcre qui semble indi­quer un début de geinte hépa­tique. Un bijou d’han­go­vère com­mu­nique la féli­ci­té, mais rai­son­na­ble­ment. Avant-douche pro­duc­tif : lec­ture, tra­duc­tion, beau­coup d’ac­quies­ce­ment, consul­ta­tion des sta­tis­tiques du blog (encore beau­coup – trop ? – de Chinois per­dus). Absence notable de ron­chon (les news lassent oppor­tu­né­ment) mais « vive » « émo­tion de l’âme » sur (l’é­chelle de) l’âme au constat que la nuit du 5 au 6 n’a pas suf­fi, mal­gré des rêves enga­geants, à mater l’infor­thune. Côté corps, des pro­blèmes urti­cants hâtent la douche. Après-douche consa­cré à la rédac­tion de la pré­sente. Note pros­pec­tive : si le déli­cat virage du repas est bien négo­cié, les pré­vi­sions concer­nant l’en­tiè­re­té du seg­ment [lun­di 6 octobre 2014] pour­raient être revues à la hausse.

Note de la mati­née 6 /10 (note moyenne des lun­dis : 1)

Détail du barème
Intensité émo­tion­nelle : basse.
Dominante âme : indif­fé­rence conqué­rante.
Dominante fait : gaule pas piquée des han­ne­tons.
Composition émo­ti­cône : ?,-_()

Note du compte-ren­du 5/10
Ce pre­mier com­mu­ni­qué du DEPRIM est trop peu soi­gné pour espé­rer dépas­ser la moyenne. En plus en tant que pre­mier com­mu­ni­qué son rôle est de déter­mi­ner une moyenne donc voi­là. À l’a­ve­nir, on gagne­ra à cen­su­rer ce ton par trop imi­ta­tif des bul­le­tins météos. En revanche, on ne peut que saluer la cri­tique d’une concep­tion pro­ces­suelle du gei­gne­ment et du ron­chon­ne­ment qui s’ex­prime dans l’emploi des déver­baux « geinte » et « ron­chon ».

Temps de pré­pa­ra­tion (pour une per­sonne ou moins)
20 (vingt) minutes d’heure envi­ron

Appréciation géné­rale
Encore un beau tra­vail de mufle.
« Internet. »

Préface

Pity vie has been desi­gned for the walls of the big fucke­dup­pe­ria of Language after http://fundraiser.pitivi.org/blog/2014/02/26/using-gstreamer-make-smooth-slow-motion and a gene­ral impres­sion of some sel­fin­dul­gent modern­poe­try from the United States pf America. In a train to Marseille, Sam Langer modi­fied it while I was slee­ping, and since I couldn’t spot his inter­ven­tions after­wards, he deserves his share of author­chips.

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The fucke­dup­pe­ria of Language (OH)

Air
Mattresses
Romance, amour, smog
par­ticle pol­lu­tion
present :
major health hazards.Continuer

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Dear XXX. I think of you when I think hap­pi­ness, sweet­ness, affa­bi­li­ty. Recently I’ve had some sto­ries in me, like people who tra­vel or eat varied­ly, and I’d tell you about them with a tea, sparkles in the eyes, being the eloquent chi­cken you know, if you were not somew­here else and me in Berlin, clea­ning up my gun, poli­shing my rope or rather some­thing as tra­gic but without mas­tur­bic innuen­do. This mor­ning I’m fee­ling pret­ty good, and I don’t accept that, I want to unboard the plane of suc­cess. And moreo­ver, I want toContinuer

Texte

 

Ist der einfäl­tige Himmel
Denn reich ?1

Friedrich Hölderlin, « Was ist der Menschen Leben ? »

Version courte : quand le binaire n’a­ma­doue plus, la connais­sance est comme ren­due momen­ta­né­ment indi­geste. Peut-être sur­tout pour les yeux. Peut-être pas.

Version longue, émol­liente mais pénible, peut-être sur­tout pour les yeux, peut-être pas :

Le binaire ama­douait, tout se lais­sait prendre et cueillir au sein de la matière. Configurations ani­mées : prendre. Configurations inani­mées : cueillir. Tout savait se consti­tuer bonne chasse et le soir, chasse ayant été bonne, on pou­vait se concen­trer sur l’Être, les légendes, les récits de sau­ve­tage.

Quand l’ère du binaire ama­douant fut gagnée par les brumes, les eaux, les pâtes ali­men­taires, dar­dée par les cieux écu­meux – minée par toutes choses plus et mieux sin­gu­lières quand elles sont au plu­riel –, alors put com­men­cer le règne de la pro­fu­sion. Les sels, les miels, les huiles, les aulx, plus rien n’ac­com­mo­dait. Saler, hui­ler, ailler, opé­ra­tions si cou­tu­mières que des mots pour ça s’é­taient impo­sés, des mots d’u­sage, en ‑age, des mots essen­tiels comme salage, hui­lage, aillage, ces opé­ra­tions cou­tu­mières qui per­met­taient d’ac­com­mo­der étaient deve­nues aus­si dures qu’atteindre l’or­gasme, voire aus­si dures que chan­ter la pre­mière colo­ra­tu­ra de l’Hölle Rache (une infer­nale rage ven­ge­resse bout dans mon cœur) .

Pourquoi ? Continuer

  1. Le ciel indi­vis serait donc varié­gé ?

(…) le cher­cheur le plus loyal à l’é­gard de l’es­thé­tique sera de manière néga­tive celui qui se révolte contre le lan­gage et qui, au lieu de rabais­ser la parole au rang de simple para­phrase de ses chiffres, lui pré­fère le gra­phique, qui confesse sans réserve la réi­fi­ca­tion de la conscience et trouve ain­si pour l’ex­pri­mer quelque chose comme une forme, sans emprunts apo­lo­gé­tiques à l’art. (Adorno, L’essai comme forme)

Voici un dia­gramme du logi­ciel poé­tique post­ro­man­tique. Par jeu, il prend comme contrainte l’u­ti­li­sa­tion d’un max d’i­cônes d’iO7, c’est dire si c’est inutile pour pen­ser quoi que ce soit.

 

L’article défi­ni devant les 5 figures (le poète, le pri­mi­tif, le mys­tique, le fou, le enfant) désigne une idéa­li­sa­tion for­ce­née. La matrice cen­trale s’ap­pelle « expé­rience ».

J’ai eu besoin de ce dia­gramme, non pas tant pour car­to­gra­phier que pour obte­nir une vue d’en­semble sur cette repré­sen­ta­tion qui semble avoir été majo­ri­taire jusque dans les années 50 chez les théo­ri­ciens pas pure­ment lit­té­raires de la poé­sie (socio­logues, anthro­po­logues, phi­lo­sophes, eth­no­logues…), avant que le logi­ciel hei­deg­ge­rien ne prenne le relais. Je vois dans le recours de non-spé­cia­listes à ces figures l’in­dice de leur ancrage pro­fond dans la conscience euro­péenne.

Cette repré­sen­ta­tion « du poète » m’in­té­resse sur­tout en ce qu’elle mani­feste une idéa­li­sa­tion de l’ef­fa­ce­ment social (figures ascé­tiques, mar­gi­nales, imper­ver­ties…) et encou­rage des pos­tures qui, elles, sont extrê­me­ment per­for­mantes dans l’es­pace social : ain­si on aime l’en­fant, le pri­mi­tif, le fou ou le mys­tique quand il est pris en charge par une syn­thèse inof­fen­sive et vague­ment somp­tuaire ; on le cor­rige quand il exprime une sauvageté/sauvagerie anti­so­ciale.Continuer