La vraie vie est d’avoir une voiture amie vivre est vivre avec une voiture amie il est vrai que la vraie vie est d’avoir avec soi une voiture une voiture amie que c’est vivre en vie avec une voiture amie de vivre avec avec une voiture à soi avec une voiture amie avec une vraie voiture à soi voilà la vraie vie est d’avoir une voiture avec soi une belle voiture une voiture qui soit une amie la vraie vie est d’avoir une amie une voiture d’avoir comme amie une voiture amie de vivre avec d’aller avec une belle voiture amie une vraie voiture voilà la vraie vie est de vivre avec avec une vraie voiture à soi la vraie est vie est là avec cette belle voiture qui est une amie voilà la vie vivre avec une voiture amie qui est belle qui est là qui est à soi voilà la belle voiture qui est une amie avec laquelle vivre toute la vraie vie vivre une voiture vivre une voiture à soi vivre avec une belle amie vivre une vraie vie une vraie vie qui est une vraie voiture avec à soi une vraie vie de voiture amie à soi avec une vraie belle voiture qui va partout.
Lu
nous formons le monde
nous formons un monde magique
nous nous goûtons
nous faisons de la magie
nous sommes en conversation avec le démon
le fait d’être avec le démon
nous savons
nous avons le ce que nous avons pour avoir conscience
assez de cœur
nous avons assez de cœur
nous avons pour avoir conscience assez de cœur pour savoir
le démon pour être en train de converser avec le assez de
cœur de le démon
nous avons faim
nous avons la tentation de faire l’amour
nous sommes heureux
nous sommes heureux de faire l’amour
nous avons autant de cœur
nous avons tout autant de cœur
nous avons tout ce que le ce cœur nous avons fait un monde avec un démon
nous avalons
nous ravalons
nous avons autant le cœur de le savoir
nous avons une vie
nous avons autant la vie
nous avons autant de vie
nous avons un v vivant dans voulu dans vivant dans vie
le démon vient dans le, dans le cœur assez grand
et assez vivant pour qui le savent
nous avons le cœur assez grand pour le savoir
nous avons le tout ce que nous avons pour avoir conscience
nous avons conscience nous avons faim
nous goûtons
nous avons su valoir nous avons voulu savoir
nous avons su avant de commencer
nous avons un grand cœur qui va vouloir qui veut
toujours s’étaler dans la position d’en venir à revouloir savoir
toujours dans la position d’être conscient le vouloir savoir
le démon goûte le cœur
nous avons formé le monde avec un démon
le démon goûte le cœur et le cœur demande au démon
le cœur et le démon sont de la même sorte
le cœur et le démon ils font de la magie
nous avons formé un monde magique
d’où le fait que nous sommes dans un monde magique
la vie n’est pas à un autre endroit que la vie au cœur
où nous avons assez à boire
d’où le fait que nous sommes dans un monde magique
parce qu’il vogue
parce qu’il n’a pas de volonté
ni d’avant ni d’avalanche
parce qu’il est avant tout inventé
et ivre
et avant tout il est inventé il est inversé et il est ivre
soulevons
soulevons-le
nous avons assez de cœur pour soulever avec le cœur
et le démon et la conversation avec le démon et le monde magique
car nous avons formé le monde
et le monde est magique
nous produisons
nous nous produisons
nous procédons à notre destruction
comment nous nous procédons ?
nous nous produisons
nous procédons à notre destruction
où nous nous détruisons se produit
la destruction massive se produit
avec quoi nous ensevelissons-nous ?
nous nous ensevelissons dans la destruction
comment elle se produit ?
nous nous produisons
nous nous sommes faits de la destruction par ensevelissons-nous
où nous nous sommes mis à nous ensevelir
exactement où nous nous sommes mis à nous ensevelir
nous n’y coupons pas
nous avons autant le cœur de le savoir et assez de cœur
pour en avoir conscience
nous qui nous formons la destruction
nous nous mettons dedans
ce qui nous procède
nous nous mettons à procéder
à nous procéder à la destruction
nous nous produisons et nous formons le monde
le monde est magique
et dans quatre mois c’est l’été
mars avril mai juin
un deux trois quatre
quatre mois à tenir avant que ça soit l’été
quatre mois c’est pas long
ça passe assez vite
en attendant quatre mois ça passe assez vite et on est
d’un coup
dans l’été chaud
en pleine chaleur
en plein mois de juin
quand il fait très chaud en plein milieu de la journée
dans quatre mois et on est dedans
Précisément, les possibilités du langage s’arrêtent aux limites du monde, et inversement ; l’appréhension du monde comme totalité limitée coïncide purement et simplement avec la reconnaissance des limites du langage : elle consiste à se rendre compte à « sentir » que, d’une certaine manière, le dernier mot n’est pas dit par ce que le langage permet de dire, bien que l’on ne puisse rien dire de plus que ce que le langage permet de dire. Toute limite exprimable est nécessairement une limite factuelle, c’est-à-dire intramondaine (…) Les limites du monde ne sont donc pas les limites d’une totalité considérée en extension, ce sont les limites de la factualité ; et ce qui est à l’extérieur de ces limites est, comme l’indiquent clairement certaines remarques des Carnets, le « sens » ou la « valeur ».
Et aussitôt le problème se pose : si l’énoncé est bien l’unité élémentaire du discours, en quoi consiste-t-il ? Quels sont ses traits distinctifs ? Quelles limites doit-on lui reconnaître ? Cette unité est-elle ou non identique à celle que les logiciens ont désignée par le terme de proposition, à celle que les grammairiens caractérisent comme phrase, ou à celle encore que les « analystes » essaient de repérer sous le titre de speech act ? Quelle place occupe-t-elle parmi toutes ces unités que l’investigation du langage a déjà mises au jour, mais dont la théorie est bien souvent loin d’être achevée tant les problèmes qu’elles posent sont difficiles, tant il est malaisé dans beaucoup de cas de les délimiter d’une façon rigoureuse ?
Derrière le système achevé, ce que découvre l’analyse des formations, ce n’est pas, bouillonnante, la vie elle-même, la vie non encore capturée ; c’est une épaisseur immense de systématicités, un ensemble serré de relations multiples. Et de plus, ces relations ont beau n’être pas la trame même du texte, elles ne sont pas par nature étrangères au discours. On peut bien les qualifier de « prédiscursives », mais à condition d’admettre que ce prédiscursif est encore du discursif, c’est-à-dire qu’elles ne spécifient pas une pensée, ou une conscience ou un ensemble de représentations qui seraient, après coup et d’une façon jamais tout à fait nécessaire, transcrits dans un discours, mais qu’elles caractérisent certains niveaux du discours, qu’elles définissent des règles qu’il actualise en tant que pratique singulière. On ne cherche donc pas à passer du texte à la pensée, du bavardage au silence, de l’extérieur à l’intérieur, de la dispersion spatiale au pur recueillement de l’instant, de la multiplicité superficielle à l’unité profonde. On demeure dans la dimension du discours.
Avant d’avoir affaire, en toute certitude, à une science, ou à des romans, ou à des discours politiques, ou à l’œuvre d’un auteur ou même à un livre, le matériau qu’on a à traiter dans sa neutralité première, c’est une population d’événements dans l’espace du discours en général. Ainsi apparaît le projet d’une description des événements discursifs comme horizon pour la recherche des unités qui s’y forment. Cette description se distingue facilement de l’analyse de la langue. Certes, on ne peut établir un système linguistique (si on ne le construit pas artificiellement) qu’en utilisant un corpus d’énoncés, ou une collection de faits de discours ; mais il s’agit alors de définir, à partir de cet ensemble qui a valeur d’échantillon, des règles qui permettent de construire éventuellement d’autres énoncés que ceux-là : même si elle a disparu depuis longtemps, même si personne ne la parle plus et qu’on l’a restaurée sur de rares fragments, une langue constitue toujours un système pour des énoncés possibles : c’est un ensemble fini de règles qui autorise un nombre infini de performances. Le champ des événements discursifs en revanche est l’ensemble toujours fini et actuellement limité de seules séquences linguistiques qui ont été formulées ; elles peuvent bien être innombrables, elles peuvent bien, par leur masse, dépasser toute capacité d’enregistrement, de mémoire ou de lecture : elles constituent cependant un ensemble fini. La question que pose l’analyse de la langue, à propos d’un fait de discours quelconque, est toujours : selon quelles règles tel énoncé a‑t-il été construit, et par conséquent selon quelles règles d’autres énoncés semblables pourraient-ils être construits ? La description des événements du discours pose une tout autre question : comment se fait-il que tel énoncé soit apparu et nul autre à sa place ?
O Piazza Bologna in Rom ! Banca Nazionale Del
Lavoro und Banco Di Santo Spirito, Pizza Mozzarella
Barbiere, Gomma Sport ! Gipsi Boutique und Willi,
Tavola Calda, Esso Servizio, Fiat, Ginnastica,
Estetica, Yoga, Sauna ! O Bar Tabacci und Gelati,
breite Hintern in Levi’s Jeans, Brüste oder Titten,
alles fest, eingeklemmt, Pasticceria, Marcelleria !
O kleine Standlichter, Vini, Oli, Per Via Aerea,
Eldora Steak, Tecnotica Caruso ! O Profumeria
Estivi, Chiuso Per Ferie Agosto, o Lidia Di Firenze,
Lady Wool ! Cinestop ! Grüner Bus ! O Linie 62 und 6,
das Kleingeld ! O Avanti grün ! O wo ? P.T. und Tee Fredo,
Visita Da Medico Ocultista, Lenti A Contatto !
O Auto Famose ! Ritz Cräcker, Nuota Con Noi, o Grazie !
Tutte Nude ! O Domenica, Abfälle, Plastiktüten, rosa !
Vacanze Carissime, o Nautica ! Haut, Rücken, Schenkel
gebräunt, o Ölfleck, Ragazzi, Autovox, Kies ! Und Oxford,
Neon, Il Gatto Di Brooklyn Aspirante Detective, Melone !
Mauern ! Mösen ! Knoblauch ! Geriebener Parmigiano !
O dunkler Minimarket Di Frutta, Istituto Pirandello, Inglese
Shenker, Rolläden ! O gelbbrauner Hund ! Um die Ecke
Banca Commerziale Italia, Flöhe, Luftdruckbremsen, BP
Coupons, Zoom ! O Eva Moderna, Medaglioni, Tramezzini,
Bollati ! Aperto ! Locali Provvisori ! Balkone, o Schatten
mit Öl, Blätter, Trasferita ! O Ente Communale Di
Consumo, an der Wand ! O eisern geschlossene Bar Ferranzi !
O Straßenstille ! Guerlain, Hundeköttel, Germain Montail !
O Bar Fascista Riservata Permanente, Piano ! O Soldaten,
Operette, Revolver gegen Hüften ! O Super Pensione !
O Tiergestalt ! O Farmacia Bologna, kaputte Hausecke,
Senso Unico ! O Scusi ! O Casa Bella ! O Ultimo Tango
Pomodoro ! O Sciopero ! O Lire ! O Scheiß !
Hier steht ein Gedicht ohne einen Helden.
In diesem Gedicht gibts keine Bäume. Kein Zimmer
zum Hineingehen und Schlafen ist hier in dem
Gedicht. Keine Farbe kannst du in diesem
Gedicht hier sehen. Keine Gefühle sind
in dem Gedicht. Nichts ist in diesem Gedicht
hier zum Anfassen. Es gibt keine Gerüche hier in
diesem Gedicht. Keiner braucht über einen Zaun
oder über eine Mauer in diesem Gedicht zu klettern.
Es gibt in diesem Gedicht hier nichts zu fühlen.
Das Gedicht hier kannst du nicht überziehen.
Es ist nicht aus Gummi. Kein weißer Schatten
ist in dem Gedicht hier. Kein Mensch kommt
hier in diesem Gedicht von einer Reise zurück.
Kein Mensch kommt in diesem Gedicht hier atemlos
die Treppe herauf. Das Gedicht hier macht keine
Versprechungen. In dem Gedicht stirbt auch keiner.
In diesem Gedicht spürst du keinen Hauch. Es gibt
keinen Laut der Freude in dem Gedicht hier. Kein
Mensch ist in dem Gedicht hier verzweifelt. Hier
in dem Gedicht ist es ganz still. Niemand
klagt in diesem Gedicht. Niemand redet hier
in dem Gedicht. Hier in diesem Gedicht schlagen
sich auch keine Arbeiter wund. Das Gedicht hier
steht einfach nur hier. Es enthält keine Schlüssel
zum Aufschließen von Türen. Es gibt keine Türen
in diesem Gedicht. Das Gedicht hier ist ohne
Musik. Es singt keiner in diesem Gedicht, und
keiner macht hier in diesem Gedicht jemanden
nach. Keiner schreit hier in dem Gedicht, flucht,
fickt, ißt und nimmt ein Rauschmittel. Es gibt in
diesem Gedicht keine bombastische Ausstattung
für dich. Das Gedicht hier geht nicht, liegt nicht,
schläft nicht, es kennt keinen Tag, es kennt keine
Nacht. Du brauchst hier in diesem Gedicht keine
Rechnungen zu bezahlen. Es gibt keinen Hausbesitzer
in dem Gedicht hier, der die Miete erhöht. Es gibt
keine Firmen in diesem Gedicht. Es gibt in dem
Gedicht keinen Staat Kalifornien. Es gibt kein
Oregano in dem Gedicht. In diesem Gedicht gibts
kein Meer. Du kannst in dem Gedicht hier nicht
schwimmen. Das Gedicht, das hier steht, enthält keine
Wärme, das Gedicht enthält keine Kälte. Das Gedicht
hier ist nicht schwarz, es hat keine Fenster und
kennt keine Angst. Das Gedicht hier zittert
nicht. Das Gedicht hier ist ohne Spiegel. In diesem
Gedicht gibts auch kein Spiegelei. Einen Supermarkt
gibt es hier in diesem Gedicht nicht. Das Gedicht,
das du hier liest, hat keine Titten und keine Fohse,
das Gedicht hier ist völlig körperlos. Keiner stöhnt
hier in dem Gedicht. Das Gedicht blutet nicht, es
verschweigt nichts, das Gedicht hat keine Regel,
das Gedicht ist kein Zitat, für keinen. Hier in
diesem Gedicht findet niemand einen Pfennig,
und hier in diesem Gedicht fährt kein Mensch mit
einem Auto. Keine Reifen quietschen um die Ecke.
In diesem Gedicht lutscht niemand zärtlich an
einem Schwanz. Es gibt hier in dem Gedicht keine
Lampen. Das Gedicht ist kein gelber Schal. Das
Gedicht, auf das du hier schaust, hustet nicht.
Hier in dem Gedicht kannst du nicht küssen.
Hier in diesem Gedicht wird auch nicht gepißt. Du
kannst mit diesem Gedicht nichts anfangen. Das
Gedicht besteht aus lauter Verneinungen. Die
Verneinungen in diesem Gedicht werden immer mehr.
Hier gibts keinen Kiff in dem Gedicht. In diesem
Gedicht lacht kein Mensch. Das Gedicht kennt keine
Arbeit. Niemand sieht in diesem Gedicht Fernsehen.
Das Gedicht trägt keine Uhr. Das Gedicht ist nicht
zeitlos. Es braucht soviel Zeit, wie du brauchst,
um das Gedicht hier zu lesen. Kein Wasserhahn
tropft in dem Gedicht hier, und keiner verlangt
in dem Gedicht hier nach Zigaretten. Hier das
Gedicht gibt kein Trinkgeld. Keine Toilette ist
hier in dem Gedicht. Es gibt keine Stadt in diesem Gedicht.
Hier in dem Gedicht wäscht keiner sich die
Füße. In die Schule zu gehen, ist hier in dem Gedicht
nicht nötig. In dem Gedicht leckt auch keiner eine
Möhse. Dein Geschlechtsteil richtet sich hier in
dem Gedicht nicht auf. Du kannst hier in dem Gedicht
dich nicht hinsetzen und denken. Das Gedicht hier
ist nicht der Staat. Es ist nicht die Gesellschaft.
Es ist kein Flipperautomat. Das Gedicht hier hat
keinen Hund. Mit diesem Gedicht kann sich keiner
identifizieren. Keine Polizisten fahren in diesem
Gedicht herum und suchen nach einem Bruch. Eine Kuh
liegt hier in diesem Gedicht nicht. Das Gedicht hier
ist nicht gedankenlos. Das Gedicht hier ist nicht
gedankenvoll. In dem Gedicht erscheint auch kein
Sommertag. Es ist niemals Dienstag in diesem Gedicht,
es gibt keinen Mittwoch in diesem Gedicht, es herrscht
nicht Freitag in diesem Gedicht und kein Donnerstag
fehlt in dem Gedicht hier. Es ist nicht Montag,
Samstag und Sonntag in hier dem Gedicht. Das Gedicht
hier ist nicht die Verneinung von Montag oder
Donnerstag. Das Gedicht hört hier einfach auf.
Die Geschichtenerzähler machen weiter, die Autoindustrie macht weiter, die Arbeiter machen weiter, die Regierungen machen weiter, die Rock’n’Roll-Sänger machen weiter, die Preise machen weiter, das Papier macht weiter, die Tiere und Bäume machen weiter, Tag und Nacht macht weiter, der Mond geht auf, die Sonne geht auf, die Augen gehen auf, Türen gehen auf, der Mund geht auf, man spricht, man macht Zeichen, Zeichen an den Häuserwänden, Zeichen auf der Straße, Zeichen in den Maschinen, die bewegt werden, Bewegungen in den Zimmern, durch eine Wohnung, wenn niemand außer einem selbst da ist, Wind weht altes Zeitungspapier über einen leeren grauen Parkplatz, wilde Gebüsche und Gras wachsen in den liegengelassenen Trümmergrundstücken, mitten in der Innenstadt, ein Bauzaun ist blau gestrichen, an den blauen Bauzaun ist ein Schild genagelt, Plakate ankleben Verboten, die Plakate, Bauzäune und Verbote machen weiter, die Fahrstühle machen weiter, die Häuserwände machen weiter, die Innenstadt macht weiter, die Vorstädte machen weiter. Einmal sah ich eine Reklame für elektrische Schreibmaschinen in einem Schaufenster, worin Büromöbel ausgestellt waren. Ein Comicbildchen zeigte, wie jemand Zeichen in eine Steinplatte schlug, und eine Fotografie zeigte eine Schreibmaschine. Ich war verblüfft. Wo ist der Unterschied, fragte ich mich. Sie wollten mir doch damit einen Unterschied klar machen. Hier sitze ich, an der Schreibmaschine, und schlage Wörter auf das Papier, allein, in einem kleinen engen Mittelzimmer einer Altbauwohnung, in der Stadt. Es ist Samstagnachmittag, es ist Sonntag, es ist Montag, es ist Dienstagmorgen, es ist Mittwoch, es ist Donnerstag, es ist Freitagnachmittag, es ist Samstag und Sonntag. Es ist ein erstaunliches Gefühl, meine ich, das den Verstand erstaunt. Nun erinnere ich mich, an mich selbst, und da gehe ich eine lange Strecke zurück, gehe|über warme Asphaltschichten von Seitenstraßen, die Turnschuhe kleben daran, aus einer Musikbox, ganz weit zurück, kommt Rock’n’Roll-Musik und läßt mich die lateinische Übersetzung vergessen. Ich haue ab, trete über verharschte Wiesen im Winter, außerhalb des Ortes, schleppe die Schultasche mit den Büchern mit mir herum, bis Mittag ist und ich zum Mittagessen kann, hellweiße kalte Vormittage in Norddeutschland mit den Wetterberichten nach den Nachrichten. Zwischen den weißen, frischen, zusammengelegten Bettlaken im Schlafzimmerschrank lag immer eine kleine mattschwarz glänzende Pistole, bequem für eine Handtasche. Und wie war das Wetter, als ich geboren wurde ? Meine Eltern waren jung, sie sprachen deutsch. Ich mußte das erst lernen, man wächst immer in eine schon gesprochene Welt rein. Das Lernen macht weiter. Deutsch macht weiter. Wiesen im Winter und warme Asphaltstraßen machen weiter, die Straßenecke macht weiter, die Wetterberichte machen weiter, die Bücher machen weiter, Pistolen, Schultaschen, Turnschuhe machen weiter. Die Nachrichtensprecher machen weiter. Der Sonntag macht weiter. Der Montag macht weiter. Der Postbote macht weiter. Der Dill macht weiter, und die Blätter machen weiter, die Zwiebeln, die Kuh, die Steine, der Film. Der Schallplattenspieler, repariert, macht weiter. Auch die Interpretationen machen weiter. Es sind die Bücher. Ich muß bei diesem Satz sehr lachen. Das Lachen ist angenehm. Als ich in einem gräßlich eingerichteten Apartment in Austin morgens gegen fünf Uhr auf dem vollgepackten Koffer kniete und die Kofferschlösser zuzukriegen versuchte, hörte ich aus dem Radio ein Lied, das mir sofort, nachdem es angefangen hatte, gefiel. Ich stelle das Lied, so wie ich es nach der Schallplatte aufgeschrieben habe, als erstes Gedicht hierher, denn mir gefällt es noch immer, und ich denke, daß das Lied gut als Zitat für meine Gedichte paßt. Der Beifall macht weiter, die Wörter machen weiter, die Knöpfe machen weiter, der Stoff macht weiter, das Marihuana macht weiter, was hat die Grammatik mit Marihuana zu tun ? Das Marihuana war sanft und würzig. Die teueren Vororte sind durch Stille gesichert. Manchmal gibt es dort keine Fußgängerwege, und nur manchmal sieht man, beim Hindurchgehen, ein erhelltes Fenster, ganz oben, unterm Dach. Davor werden Bäume bewegt. Im Moment habe ich keinen Hunger, obwohl ich weiß, daß der Hunger weitermacht, der Moment weitermacht, die Erde weitermacht, die sozialen Lagen machen weiter, und der Hund, der in der Nachbarwohnung eingesperrt ist und schon den ganzen Morgen bellt, macht weiter. »Die Erklärung ist sinnlos. Der Finger ist sprachlos«, wie R.D. Laing sagt. Ich blättere durch Bücher. Ich fliege etwas und sehe : »So wie der Nahrungstrieb sich subjektiv als Hunger und objektiv als »Tendenz« zur Erhaltung des Individuums präsentiert, so der Sexualtrieb subjektiv als Bedürfnis nach Sexualbefriedigung und objektiv als »Tendenz« zur Erhaltung der Art. Diese objektiven Tendenzen< sind aber keine konkreten Gegebenheiten, sondern bloß Annahmen. Es gibt in Wirklichkeit ebensowenig eine Tendenz zur Erhaltung der Art wie eine solche zur Erhaltung des Individuums.« Erstaunlicher Wilhelm Reich, schöne Sexualität, die weitermacht, und tatsächlich, Utopia ist eine Kiste. Das Geld macht weiter, und die Zusammenbrüche, wie die Songs weitermachen. Ich hätte gern viele Gedichte so einfach geschrieben wie Songs. Leider kann ich nicht Gitarre spielen, ich kann nur Schreibmaschine schreiben, dazu nur stotternd, mit zwei Fingern. Vielleicht ist mir aber manchmal gelungen, die Gedichte einfach genug zu machen, wie Songs, wie eine Tür aufzumachen, aus der Sprache und den Festlegungen raus. Mag sein, daß deutsch bald eine tote Sprache ist. Man kann sie so schlecht singen. Man muß in dieser Sprache meistens immerzu denken, und an einer Stelle hörte ich, wie jemand fluchte : Ihr Deutschen mit Euren Todeswünschen, wenn Ihr sprecht ! Bezogen auf die Erfindung der Psychoanalyse stimmt das. Was für Entzückungen eine Straße entlangzugehen, während die Sonne scheint. Die Gedichte, die ich hier zusammengestellt habe, sind zwischen 1970 und 1974 geschrieben worden, zu den verschiedensten Anlässen, an den verschiedenen Orten, ob sie gut sind ? fragst Du. Es sind Gedichte. Auch alle Fragen machen weiter, wie alle Antworten weitermachen. Der Raum macht weiter. Ich mache die Augen auf und sehe auf ein weißes Stück Papier.
R.D.B. 11./12. Juli 1974, Köln
Contrairement à ce qui se passe dans le mentisme, l’idée dont il s’agit s’implante dans le front comme un clou dans le mur ; elle est toujours là… c’est la tache e sang qui renaît sans cesse sous la main homicide de Macbeth ! Elle le symptôme dominant et obligé de la nostalgie, de la monomanie homicide et de la plupart des suicides ; elle est l’élément des déterminations criminelles et celui, parfois, des grandes découvertes.
J’ai vécu dans l’intimité d’un savant fort redoutable sur le terrain de la dialectique, qui finit par m’avouer que toutes les fois qu’il se faisant les ongles des orteils, il lui partait du front une multitude de fils qui s’étendaient aux extrémités de ses pieds ; fils d’autant plus nombreux que les ciseaux avaient empiété sur le corps de l’ongle. À mesure que celui-ci poussait, l’hallucination diminuait, puis disparaissait. Mr. X… savait très bien qu’il ne s’agissait là que d’une chimère, mais cette chimère l’obsédait, et, par-dessus tout, le mortifiait en ne lui laissant, pendant une dizaine de jours, ni repos ni trêve. C’est dans la soirée du 4 novembres 1856 qu’il me fit cette confession ; avant de la faire, il éteignit sa lampe pour me dissimuler une partie de sa honte. Bossuet, ce cerveau si ferme et si saturé de génie, eut à supporter, dans les derniers temps de sa vie, ce genre de fixité. Sa mémoire était, en dépit de lui-même, sans cesse occupée des Odes d’Horace. Il ne pouvait songer à autre chose, il s’en plaignait à ses amis, et se faisait lire les vers du poëte pour alléger la peine que lui causait cette nécessité intellectuelle.
[…]L’idée dont je parle a sa plus grande importunité durant la nuit, car alors on la sent plus épineuse et on la voit, sans reflet d’aucune autre, comme Damoclès voyait l’épée du tyran de Syracuse. Ce qu’il y a à noter, c’est que cette fixité n’a pas toujours lieu pendant le sommeil : chez moi, du moins, elle n’envahissait le rêve que de loin en loin. Mes moyens pour la mitiger étaient de chantonner, de déclamer les passages les plus vigoureux de nos auteurs tragiques, de lire les mots successifs d’un dictionnaire afin d’accabler, par superstition, celui dont le sens me torturait. Enfin, quand je ne pouvais ni lire, ni me souvenir, je tirais de fines mèches de cheveux en vue de diriger mon attention sur le mal que me produisait un tel manège. Oh ! misère ! archi-misère ! J’ai dit, dans les premières pages du présent livre, les ressources que je mettais en œuvre pendant la journée afin d’écarter ce symptôme. La seule chose qui puisse le modifier, le suspendre et même l’anéantir, c’est la venue instantanée d’une personne qui nous est chère.
Il m’arrivait quelquefois d’avoir affaire à deux idées qui se faisaient si bien équilibre que je ne pouvais en choisir une pour supplanter l’autre. C’est ce qu’éprouvent ceux de mes pauvres prisonniers [Dumont est à cette époque médecin en prison, ndr] qui se savent portés sur le tableau des grâces ; ils sont ballottés entre le oui et le non ; c’est-à-dire entre la continuation de leur esclavage et la liberté, le désespoir et l’espérance !… lutte abominable à laquelle j’en ai vu succomber !
Voici une remarque qui m’est propre et que j’insère en raison de la valeur pratique que je lui attribue. Mr de X… appartenait à la haute aristocratie et possédait plus de cent mille livres de rentes pour soutenir l’éclat de son blason. Marié depuis six ans, il n’avait pu se procurer qu’un seul enfant, et encore était-ce une fille ! Le jeune ménage fut affecté de cette peine que le bon Dieu, dans sa justice, ne manque pas d’envoyer à la plupart de ceux qui, étant dans cette condition, ont un nom et une fortune à transmettre ; il lui fallait un héritier… Le mari me dit un jour avec un peu d’embarras : « Docteur, que pourrais-je donc bien faire pour donner un enfant de plus à ma femme ?… » Je souris et marmottai : « Mais il faut, il faut… — Pardieu ! riposta-t-il, soyez assuré que je… — Eh, monsieur le Comte, faites beaucoup moins… et, par-dessus tout, faites en sorte que votre compagne se dégage de la constante préoccupation que vous accusez ; car, à mon sens, cette préoccupation constitue un véritable élément de stérilité. » Je faisais là l’application de mon expérience en ce qui regarde les productions de la pensée, puisque j’étais sous le coup de cette vérité que plus je cherchais à venir à bout d’une œuvre de l’esprit, si minime qu’elle fût, et plus je m’éloignais de sa réalisation. Je conseillai une séparation de quelques mois, des bains de mer, beaucoup de distractions prises de part et d’autre. M. de X… ne tarda pas à entonner le Nunc dimittis.
Sous tous les rapports ont doit se défier de l’idée fixe, si douce qu’elle puisse quelquefois se présenter. […]
L’idée fixe est susceptible de transformation et de déplacement. Elle siégeait tout à l’heure sous le front, et, par une métastase, la voilà sur la langue, obligeant celle-ci à répéter continuellement, ou à peu près, le mot qui la représente. À ce phénomène en survient un autre, que je n’ai vu désigné en aucun ouvrage du genre ; c’est-à-dire que le mot, d’abstrait qu’il était, semble se matérialiser et produit la sensation que déterminerait, je suppose, le noyau d’une cerise conservée dans la bouche après l’avoir dépouillé de sa pulpe. C’est ce que je nomme la chique nerveuse. Aujourd’hui, je ne me trouve que rarement soumis à cette aberration ; quand elle me surprend, c’est comme avant-courrière d’un accès de spleen. J’ai, en 1861, répété involontairement pendant trois jours le nom de M. Pitre-Chevalier, que j’avais rencontré descendant du château. Ce phénomène me saisit en apprenant l’accident de voiture qui avait failli tuer cet homme de lettres en s’en retournant à Paris et que je venais de voir au Mont-Saint-Michel. De semblables mots n’ont rien de pénible, si ce n’est en ce qu’ils témoignent d’une irrégularité physiologique ; tandis qu’il n’en est pas de même à l’égard de ceux qui expriment mes plus grands objets de notre répugnance. Ceux-ci retentissent dans l’universalité de nos sensations : tels sont, ou ont été pour moi : folie, suicide, tétanos, rage, épilepsie, cécité, mort.
À l’époque dont je parle, mon mauvais génie ne se bornait pas à me tracasser au moyen d’un seul mot ; il m’imposait des phrases entières. Un homme de mon voisinage venait de se marier en délaissant une jeune fille qu’il avait trompée ainsi que l’enfant qui était né de leur commerce. Ce trait de félonie, malheureusement si commun et si impuni, avait donné lieu à une scène populaire que j’approuvais tant elle me semblait légitime. Or, ce distique de Victor Hugo me revenant à la pensée, je le répétai à tout instant durant près de trois semaines.
Ah ! n’insultez jamais une femme qui tombe…
Qui sait sous quel fardeau sa pauvre âme succombe !…
Eh bien, mes maîtres, que dites-vous de ces vétilles, de ces minuties dont le mécanisme échappe à votre investigation tout autant que les plus effrayants et les plus mortels désordres ? Pour ceux-ci comme pour les autres, mieux vaut s’en tenir à l’avis de Rabelais, qui est : de « se aller frotter le cul aux panicauts, » plutôt que de se morfondre sur de pareils mystères. Ne vous demandez pas comment cela peut être ; reconnaissez – c’est tout ce que je sollicite – que cela EST, et faites-en part à vos disciples. […]