Mais je veux partir, je veux monter l’escalier, et dussé-je n’avancer que par culbutes. De la société, je me promets tout ce qui me manque, l’organisation de mes forces surtout, auxquelles ne saurait suffire le genre d’exaspération qui constitue l’unique possibilité de ce célibataire de la rue. Pour celui-ci, il est déjà bien content s’il parvient à maintenir sa personne physique, d’ailleurs pitoyable, à défendre les quelques repas qu’il prend, à éviter l’influence des autres, bref, s’il conserve tout ce qu’il est possible de conserver dans ce monde dissolvant. Mais ce qu’il perd, il essaie de le regagner par force,…
Quand j’y songe, il me faut dire qu’à maints égards, mon éducation m’a causé beaucoup de tort. Car il est sûr que je n’ai pas été élevé dans quelque lieu isolé, dans une ruine, peut-être, à l’intérieur des montagnes ; si cela était, je ne pourrais proférer le moindre mot de reproche. Au risque d’être incompris de toute la kyrielle de mes anciens maîtres, je dis que j’eusse été volontiers, que j’eusse préféré être ce petit habitant des ruines rôti par le soleil qui, à travers les décombres, m’eût baigné de tous côtés sur le lierre tiède, même si j’avais…
Wenn man doch ein Indianer wäre, gleich bereit, und auf dem rennenden Pferde, schief in der Luft, immer wieder kurz erzitterte über dem zitternden Boden, bis man die Sporen ließ, denn es gab keine Sporen, bis man die Zügel wegwarf, denn es gab keine Zügel, und kaum das Land vor sich als glatt gemähte Heide sah, schon ohne Pferdehals und Pferdekopf. Ah, pouvoir d’un seul coup être un Indien penché dans le vent sur un cheval au galop, sentir secousse sur secousse monter du sol qui tremble, avoir enfin abandonné les éperons car il n’y avait pas d’éperons, jeté…
Aujourd’hui, par exemple, j’ai commis trois impudences, l’une envers un conducteur, l’autre envers une personne qui m’était présentée – tiens, elles ne sont que deux – mais elles me font souffrir comme des crampes d’estomac. C’eût été de l’impudence de la part de n’importe qui, combien plus encore venant de moi. Ainsi, je sortis de moi-même, je luttai à vide dans le brouillard et, ce qui est plus grave, personne ne remarqua que je faisais cette impudence comme telle, qu’il me fallait la faire même à l’égard de ceux qui m’accompagnaient, qu’il me fallait leur montrer la mine appropriée et…
Ne t’impose aucune contrainte, mais ne sois pas malheureux de ne te contraindre à rien, ou encore, si tu devais le faire, d’être obligé de t’y contraindre. Et si tu ne te contrains pas, cesse de flairer lascivement les possibilités de contrainte. Zwinge dich zu nichts, aber sei nicht unglücklich darüber, daß du dich nicht zwingst, oder darüber, daß du, wenn du es tun solltest, dich zwingen müßtest. Und wenn du dich nicht zwingst, umlaufe nicht immerfort lüstern die Möglichkeiten des Zwanges. Franz Kafka Journal Marthe Robert Grasset 1954 18 janvier 1922…
La phrase favorite de la femme du philosophe Mendelssohn : Wie mies ist mir vor tout l’univers ! Lieblingssatz der Frau des Philosophen Mendelssohn : Wie mies ist mir vor tout l’univers ! Franz Kafka Journal Marthe Robert Grasset 1954 117 1er novembre 1911…
Vague espoir, vague confiance. Un interminable et mélancolique après-midi de dimanche, qui consomme des années entières, qui se compose d’années. Tour à tour désespéré dans les rues vides, puis, calmé, sur mon canapé. Étonnement, parfois, devant les nuages absurdes, sans couleur, qui défilent presque continuellement. « Tu es mis en réserve pour un grand lundi » « Bien parlé, mais le dimanche ne finira jamais. » Vage Hoffnung, vages Zutrauen. Ein endlos trüber Sonntagnachmittag, ganze Jahre aufzehrend, ein aus Jahren bestehender Nachmittag. Abwechselnd verzweifelt in den leeren Gassen und beruhigt auf dem Kanapee. Manchmal Erstaunen über die fast unaufhörlich vorbeiziehenden farblosen, sinnlosen Wolken. »Du…