« The jiha­dis with their mind­set don’t see their songs as dull. »
(http://www.theguardian.com/music/2014/nov/09/nasheed-how-isis-got-its-anthem)

Teknolojical Éducation Steuff est le dia­logue pro­lon­gé de deux hommes sains, éle­vés dans le creu­set du civi­li, ayant déci­dé de faire les choses, de lan­cer les réformes, de poser la ques­tion du rap­port aux ins­ti­tu­tions, à la mort, au drift bruyant des valeurs, et de pro­fi­ter de la nou­velle année pour faire allé­geance (contre la pers­pec­tive angois­sante que la Ve République dure mille ans) à un nou­veau régime : le Sagouinat.

Technological Education Stuff is part of an ongoing dia­logue bet­ween two heal­thy men, rai­sed in the cru­cible of civ­bo­rough, who have deci­ded to do things, launch reforms, ques­tion the ins­ti­tu­tions, death, the row­dy skid­ding of values, and to seize the oppor­tu­ni­ty, pre­sen­ted by the daw­ning year, to swear alle­giance (against the dread­ful pros­pect of the Vth Republic las­ting ano­ther thou­sand years) to a new regime : the Sagouinate.

Est le dia­logue pro­lon­gé de deux hommes sains, sains, éle­vés dans le res­pect de la mort, acquis à la néces­si­té de mener les réformes, de punir sévè­re­ment les dérives, les drifts, les péta­rades urbaines, pro­fi­tant de la nou­velle année pour com­mu­ni­quer leurs vœux depuis le récent Sagouinat avec le sérieux pré­si­den­tiel, le terne d’en­tre­prise et un soup­çon de cette mati­té jiha­die qui fait des antiennes.

Is the ongoing dia­logue bet­ween two heal­thy, heal­thy men, rai­sed with a res­pect for death, convin­ced of the neces­si­ty to put through the reforms, to seve­re­ly sanc­tion the bur­nouts, the dough­nuts, and the urban petards, who seize the oppor­tu­ni­ty that the daw­ning year pre­sents them of com­mu­ni­ca­ting their good wishes for the new year from the recent­ly-ins­tau­ra­ted Sagouinate, with a pre­si­den­tial serious­ness, the dull­ness of busi­ness as usual, and a hint of that jiha­dic matt­ness of which anthems are made.

Tracliste :

1 – Intro saine / Intro (heal­thy)
2 – Last days of the Sagouinate / Derniers jours du Sagouinat
3 – Les der­niers jours du Sagouinat / The last days of the Sagouinate
4 – Le Sagouinat vivait ses der­niers jours / The Sagouinate was in its final days
5 – Sans que per­sonne au palais n’en eût l’in­tui­tion / No-one at court could sense what was at hand
6 – le Sagouinat vivait en fait ses der­niers jours / but the Sagouinate was on its last legs
7 – Alors qu’au palais on s’af­fai­rait pour les troi­sièmes noces du Sagouin / Though the palace was abuzz with the pre­pa­ra­tions for the
Sagouin’s third wed­ding
8 – la chute du Sagouinat était immi­nente / the fall of the Sagouinate was immi­nent
9 – Le Sagouinat, qui devait durer mille ans / The Sagouinate, which was sup­po­sed to last a thou­sand years
10 – fait envi­ron quinze minutes neuf / went for about a quar­ter of an hour
11 – Outro saine / Outro (heal­thy)

L’AVIS DE LA CRITIQUE / THE CRITIC’S VIEW

La qua­li­té géné­rique de ce dia­logue d’hommes sains donne le fris­son du vivre-ensemble, du mou­rir-proche, du faire-sens oppo­sable. Un memen­to mori agréable, idéal pour la douche et autres moments AFK.

The spe­ci­fic qua­li­ty of this heal­thy men’s dia­logue evokes the thrill of a life lived in com­mon, of a death inti­ma­te­ly assu­med, of an oppo­sable struc­ture of rele­vance. A plea­sant memen­to mori, the ideal accom­pa­niment to a reju­ve­na­ting sho­wer, but which would fit most AFK dura­tions well.

LE POINT DE VUE DES ARTISTES / THE ARTISTS” OPINION

Cette com­pi­la­tion de bits voca­bu­la­riaux vides de sens, tech­no­lo­gi­que­ment nuls, moins ins­truc­tifs qu’un how­to­ba­sic, forme un dis­po­si­tif lan­ga­gier qui nécrose tout ce qu’il arrai­sonne, comme le lin­go répu­bli­cain ou aca­dé­mique des Valeurs, et jus­qu’au plus accom­mo­dant des mots de ce lin­go : stuff.

This com­pi­la­tion of mea­nin­gless voca­bu­la­rial bits, which are tech­no­lo­gi­cal­ly nuga­to­ry and less infor­ma­tive than a how­to­ba­sicvideo, consti­tutes a lin­guis­tic appa­ra­tus to necro­tise eve­ry­thing it touches on – just like the repu­bli­can or aca­de­mic « Values »-lin­go – up to and inclu­ding that lin­go’s most hos­pi­table term : stuff.

Dans le cadre de la Petite Année de la Marchandise, nous (nous) sommes réso­lus à pro­duire un EP par semaine pen­dant tout 2015. Il s’agit de recou­vrir de la toge des « pro­duc­tions » des tra­vaux for­cé­ment bâclés (à chaque EP, en rai­son de contraintes tem­po­relles exo­gènes, ne pour­ront être consa­crées qu’une flo­pée d’heures). Ainsi, on trai­te­ra la moindre impro­vi­sa­tion d’un quart d’heure comme un best-of ou un album-de-la-matu­ri­té : décou­page, mon­tage, tags impec­cables avec cover.jpg, tra­ck­list, livret et packa­ging de glose indé­crot­table à décrot­ter chez soi. Des objets pré­pa­rés au poil pour la mise en cir­cu­la­tion mais tota­le­ment impropres à la consom­ma­tion et pour ain­si dire indi­gestes à toute clien­tèle.

DU MAÏS TCHÈQUE (ori­gi­nal : Dümaïçtschek)
Durée : 20 sec
Production : Les Films Vus En Rêves (décembre 2014, Berlin)
#LFVER001

/// Synopsis
Au début du film, l’Histoire, père de famille de 50 ans, explique à ses enfants, pères de famille de 8 et 14 ans, la tota­li­té de l’ère post­co­lo­niale avec des rou­leaux de pq roses et verts balan­cés dans une petite pièce oblongue dont on s’a­per­ce­vra qu’il s’a­gis­sait des gogues. Une fable sur la mon­dia­li­sa­tion.

/// Extraits :
– « regarde, du maïs tchèque »
– « du blé blond polan­dais »
– « PAPA ! PAPA ! »
– « de la mala­ria dans la douche »
– « allez, ça suf­fit, enfile ta métham­phé­ta­mine »
– « france, qu’as-tu donc etc. »

Je serai avec Sam Langer sur l’es­trade du palais de la poé­sie mer­cre­di 12 novembre à l’in­vi­ta­tion d’une fille qui fait la une du matri­cule en dou­doune. A prio­ri, on ne fera rien de par­ti­cu­lier. Ou bien alors des bulles. Voilà. On se met­tra dans un fol état de jacou­sie. Notre jacou­sie n’au­ra aucune limite et sa conta­gion vau­dra 10€. À ce prix il n’y aura pas de pertes. Il n’y aura pas non plus de gain ceci dit. On ne gagne­ra aucune vue nou­velle sur le tra­vail, le style ou la dra­ma­tur­gie. Aussi est-il à pré­voir que qui vien­drait cher­cher le « tra­vail », le « texte », la « dra­ma­tur­gie » ou la « scé­no­gra­phie » vivrait un grand moment d’in­gra­ti­tude. Qui vien­drait vivre un drame ou assis­ter à une lec­ture, qui vien­drait consta­ter le tra­vail, en serait mal récom­pen­sé. Qui vien­drait cher­cher la bagarre dans une pou­pon­nière aurait plus de chances (d’être récom­pen­sé).

Le Parti Unique de la Putain de Peur Éternelle (PUPPE) a enfin sa sta­tue (un moment de scé­no­gra­phie dans la Boddinstraße)

Il y a dans le monde beau­coup de texte, beau­coup de scé­no­gra­phie, beau­coup de dra­ma­tur­gie à dis­po­si­tion ;
beau­coup de grands moments de style
et de tra­vail tech­nique
tech­nique et cali­bré
on peut dif­fi­ci­le­ment nier ceci que le monde
est un hyper­mar­ché de style
un hyper­po­tame de tra­vail
un hip­po­po­ta­mus de texte
le monde est un self de dra­ma­tur­gie
un ru de dra­ma­tur­gie
un crous de dra­ma­tur­gie
par­tout la dra­ma­tur­gie s’an­nonce
avec style
dans le plus pur style du tra­vail
recon­nais­sable à ses mains propres
lavées par le tra­vail, le style, tech­nique et cali­bré.

Alors je sais bien qu’il n’y a aucune gloire à tirer de toutes ces récu­sa­tions, qu’elles n’ont plus depuis long­temps valeur de mani­feste, qu’elles ne sont l’oc­ca­sion d’au­cune démar­ca­tion his­to­rique, qu’elles ne font plus nid dans Listoire, mais alors de la même manière et comme symé­tri­que­ment, je dirais qu’a prio­ri il est inutile voire vaseux voire chiant de venir nous faire remar­quer qu’il n’y aura pas eu de texte, de style, de tra­vail ou de dra­ma­tur­gie ; parce qu’on le sait, et que même d’une cer­taine façon on est payés pour le savoir.

My typi­cal steak mari­nade that I crea­ted est le titre de l’im­pro­vi­sa­tion don­née à Marseille le 11 octobre der­nier, à ActOral. C’est un truc tra­vaillé lors d’heures péram­bu­la­toires-réjouis­santes inti­tu­lées Going to the beach for culture, dont nous publie­rons bien­tôt ou un jour ou peut-être pas les minutes.

La phrase My typi­cal steak mari­nade that I crea­ted est un men­tisme né lors de ces péram­bu­la­tions. Il est issu d’un com­men­taire spam­meur qui vante une recette de mari­nade pour steak sup­po­sé­ment unique :

I had bought some prime rib steaks and wan­ted a good recipe, some­thing other than my typi­cal steak mari­nade that I crea­ted.1

L’espèce de redon­dance égo­trip­pée de my steak mari­nade that I crea­ted, et son asso­cia­tion avec l’ad­jec­tif typi­cal, un adjec­tif éva­lua­tif nor­ma­le­ment réser­vé à un juge exté­rieur, le fait que la typi­ci­té soit décré­tée de l’in­té­rieur, uni­la­té­ra­le­ment, for­mel­le­ment pro­cla­mée, comme sur un dépliant tou­ris­tique, ce décret de vibrante sin­gu­la­ri­té fit pour nous de l’expression steak mari­nade le mème conden­sa­teur de la bana­li­té et de la typi­ci­té, le schème com­mun actua­li­sé de la sin­gu­la­ri­té contem­po­raine (publi­ci­taire, sou­cieuse de son effet).

  1. J’avais ache­té des entre­côtes de bœuf et cher­chais une bonne recette, autre chose que ma mari­nade pour steak typique que j’ai créée.

DÉPRIM
Département d’Étude&Évaluation des Procédures de Raréfaction des Insuccès du Matin

Objet : compte-ren­du de la mati­née du lun­di 6 octobre 

Compte-ren­du
Un indice libi­di­nal éle­vé et une acti­vi­té géni­tale stable s’al­lient à une consis­tance des selles de caté­go­rie 5 pour faire de la mati­née du 6 octobre une réus­site en terme de lun­di, mal­gré une odeur d’u­rines fort âcre qui semble indi­quer un début de geinte hépa­tique. Un bijou d’han­go­vère com­mu­nique la féli­ci­té, mais rai­son­na­ble­ment. Avant-douche pro­duc­tif : lec­ture, tra­duc­tion, beau­coup d’ac­quies­ce­ment, consul­ta­tion des sta­tis­tiques du blog (encore beau­coup – trop ? – de Chinois per­dus). Absence notable de ron­chon (les news lassent oppor­tu­né­ment) mais « vive » « émo­tion de l’âme » sur (l’é­chelle de) l’âme au constat que la nuit du 5 au 6 n’a pas suf­fi, mal­gré des rêves enga­geants, à mater l’infor­thune. Côté corps, des pro­blèmes urti­cants hâtent la douche. Après-douche consa­cré à la rédac­tion de la pré­sente. Note pros­pec­tive : si le déli­cat virage du repas est bien négo­cié, les pré­vi­sions concer­nant l’en­tiè­re­té du seg­ment [lun­di 6 octobre 2014] pour­raient être revues à la hausse.

Note de la mati­née 6 /10 (note moyenne des lun­dis : 1)

Détail du barème
Intensité émo­tion­nelle : basse.
Dominante âme : indif­fé­rence conqué­rante.
Dominante fait : gaule pas piquée des han­ne­tons.
Composition émo­ti­cône : ?,-_()

Note du compte-ren­du 5/10
Ce pre­mier com­mu­ni­qué du DEPRIM est trop peu soi­gné pour espé­rer dépas­ser la moyenne. En plus en tant que pre­mier com­mu­ni­qué son rôle est de déter­mi­ner une moyenne donc voi­là. À l’a­ve­nir, on gagne­ra à cen­su­rer ce ton par trop imi­ta­tif des bul­le­tins météos. En revanche, on ne peut que saluer la cri­tique d’une concep­tion pro­ces­suelle du gei­gne­ment et du ron­chon­ne­ment qui s’ex­prime dans l’emploi des déver­baux « geinte » et « ron­chon ».

Temps de pré­pa­ra­tion (pour une per­sonne ou moins)
20 (vingt) minutes d’heure envi­ron

Appréciation géné­rale
Encore un beau tra­vail de mufle.
« Internet. »