La nature est devant nous comme un ensemble de hié­ro­glyphes. Tout depuis les atomes jus­qu’aux astres forme un tableau des pas­sions humaines, un tableau hié­ro­gly­phique qui livre d’au­tant plus de signi­fi­ca­tions et peut-être d’in­ten­tions que nous savons mieux regar­der. Le voile d’ai­rain n’est que pour les aveugles. Toutes les formes natu­relles révèlent leur secret si on les inter­roge libre­ment, si on ne met pas d’a­bord la nature en pri­son sous des lois abs­traites et trop simples.

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chap. 11  : « Hiéroglyphes »

Une conjonc­ture phi­lo­so­phique peut être appré­hen­dée à la fois à par­tir de ce qu’Alain de Libera nomme « l’horizon du ques­tion­nable » et à par­tir de la logique propre du débat. L’horizon du ques­tion­nable, c’est le stock d’énoncés dis­po­nibles à un moment don­né de l’histoire. Au Moyen Âge, ce stock est aisé­ment iden­ti­fiable : il cor­res­pond à un cor­pus tech­nique, les auc­to­ri­tates (pro­po­si­tions phi­lo­so­phiques ayant une valeur défi­ni­tion­nelle ou opé­ra­toire). Par logique du débat, il faut entendre simul­ta­né­ment les inva­riants que consti­tuent les conti­nui­tés inter­pré­ta­tives, les réar­ran­ge­ments de ces struc­tures, et les « dis­con­ti­nui­tés épis­té­miques » (recom­bi­nai­son d’éléments « irré­duc­tible à la donne ini­tiale »). La logique du débat asso­cie donc des conti­nui­tés struc­tu­rales et des recom­bi­nai­sons du savoir : l’histoire de ses trans­for­ma­tions per­met de mon­trer que le pro­blème des uni­ver­saux est un « conden­sa­teur d’innovations ». Le point de départ est tou­jours le carac­tère conflic­tuel des réponses appor­tées à une ques­tion pré­cise : les uni­ver­saux sont-ils des choses, des concepts ou des noms ? Le pro­blème phi­lo­so­phique n’est pas réfé­ré à la nature de l’esprit humain, mais à l’historicité de struc­tures pro­blé­ma­tiques et de grilles d’interprétation contrai­gnantes qui sont pré­ci­sé­ment l’objet de l’analyse de l’historien de la phi­lo­so­phie. Si la pro­blé­ma­tique des uni­ver­saux naît de la confron­ta­tion per­ma­nente entre l’aristotélisme et le pla­to­nisme au sein de l’œuvre d’Aristote lui-même, le pro­blème des uni­ver­saux tel qu’il s’est consti­tué dans la phi­lo­so­phie médié­vale appa­raît comme « une figure du débat qui, depuis l’Antiquité tar­dive, oppose et ras­semble à la fois le pla­to­nisme et l’aristotélisme ». Il est clair qu’on ne trouve aucu­ne­ment dans le livre d’Alain de Libera les élé­ments d’une approche socio­lo­gique de l’objet phi­lo­so­phique. Les réseaux qui donnent lieu aux figures du débat sont des « réseaux concep­tuels » et non des réseaux sociaux. Mais le débat entre les mérites expli­ca­tifs com­pa­rés de l’histoire intel­lec­tuelle et de l’histoire sociale (qui est consti­tu­tif de la riva­li­té entre sciences sociales et phi­lo­so­phie et qui tra­verse toute l’histoire de la phi­lo­so­phie uni­ver­si­taire fran­çaise moderne) est moins impor­tant que leur capa­ci­té à his­to­ri­ci­ser une confi­gu­ra­tion polé­mique : nous trou­vons ici une contri­bu­tion à la connais­sance des dis­po­si­tifs par les­quels les débats mobi­lisent des réseaux notion­nels et abou­tissent au fait que cer­taines ques­tions phi­lo­so­phiques sont capables de « créer leur propre durée ».

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« Controverses scien­ti­fiques, contro­verses phi­lo­so­phiques »
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Enquête n° 5
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p. 11–34
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Il y a le stock d’é­non­cés dis­po­nibles à chaque moment de l’his­toire, sur quoi le tra­vail du phi­lo­sophe s’exerce concrè­te­ment, qui défi­nit pour lui l’ho­ri­zon du ques­tionn­nable. Au Moyen Age, ce champ d’é­non­cés dis­po­nibles a un nom tech­nique : ce sont les auc­to­ri­tates, les « auto­ri­tés », c’est-à-dire les pro­po­si­tions phi­lo­so­phiques consi­dé­rées comme ayant une valeur défi­ni­tion­nelle ou opé­ra­toire. Il faut les recen­ser, dif­fé­ren­cier les champs pro­duits par leurs mul­tiples com­bi­nai­sons et, le cas échéant, leurs phases de latence et de retour.

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chap. 1  : « Un pro­blème struc­tu­ré »
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p. 27

[Méréologie : homéo­mères et anho­méo­mères – pan vs. olon : somme (“pan”) vs. tout (“olon”) [p. 265] : les homéo­mères (ordre et posi­tion des par­ties indif­fé­rents : somme -> “pan”) ; les anho­méo­mères (ordre et posi­tion des par­ties dans un ordre pré­cis : tout -> “olon”)]

La notion de com­po­si­tio uti­li­sée ici par Boèce ren­voie à celle d’a­gen­ce­ment ou de posi­tion réci­proque des par­ties d’un tout, uti­li­sée par Alexandre, après Aristote, pour expli­quer la dif­fé­rence entre les anho­méo­mères, tels que la mai­son, le visage ou la main, dont les par­ties doivent être ran­gées dans un cer­tain ordre, et les homéo­mères, comme l’eau et la terre, dans les­quels la posi­tion des par­ties est indif­fé­rente – ceux-ci rece­vant l’ap­pel­la­tion de « somme » (pan), ceux-là, celle de « tout » (olon).

Berkeley se recon­naît « capable d’abs­traire en un cer­tain sens ». Il dis­tingue donc deux sortes d’abs­trac­tion : l’abs­trac­tion authen­tique et la pseu­do-abs­trac­tion (celle qui, selon lui, pré­side chez Locke à la for­ma­tion des idées géné­rales abs­traites). Il y a abs­trac­tion authen­tique, « lorsque je consi­dère cer­taines par­ties ou qua­li­tés par­ti­cu­lières à part des autres, si mal­gré leur union en un objet, elles peuvent pour­tant exis­ter effec­ti­ve­ment de manière indé­pen­dante ». Il y a pseu­do-abs­trac­tion, lorsque je pré­tends « abs­traire l’une de l’autre ou me repré­sen­ter sépa­ré­ment des qua­li­tés qui ne pour­raient exis­ter sépa­ré­ment les unes des autres ».
Le point de départ his­to­rial de cette dis­tinc­tion est la théo­rie aris­to­té­li­co-alexan­dri­nienne de l’aphai­re­sis, for­mu­lée pour les uni­ver­saux et les « abs­trac­tions » (ie. les enti­tés mathé­ma­tiques), défi­nis­sant l’aphai­re­sis comme un acte de l’in­tel­lect conce­vant sépa­ré­ment (de la matière) quelque chose qui par soi n’existe pas à l’é­tat sépa­ré (de la matière). La par­ti­cu­la­ri­té de la doc­trine de Berkeley est de réduire le domaine de l’abs­trac­tion à cela seul qui peut/pourrait exis­ter sépa­ré­ment, de mécon­naître entiè­re­ment la dif­fé­rence entre « conce­voir sépa­ré­ment » et « conce­voir sépa­ré » et, acces­soi­re­ment (car, après tout cela, on peut dire que le mal est fait), de reje­ter d’a­vance toute pos­si­bi­li­té théo­rique d’ex­ten­sion aux enti­tés phy­siques du modèle géo­mé­trique de l’abs­trac­tion défi­ni par Alexandre et l’abs­trac­tion­nisme.
(…)
Telle que l’é­la­bore Berkeley, la dis­tinc­tion entre abs­trac­tion authen­tique et pseu­do-abs­trac­tion ne se hisse pas même au niveau de la dis­tinc­tion abé­lar­dienne entre « conce­voir les choses autre­ment qu’elles ne sont » et « conce­voir les choses autres qu’elles ne sont ». Il est clair, pour­tant, qu’une théo­rie comme la sienne gagne­rait en pro­fon­deur logique à médi­ter la dif­fé­rence intro­duite par Abélard entre des ques­tions comme <Q1.1> – « Est-ce que toute intel­lec­tion qui a une autre manière de viser que la chose de sub­sis­ter, est vaine ? » -, et <Q1 .2> – « Est-ce que toute intel­lec­tion visant une chose comme étant dis­po­sée autre­ment qu’elle est dis­po­sée, est vaine ? ». De même, la cri­tique ber­ke­leyenne de Locke gagne­rait en effi­ca­ci­té, si, comme le fait Abélard, elle dis­tin­guait entre « joindre men­ta­le­ment ce qui est natu­rel­le­ment dis­joint » et « croire en l’exis­tence » de ce qui est ain­si com­bi­né men­ta­le­ment.

Selon Sharples, l’abs­trac­tion porte donc sur l’u­ni­ver­sel qu’elle dégage (= libère) du par­ti­cu­lier, non sur le par­ti­cu­lier dont elle déga­ge­rait (= extrai­rait) l’u­ni­ver­sel : ce n’est pas une induc­tion allant du par­ti­cu­lier à l’u­ni­ver­sel, mais une abla­tion du par­ti­cu­lier qui laisse voir l’u­ni­ver­sel. L’idée est sédui­sante. Le registre du grec aphai­re­sis est, on l’a vu, plus large que celui de l””abstraction”, puis­qu’il inclut aus­si l’i­dée de “retran­che­ment” ou de “néga­tion”. Selon ces accep­tions, on peut donc être ten­té de dire qu’il y a moins, chez Alexandre, induc­tion abs­trac­tive de l’u­ni­ver­sel à par­tir de par­ti­cu­liers que retran­che­ment des acci­dents accom­pa­gnant un uni­ver­sel dans un par­ti­cu­lier, autre­ment dit des sen­sibles – l’u­ni­ver­sel, ain­si déga­gé, étant ipso fac­to d’ordre men­tal ou concep­tuel.

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chap. 1  : « Alexandre d’Aphrodise »
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p. 66–67

La thèse d’Alexandre est que les formes maté­rielles (enga­gées dans la matière) deviennent imma­té­rielles « quand elles sont connues sépa­ré­ment de la matière ». Cela ne veut pas dire que les abs­trac­tions (= les objets mathé­ma­tiques) sont des uni­ver­saux, mais que les uni­ver­saux et les abs­trac­tions sont des concepts pro­duits par une aphai­re­sis, i. e. par un acte de l’in­tel­lect consis­tant à conce­voir sépa­ré­ment (de la matière) quelque chose qui par soi n’existe pas à l’é­tat sépa­ré (de la matière). Or, c’est bien là selon nous l’o­ri­gi­na­li­té d’Alexandre : elle ne consiste pas à inter­pré­ter les objets mathé­ma­tiques comme des uni­ver­saux, mais tout au contraire à inter­pré­ter la pro­duc­tion des uni­ver­saux sur le modèle de l’abs­trac­tion des êtres mathé­ma­tiques.

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chap. 1  : « Alexandre d’Aphrodise »
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p. 45

Impatient as we were for all of them to join us,
The land had not yet risen into view : gulls had swept the gray steel towers away
So that it pro­fi­ted less to go sear­ching, away over the hum­ming earth
Than to stay in imme­diate rela­tion to these other things – boxes, store parts, wha­te­ver you wan­ted to call them –
Whose ins­tal­led­ness was the price of fur­ther revo­lu­tions, so you knew this com­bat was the last.
And still the rela­tion­ship waxed, billo­wed like sce­ne­ry on the breeze.

They are the same aren’t they,
The pre­su­med land­scape and the dream of home
Because the people are all home­sick today or des­pe­ra­te­ly slee­ping,
Trying to remem­ber how those rec­tan­gu­lar shapes
Became so extra­neous and so near
To create a fore­ground of quiet know­ledge
In which youth had grown old, chan­ting and sin­ging wise hymns that
Will sign for old age
And so lift up the past to be per­sua­ded, and be put down again.

The war­ning is nothing more than an aspi­rate « h » ;
The pro­blem is sket­ched com­ple­te­ly, like fire­works moun­ted on poles :
Complexion of eve­ning, the accu­rate voices of the others.
During Coca-Cola les­sons it becomes patent
Of noise on the left, and we had so skip­ped a stage that
The great wave of the past, com­poun­ded in deri­sion,
Submerged idea and non-drea­mer alike
In fal­set­to star­light like « puri­ty »
Of desi­gn that had been the first dan­ger sign
To wash the sti­cky, icky stuff down the drain – pfui !

How does it feel to be out­side and inside at the same time,
The deli­cious fee­ling of the air contra­dic­ting and secret­ly abet­ting
The inter­ior warmth ? But the land curdles the dis­may in which it’s writ­ten
Bearing to a final point of fol­ly and doom
The wis­dom of these gene­ra­tions.
Look at what you’ve done to the land­scape –
The ice cube, the olive –
There is a per­fect tri-city mesh of things
Extending all the way along the river on both sides
With the end left for thoughts on construc­tion
That are always tur­ning to alps and thre­sholds
Above the tide of others, fee­ding a European moss rose without glo­ry.

We shall very soon have the plea­sure of recor­ding
A per­iod of una­ni­mous ter­gi­ver­sa­tion in this res­pect
And to make that plea­sure the grea­ter, it is worth while
At the risk of tedious ite­ra­tion, to put first upon record a final pro­test :
Rather decaying art, genius, ins­pi­ra­tion to hold to
An impos­sible « calque » of rea­li­ty, than
« The new school of the tri­vial, rising up on the field of bat­tle,
Something of sludge and leaf-mold, » and life
Goes tri­ck­ling out through the holes, like water through a sieve,
All in one direc­tion.

You who were direc­tion­less, and thought it would solve eve­ry­thing if you found one,
What do you make of this ? Just because a thing is immor­tal
Is that any rea­son to wor­ship it ? Death, after all, is immor­tal.
But you have gone into your houses and shut the doors, mea­ning
There can be no fur­ther dis­cus­sion.
And the river pur­sues its lone­ly course
With the sky and the trees cast up from the land­scape
For green brings unhap­pi­ness – le vert Porte mal­heur.
« The char­treuse moun­tain on the absinthe plain
Makes the strong man’s tears tumble down like rain. »

All this came to pass eons ago.
Your pro­gram wor­ked out per­fect­ly. You even avoi­ded
The mono­to­ny of per­fec­tion by lea­ving in cer­tain flaws :
A back­ward way of beco­ming, a for­ced hand­shake,
An absent-min­ded smile, though in fact nothing was left to chance.
Each detail was start­lin­gly clear, as though seen through a magni­fying glass,
Or would have been to an ideal obser­ver, name­ly your­self –
For only you could watch your­self so patient­ly from afar
The way God watches a sin­ner on the path to redemp­tion,
Sometimes disap­pea­ring into val­leys, but always on the way,
For it all builds up into some­thing, mea­nin­gless or mea­ning­ful
As archi­tec­ture, because plan­ned and then aban­do­ned when com­ple­ted,
To live after­wards, in sun­light and sha­dow, a cer­tain amount of years.
Who cares about what was there before ? There is no going back,
For stan­ding still means death, and life is moving on,
Moving on towards death. But some­times stan­ding still is also life.

§ 6. Ainsi donc ces connais­sances des prin­cipes ne sont pas en nous toutes déter­mi­nées ; elles ne viennent pas non plus d’autres connais­sances plus notoires qu’elles ; elles viennent uni­que­ment de la sen­sa­tion. A la guerre, au milieu d’une déroute, quand un fuyard vient à s’ar­rê­ter, un autre s’ar­rête, puis un autre encore, jus­qu’à ce que se reforme l’é­tat pri­mi­tif de l’ar­mée ; de même l’âme est ain­si faite qu’elle peut éprou­ver quelque chose de sem­blable.

§ 7 C’est ce qui déjà vient d’être dit. Mais comme cela ne l’a pas été très clai­re­ment, nous ne crain­drons pas de le répé­ter. Au moment où l’une de ces idées qui n’offrent aucune dif­fé­rence entre elles, vient à s’ar­rê­ter dans l’âme, aus­si­tôt l’âme a l’u­ni­ver­sel ; l’être par­ti­cu­lier est bien sen­ti, mais la sen­si­bi­li­té s’é­lève jus­qu’au géné­ral. C’est la sen­sa­tion de l’homme, par exemple, et non pas de tel homme indi­vi­duel, de Caillas. Ces idées servent donc de point d’ar­rêt jus­qu’à ce que s’ar­rêtent aus­si dans l’âme les idées indi­vises, c’est-à-dire, uni­ver­selles. Ainsi, par exemple, s’ar­rête l’i­dée de tel ani­mal jus­qu’à ce que se forme l’i­dée d’a­ni­mal, qui elle-même sert aus­si de point d’ar­rêt à d’autres idées. Il est donc bien évident que c’est néces­sai­re­ment l’in­duc­tion qui nous fait connaître les prin­cipes ; car c’est ain­si que la sen­sa­tion elle-même pro­duit en nous l’u­ni­ver­sel.

§ 8. Quant aux facul­tés de l’in­tel­li­gence par les­quelles nous attei­gnons la véri­té, comme les unes sont tou­jours vraies, et que les autres sont sus­cep­tibles d’er­reur, par exemple l’o­pi­nion et le rai­son­ne­ment, tan­dis que la science et l’en­ten­de­ment sont éter­nel­le­ment vraies ; comme il n’y a pas d’es­pèce de connais­sance autre que l’en­ten­de­ment qui soit plus exacte que la “science ; comme en outre les prin­cipes sont plus évi­dents que les démons­tra­tions, et que toute science est accom­pa­gnée de rai­son­ne­ment, il s’en­sui­vrait que la science ne peut s’ap­pli­quer aux prin­cipes ; mais comme il n’y a que l’en­ten­de­ment qui puisse être plus vrai que la science, c’est l’en­ten­de­ment qui s’ap­plique aux prin­cipes. Tout ce qui pré­cède le prouve, mais ce qui le prouve encore, c’est que le prin­cipe de la démons­tra­tion n’est pas une démons­tra­tion, et que par suite, le prin­cipe de la science n’est pas la science. Donc, si nous n’a­vons pas au-des­sus de la science d’autre espèce de connais­sance vraie, c’est l’en­ten­de­ment qui est le prin­cipe de la science. Or, le prin­cipe doit s’ap­pli­quer au prin­cipe, et la science est tou­jours dans un rap­port sem­blable avec tous les objets qu’elle embrasse.

§ 1. [90a] Le nombre des choses qu’on cherche est pré­ci­sé­ment égal au nombre même des choses que l’on sait. Or il y a quatre choses que l’on peut cher­cher à savoir, si la chose est telle chose, pour­quoi elle est telle chose, si elle est, ce qu’elle est.
[…] § 3. Il en est d’autres que nous cher­chons à résoudre d’une manière dif­fé­rente, par exemple quand nous cher­chons s’il y a ou s’il n’y a pas de cen­taure, s’il y a ou s’il n’y a pas de Dieu. Je dis d’une manière abso­lue si la chose est ou n’est pas, et non point si l’homme est blanc ou s’il n’est pas blanc. Une fois que nous savons que la chose est, nous cher­chons ce qu’elle est ; et nous nous deman­dons par exemple ce que c’est que Dieu, ce que c’est que l’homme.
CHAP II (résu­mé)
Les quatre espèces de ques­tions se réduisent à une seule, celle de la cause.
1° Dans les deux pre­mières ques­tions, on recherche s’il y a un moyen, et dans les deux autres, on recherche quel est ce moyen.
2° Le moyen se confond avec la cause, soit dans les ques­tions com­plexes, soit dans les ques­tions simples.
3° La défi­ni­tion et la cause sont tou­jours iden­tiques.
4° Les phé­no­mènes sen­sibles attestent que c’est tou­jours le moyen ou la cause que l’on cherche.

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t. 2
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§ 1 & 3
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